Tribunal de Pontoise : Six mois de prison pour un vol de parapluie

Publié le 20/10/2023

Ivre, Syllah, a volé un parapluie en rentrant du travail dans la voiture d’un voisin. Hélas pour lui, il est tombé en s’enfuyant et les policiers l’ont ramassé pour l’emmener au poste. 

Tribunal de Pontoise : Six mois de prison pour un vol de parapluie
Palais de justice de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

Un trentenaire désolé, visiblement gêné par la situation, entre pour être jugé par le tribunal correctionnel de Pontoise. Il a été interpellé 36 heures auparavant, soit le 3 septembre à 1 h 50 du matin, après avoir commis une tentative de vol passablement ridicule.

Syllah rentrait du boulot, non sans avoir éclusé quelques verres sur le chemin. Il approchait de son domicile, à Cormeille en Parisis, éméché, l’esprit divaguant, quand son attention s’est arrêtée sur une voiture, garée dans l’allée d’un petit pavillon. Syllah enjambe la clôture ouvre la portière et fouille l’habitacle, à la recherche d’il ne sait trop quoi, puis jette son dévolu sur un parapluie tout à fait quelconque.

« Recule ou je te frappe »

Les propriétaires sont absents, mais par leur fille Maëva est dans le jardin avec son petit copain. Pas farouche, elle s’approche du véhicule et lance au grand gars aviné en train de gesticuler dans la voiture de dégager. « Recule ou je te frappe », répond le visiteur nocturne. Le petit copain se mêle de la situation, Syllah s’enfuit tandis que Maëva appelle la police. Dans sa course, l’ivrogne s’étale sur le bitume, des policiers qui patrouillaient dans le coin n’ont eu plus qu’à le ramasser.

Le voilà donc dégrisé devant ses juges, et peu au clair sur les tenants et aboutissants de son histoire, sinon qu’à 35 ans, Syllah se retrouve encore une fois dans un box de comparution immédiate, pour avoir tenté de voler un parapluie, s’il se souvient bien. Et pour un port d’arme prohibé.

Un porte-clefs matraque

« Pourquoi avoir une matraque télescopique ?

— C’était un porte-clef bâton !

— Un porte-clef matraque de 30 cm une fois ouvert, quand même. Pourquoi vous avez ça sur vous ?

— C’est une arme de défense, je l’avais dans ma sacoche. »

Maëva affirme qu’il a sorti sa matraque et qu’il l’a menacée ; lui, prétend avoir levé les mains en lui disant « je suis désolé ». Mais si elle décrit la matraque, c’est bien qu’elle l’a vue. « N’est-ce pas ? » demande la juge. Silence de l’intéressé.

« Pourquoi rentrer chez elle ?

— Je ne sais pas, j’étais alcoolisé.

— Vous aviez bu quoi ?

— Trois bouteilles de rosé.

— Ah oui, quand même. »

Célibataire, sans enfant, il vit chez ses parents et travaille en intérim depuis deux ans, en tant que manutentionnaire. Il réside à deux pas de chez Maëva.

Détention à domicile

Dans son réquisitoire, la procureure tente de rassembler les éléments épars pour en faire une histoire, mais finalement, elle livre rapidement sa conviction. « Moi, ce que je pense, c’est qu’il a eu envie de faire un tour chez ses voisins, que la portière de la voiture était par chance ouverte et qu’il a eu envie de la fouiller. » Pour cela, elle requiert 6 mois de prison sans mandat de dépôt.

L’avocat de Syllah est en verve : « Il faut être soit complètement stupide, soit ivre mort pour tenter de voler dans le jardin d’une voisine. Je ne pense pas qu’il y a de la malice, je pense qu’il y a de la stupidité », plaide-t-il sans ambages. Mais son client est bien condamné à 6 mois de prison : détention à domicile sous surveillance électronique, et interdit de porter une arme pendant 5 ans.

 

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