Tribunal de Pontoise : « Sept condamnations depuis 2020, vous avez du mal à comprendre ! »

Publié le 25/04/2023

À Pontoise, un jeune homme est jugé pour trafic de stupéfiants. Il a été interpellé avec du cannabis dans un sac cabas, après que des voisins ont signalé à la police sa présence dans un hall d’immeuble connu pour abriter un trafic florissant.

Tribunal de Pontoise : « Sept condamnations depuis 2020, vous avez du mal à comprendre ! »
Tribunal de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

Dans la rue des Séquoias, à Saint-Ouen-l’Aumône, le hall d’un immeuble HLM abrite un trafic de stupéfiants de grande envergure. Sur les murs : le menu et les tarifs des produits en vente, les horaires d’ouverture, des adresses de contact et des codes promotionnels. Un peu plus haut dans la cage d’escalier, Yohan, 20 ans, qui galope dans les marches en traînant un sac cabas rempli d’herbe et de shit.

Les policiers ont reçu un appel signalant la présence d’un revendeur dans cet immeuble. Quand ils sont arrivés, ils ont entendu le cri caractéristique du guetteur qui signale le danger, mais ils ont pu repérer Yohan, le rattraper et l’interpeller. Dans son sac : 122 grammes de résine, 71 grammes d’herbe, 260 euros. Ce 18 janvier 2023, Yohan est placé en garde à vue.

Il comparaît le 18 avril en comparution immédiate. En fait, Yohan a été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette procédure, en attendant d’être jugé. Mais une semaine auparavant, il a été interpellé à Saint Gratien en violation de son contrôle judiciaire qui lui interdisait de se rendre dans le Val d’Oise. Le juge d’application des peines a mis à exécution une peine de huit mois, qui résultait d’une condamnation (pour vol) en date du 14 juin 2021. Yohan est actuellement incarcéré et le demeurera quelle que soit la décision prise ce jour.

« Je ne me suis pas posé de question »

La présidente dirige l’audience avec célérité : les dossiers sont simples, cela doit aller vite  : trente minutes par affaire. Le cas de Yohan ne fait pas exception.

Le voici qui donne sa version des faits : « Je suis allé voir un ami à moi, il était là, il me demande de garder le sac car son père venait d’arriver, ce que j’accepte. Il me dit qu’il revient dans trente minutes.

— Dans cette cage d’escalier bien connue pour être un lieu de ventre de stupéfiants, vous savez ce que vous risquez et pour autant vous acceptez de garder le sac de votre ami. Pourquoi ?

— Je ne me suis pas posé de question.

— Y’a pas d’acheteurs qui sont venus ?

— Si quelques-uns.

— Vous avez vendu ?

— Oui. »

Yohan a le sens du service et du commerce, et il a refusé de donner le nom de son ami aux enquêteurs. Ce n’est pas la première fois. En fait, Yohan participait occasionnellement à des trafics, reconnaît-il, jusqu’à il y a peu. Après sa dernière garde à vue à l’issue laquelle il fut relâché sans poursuites, ses camarades le soupçonnent d’avoir bavé et l’excluent du business. Ce coup-ci, c’était un concours de circonstances.

Pas de chance pour Yohan, qui devait commencer une formation. « Dommage », dit la présidente, qui ajoute : « sept condamnations depuis 2020, visiblement vous avez du mal à comprendre. » Yohan avait été placé dans un foyer, dans l’Oise, loin du Val-d’Oise où il n’avait plus le droit de se rendre, mais s’y est quand même rendu car « ma famille habite à Saint-Gratien ». Dommage, semble dire la présidente, qui passe la parole au procureur.

Il décrit rapidement l’organisation professionnelle de ce trafic, les appartements « nourrices » remplis de produits et de cash, les guetteurs recrutés à 12 ans, l’argent facile et la violence. Il note que Yohan est « très défavorablement connu » et demande un an ferme avec mandat de dépôt.

La défense souligne qu’il n’a pas entendu le signal du guetteur, qu’il n’a pas tenté de fuir, les policiers précisant qu’ils sont tombés « nez à nez » avec lui. Qu’il avait beau savoir qu’il était interdit de séjour dans le 95, il ne pouvait se résoudre à ne plus voir sa famille. Qu’il mériterait une peine plus clémente, car « on se souvient mieux des fleurs » qui sont faites. En clair, la défense plaide une dernière chance, que le tribunal refuse d’accorder, en le condamnant à 8 mois de prison avec mandat de dépôt.

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