Journal d’un avocat au temps de la covid-19

Publié le 25/11/2020

Ah l’affaire Daval ! Impossible de résister aux live-tweet du procès par les chroniqueurs judiciaires. Victime consentante de l’attraction exercée par ces récits en direct des audiences, Loeiz Lemoine pose son regard acéré de pénaliste sur cette affaire hors normes. Il décrypte aussi avec son habituelle ironie mordante les événements qui ont agité l’actualité de ces deux dernières semaines.  

Photo d'un micro
Photo : AdobeStock/zhu difeng

Lundi 9 novembre – Les avocats n’aiment plus leur garde des sceaux

Donc le grand homme a dit qu’il serait candidat mais sous une condition : recueillir 150.000 signatures « citoyennes » (C’est quoi une signature « citoyenne ?) dans un délai qui n’est pas précisé. Le gars a eu 7 millions de voix en 2017 et il s’est fixé un objectif qui se situe entre ridicule et dérisoire sur l’échelle de Richter des soutiens. Aussitôt la machine LFI se met en route pour assurer l’après-vente. Ugo Bernalicis ce soir : « En moins de 24h, la candidature de @JLMelenchon reçoit 100.000 soutiens citoyens, un plébiscite inédit ! » : quel humoriste, ce Ugo, il nous fait bien rire !

Audience correctionnelle réduite à l’os : juste les avocats, plaidant par observations… grosse frustration pour les parties et leurs conseils. Mais 4 des 5 greffiers correctionnels sont cas contacts. Si ça continue à ce rythme, difficile de penser que les audiences vont pouvoir continuer.

Fin de la lune de miel (j’avais prévenu mais personne ne m’écoute) entre les avocats (lire leurs réactions au moment de sa nomination) et le GDS. Revoilà l’avocat en entreprise, un serpent de mer dont j’entends parler, sans mentir, depuis au moins 20 ans. La problématique est la suivante : l’avocat est par principe indépendant. Vraiment ? Oui, SAUF quand il ne l’est pas. Par exemple, il ne pouvait pas être salarié, puisque le contrat de travail se caractérise par un lien de subordination. Première entorse, à la suite de la fusion des professions d’avocat et de conseil juridique en 1990. Mais il ne peut (c’est l’état du droit) être salarié que d’un cabinet d’avocat. En étant donc tenu de toutes les obligations qui pèsent sur les cabinets, notamment le secret. L’avocat en entreprise, c’est la possibilité d’être salarié, mais de n’importe qui. Opposition vent debout de la profession, sauf les cabinets d’affaire. Ça plus l’augmentation ridicule de l’aide juridictionnelle : l’histoire d’amour finit mal, comme dans la chanson.

Mardi 10 novembre – Les femmes ne savent pas garder les secrets, c’est bien connu !

Création d’une commission (encore une) sur le secret professionnel des avocats, 9 hommes et 1 seule femme : j’critique pas l’côté farce, mais pour le fairplay, y’aurait quand même à redire ! Les femmes sont majoritaires dans la profession, très nombreuses chez les pénalistes et (je prends un petit risque en affirmant cela) tout aussi capables que les hommes d’avoir une opinion, probablement pertinente (pourquoi pas, Monsieur le Ministre ?), sur la question du secret. Blague à part : ça devient lassant, caricatural, presque insultant à la longue. Personne, dans son staff, ne s’est pas aperçu que quelque chose clochait ?

Ouverture d’une série d’informations judiciaires contre x à propos de la gestion de la crise du covid-19. C’est l’heure de vérité, les gars, on va finir par savoir si j’ai écrit des inepties.

