Tribunal de Pontoise : « Tu vas voir ce que je vais te faire quand je vais entrer »

Publié le 27/12/2022

Prévenu de violences sur conjointe, menaces de mort et dégradation de biens, Salem, 39 ans, admet s’être emporté. Il a arraché à mains nues la porte de son ex-maîtresse pour « récupérer ses affaires ». Mais il nie les violences et les menaces de mort.

Tribunal de Pontoise : « Tu vas voir ce que je vais te faire quand je vais entrer »
Tribunal de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

Salem voulait juste récupérer ses affaires, et le voilà dans un box de tribunal correctionnel. Baraqué débonnaire né au Congo il y a 39 ans, il déplore les bras ballants qu’une chose si simple ait de telles conséquences. Sur le banc des parties civiles, Patricia regarde ses pieds.

Le soir du 24 novembre, Salem est venu tambouriner à sa porte, d’abord avec ses mains, puis avec ses poings, et enfin avec tout son corps. « Tu vas voir ce que je vais te faire quand je vais entrer. » Salem voulait récupérer ses « affaires », il a finalement arraché la porte en hurlant qu’elle allait voir à qui elle avait affaire. Terrorisée, Patricia appelle la police.

Après l’avoir dégondée et jetée au sol, laissant la porte fracassée dans un coin, Salem s’est rué sur Patricia. L’action sur ce point est confuse. Il n’y a aucune trace de coups, mais une empoignade virulente dans laquelle les deux roulent jusque dans la cage d’escalier, où les fonctionnaires les découvrent en pleine action ; Salem est sur Patricia et tente de la maîtriser. Les policiers l’interpellent et le placent en garde à vue. C’est ainsi que  Salem se retrouve ce lundi 28 novembre en comparution immédiate.

« Tu vas finir en HP, tu vas voir ce que je vais te faire »

Il est prévenu de violences sur ex-compagne : il nie. Il voulait simplement l’empêcher de tomber dans les escaliers, soutient-il, voilà pourquoi il la maintenait au sol. S’agissant des menaces de mort sur ex-compagne : il nie encore. En réalité, il lui a lancé « tu vas finir en HP, tu vas voir ce que je vais te faire », ce qui, convient la présidente, ne correspond pas précisément à des menaces de mort. Autre problème : le statut de Salem n’est pas clair. Il n’est pas son concubin mais son amant, un amant parmi d’autres. « Il faut un minimum de suivi dans la relation pour retenir cette circonstance », admet la présidente.

Pour en arriver là, il y a eu, forcément, quelques tensions. La jalousie en est le ressort. Après quelques mois de relations, Salem découvre, en fouillant son téléphone, que Patricia a d’autres amants. Elle lui a de plus refilé une MST, tandis que lui aurait récupéré des vidéos « compromettantes » de Patricia, menaçant de les révéler au grand jour.

Patricia raconte à la barre que Salem s’est jeté sur elle, qu’ils se sont écroulés sur la table basse dont le plateau en verre a explosé, dit-elle, mais en réalité non, ont constaté les policiers. Qu’en pense-t-il ? « La porte c’est oui, je dis oui. J’étais en colère, je devais aller récupérer mes enfants à la crèche », donc Salem était pressé. « Vous étiez vraiment énervé pour dégonder une porte blindée », note la présidente. « Quand je suis entré, je lui ai juste dit ‘donne-moi mes affaires’, et elle s’est jetée sur la table. »

« Quand vous l’attrapez et la tenez, ce sont des violences monsieur »

Patricia s’avance à la barre. Elle maintient tout. Si elle n’a pas de blessure, elle a obtenu 12 jours d’ITT psychologiques. « Sa famille me menace pour que je retire ma plainte. » La mère de Salem, assise dans la salle, jette un œil noir vers le prétoire. « J’ai des appels et des messages pour le prouver.

« Vous les avez sur vous ? » L’huissière s’approche, récupère le téléphone et le donne au procureur, qui regarde la vidéo : on entend « boum » et « crack », Salem dans ses œuvres. Elle n’a rien de plus à montrer que des insultes et menaces écrites par sms dans une langue étrangère. « Nous ne sommes pas saisis de ces faits-là », abrège la présidente.

« Quand on voit les dégâts occasionnés sur la porte, on ne peut que se réjouir que les policiers soient intervenus à temps », observe le procureur avant de demander six mois avec sursis probatoire.

L’avocat de Salem réfute les menaces de mort. Il met en doute la relation de concubinage entre les deux, affirmant qu’à part des relations sexuelles épisodiques, rien ne les liait. En revanche, il concède qu’il y a bien eu des violences physiques. Il regarde son client : « Quand vous l’attrapez et la tenez, ce sont des violences Monsieur ». Salem opine. Son avocat finit par demander qu’il n’y ait pas de mandat de dépôt.

Relaxé pour les menaces de mort, Salem est condamné pour le reste à 10 mois, dont 5 mois avec sursis probatoire – obligation d’indemniser la victime, interdiction de contact et de paraître à son domicile. Il n’est pas incarcéré.

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