Suite de cette navrante affaire Elisa Pilarski, son compagnon se sent obligé de tenir une conférence de presse, aux côtés de son avocat : « «Curtis est innocent, il aimait Elisa (sic, sic, sic !)», assure le compagnon de la victime ». Ça me rend fou de lire ça, un peu de décence et de silence, pour ne pas dire de recueillement, siéraient mieux. Une jeune femme DE 29 ANS, ENCEINTE, a été tuée. D’après le parquet, les expertises tendent « à démontrer l’implication exclusive du chien Curtis dans les morsures ayant entraîné la mort » de la jeune femme. L’animal, un « American Pitbull Terrier, provenant d’un élevage des Pays-Bas et introduit illégalement en France par son acquéreur », a « fait l’objet d’un dressage au mordant, forme d’apprentissage interdite en France et pouvant relever d’actes de maltraitance animale (…) de nature à abolir toute capacité de contrôle ou de discernement » chez l’animal. Pourquoi a-t-on 5 Amstaff chez soi, je voudrais bien qu’on m’explique. C’est pas tellement que j’aime les caniches ou les cockers, mais bon, ça fait quand même moins de dégâts.

FIP : Cécile McLorin Salvant reprenant Josephine Baker « Si j’étais blanche », qui fait écho au « Je veux être noir » de Nino Ferrer.

Mercredi 11 novembre – Sainte Christiane ferait parfois mieux de se taire

Citation de Sainte Christiane : « Tout ce qui n’est ni figé ni fermé les trouble. Un temps c’est le Juif, un autre c’est l’Arabe, puis le Nègre, puis le musulman, après ou avant c’est la femme, ensuite l’homosexuel, puis le binational… ».

Tout est faux et énervant dans cette pensée accusatrice, dégoulinante de bien pensance et de mépris à l’égard de « les », dont on ne sait pas exactement qui ils sont. Par élimination, si on exclut toutes les victimes énumérées, il ne reste que les mâles blancs hétéros et cathos… autant dire le salaud ontologique, l’oppresseur universel à travers les âges, le coupable idéal, dont on se demande comment il a l’outrecuidance d’oser encore d’exister. Position de surplomb moral écrasante. Et cette idée, qu’elle n’est pas la seule à creuser, que « les » ont besoin de boucs émissaires, toujours, et s’en prennent donc successivement aux catégories susvisées. Et puis surtout ce mensonge terrible : on comprend de façon subliminale qu’aujourd’hui on s’en prendrait au musulman ou au binational comme auparavant au juif et au noir… Et naturellement, il est évident qu’aucune des catégories ci-dessus ne peut être autre chose que victime, oppressée, dominée.

Annonce hier par Pfizer d’un vaccin dont l’efficacité semble dépasser toutes les espérances. Petite réserve : il se conserve à – 80° Celsius… ça compliquera la logistique s’il faut l’administrer à des millions d’individus, mais on y travaille. Dès le lendemain, surgit la question polémique : faudra-t-il le rendre obligatoire ? Et il est vrai que déjà certains s’opposent et annoncent qu’ils ne se feront pas vacciner… Y me fatiguent…

Lettre de jeunes confrères qui se plaignent au Bâtonnier de Paris de ne pas pouvoir accéder aux permanences, alors qu’ils ont suivi l’école de la défense pénale, cursus qui est une condition préalable. Ils sont en effet anxieux et impatients, dans l’esprit de Saint Yves, d’apporter leur soutien à la veuve et à l’orphelin ou du moins à ceux qui ne peuvent se payer une défense. Nous étions tout pareil à leur âge, avec cette particularité qu’à l’époque, les permanences étaient gratuites, et qu’on était volontaires.

La vérité, c’est que ces jeunes gens, et je le constate sans les blâmer, comptent sur les permanences pour vivre, c’est un gâteau dont ils aimeraient avoir leur petite part, pour galérer un peu moins. Evolution, et même dérive totale de notre profession. J’ai mes désaccords avec Madame Taubira mais un jour, à l’occasion d’une énième grève des avocats, elle avait dit (en substance) ceci : l’aide juridictionnelle n’est pas là pour permettre aux avocats de vivre, mais pour que tous les justiciables soient défendus. Vérité profonde et argument imparable. On n’est pas censé réussir à vivre de ce secteur assisté, si misérablement indemnisé : il est impossible de travailler bien en état payé mal. Or de nombreux avocats en vivent, ce qui est désastreux, quoi qu’on en dise, pour la qualité de la défense, la considération que les clients, les juges, et les confrères ont pour ce lumpenprolétariat que sont les avocats commis d’office ou de permanence. J’avais proposé d’interdire que le chiffre d’affaire d’un avocat dans le secteur assisté dépasse un certain pourcentage (par exemple 10%) afin que l’assistance des justiciables modestes ne représente pour l’avocat qu’une part marginale, dont l’indemnisation ridicule n’affecterait pas l’économie de son cabinet, même si (à juste titre) elle le fait râler.

L’une des raisons (la principale ?) de ce problème, qui se couple à l’impossibilité pour nombre de jeunes avocats de trouver des collaborations, tient aux conditions d’accès à la profession. On passe un examen, et non un concours, sans numerus clausus, ce qui fait que le nombre de diplômés a dû être multiplié par 10 ou 20 depuis ma folle jeunesse. La population, et donc les contentieux et la clientèle, n’ont pas évolué dans les mêmes proportions… La paupérisation de la profession est une réalité incontournable, qui amène 25 % des jeunes avocats à la quitter dans les 10 premières années.

Courageux et passionnant article de Pierre-André Taguieff sur les tendances « post-coloniale » et « décoloniale », qui sont « la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine ». Ses adeptes rejoignent les tenants « d’une contre histoire, dite histoire mondiale », comme Patrick Boucheron. A lire de A à Z. Il met les pieds dans le plat sur tous les sujets : néo-féminisme misandre, anti-racisme racialiste et anti-blancs, islamophobie et racisme d’Etat, « blanchité », pointant de façon implacable le paradoxe de la « dérive d’un demi-siècle de déconstructionnisme en philosophie («tout est à déconstruire») et de constructivisme en sciences sociales («tout est construction sociale»).

Il conclut sur la bêtise de l’intelligence, que j’évoque souvent mais sans l’avoir inventée, par la formule magistrale suivante : « La bêtise la plus redoutable, parce qu’elle passe inaperçue, c’est la bêtise des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques ». Impossible de faire mieux pour décrire ce qui nous arrive, sur ce front.

Monique Pinçon-Charlot explique, dans un documentaire intitulé « Hold-up » et qui est une sorte de délire complotiste, que le virus a été conçu pour se débarrasser des pauvres. On connaît le couple Pinçon, qui gravitait autour de Là-bas si j’y suis, l’émission de Daniel Mermet, pour ceux qui se souviennent. A écouter, à l’époque c’était rigolo, mais là j’emprunte ma réaction à la tantine Léontine : la vieille perd ses boulons

Long fil d’Ariane Griessel sur le procès du Nonce apostolique, Luigi Ventura. Attendu par plusieurs victimes, au dernier moment, il annonce qu’il ne viendra pas : le virus a bon dos. Tous les pénalistes connaissent cette situation étrange et généralement désagréable (si les accusations sont un minimum fondées) d’avoir à défendre une personne qui ne se présente pas devant ses juges et ceux qui l’accusent. Quand c’est le fait d’un homme d’église, ça n’en est que plus dérangeant, et même, osons le mot, méprisable.

Jeudi 12 novembre – Le divertissant duo Raoult-Di Vizio

Revoila le duo des fameux amuseurs Raoult/Di Vizio, je dois leur reconnaitre au moins ça, ils sont divertissants. . Je trouve tout à fait normal qu’un avocat défende celui qui le lui demande (je vous jure !). Mais on peut le faire sans excès de mauvaise foi et de cette souplesse intellectuelle qui confine à la malhonnêteté et permet d’affirmer que le Professeur Raoult serait poursuivi pour son excellence…

Beigbeder, sans commentaire : « On vote Mélenchon parce qu’on sait qu’il ne sera jamais élu. Et lui aussi le sait. C’est commode de pouvoir dire n’importe quoi en permanence car on ne sera jamais aux responsabilités. »

Vendredi 13 novembre – On ne zigouille pas ceux qui vous insultent

Long et passionnant article sur le Coran dans le Huffpost. Très intéressant en ce que l’argumentation est étayée par de nombreuses citations, il faut se donner la peine de le lire in extenso.

Ma première réaction : c’est très bien de poster ça sur le Huffpost, mais je doute que l’audience de ce site comporte beaucoup de personnes disposées à abattre ou à décapiter des dessinateurs ou des enseignants.

Ma seconde c’est que ce n’est pas aux athées ou aux chrétiens qu’il faut dire ça (quelque part, ce n’est pas leur problème…), mais aux pratiquants de l’islam : c’est eux qu’il faut convaincre.

Ma troisième est un peu d’étonnement et de déception à la lecture de la conclusion : « La lutte pour être une meilleure personne est un combat de tous les instants. (…) on peut être responsable de soi –de ses agissements et de ses croyances, de sa réaction face aux insultes. C’est là l’un des sens profonds du Coran. Un message qui n’est pas sans rappeler les philosophies humanistes du Judaïsme, du Christianisme, ou des stoïciens. Les caricatures du Prophète sont insultantes. Face à une insulte ou une offense, le Coran recommande la maîtrise de soi. Ni surenchère. Ni polémique. Ni violence. »

Tous les croyants, j’en suis certain, seront sensible à l’idée qu’essayer de s’améliorer est une lutte de tous les jours, contre soi exclusivement. Mais le message final, pernicieux et même un peu désespérant de la part d’un intellectuel, signifie en substance ceci : en vérité, dit-il aux croyants, vous avez été insultés. Mais soyez fort, plus fort que celui qui vous insulte et ne le zigouillez pas. Eh ben on n’est pas sortis de l’auberge.

Samedi 14 novembre- Despentes, Haenel, Ernaux et la géopolitique

Passionnante conversation entre Régis Debray et Alain Finkielkraut dans l’émission Répliques de ce jour. Deux intellectuels, des vrais, échangeant, dialoguant, avec des références dont la plupart passent très haut au-dessus de ma pauvre tête, mais franchement, l’intelligence en marche a quelque chose d’impressionnant et surtout, même si ça ne durera probablement pas, d’assez réconfortant.

Dupont-Aignan : « En France, le débat dérange quand on n’est pas d’accord avec la pensée unique et l’oligarchie. Soutenons l’éminent Professeur Didier Raoult attaqué pour le simple fait d’avoir voulu soigner des patients du #Covid19 et rétablissons enfin la liberté de prescription ! » Il faut avoir la patience de démonter l’expression malhonnête de ce personnage insignifiant et prêt à tout (littéralement) pour exister. Il défend la petite entreprise NDA, sous couvert de l’intérêt de la France et des français, dont il n’a que faire, et cet habillage rend encore plus scandaleux son comportement obscène :

* « Pensée unique » ? L’efficacité d’un principe actif, de telle molécule, n’est pas une question d’opinion, il faut savoir s’il marche, ou pas.

* « Oligarchie » ? De qui parle-t-on exactement, des médecins qui, eux, croient en la méthode scientifique ?

* Un professeur de médecine « attaqué pour le fait d’avoir voulu soigner des patients du #Covid19 » ? Vraiment, le Conseil de l’ordre poursuit des médecins pour avoir voulu soigner ? On est en Union soviétique ou quoi ? Franchement, ça mériterait qu’il soit poursuivi pour diffamation car ce qu’il dit n’est pas autre chose.

* « Liberté de prescription » : tiens mais c’est vrai au fait, pourquoi interdit-on de prescrire ? Et même, pourquoi des prescriptions ? Autant que chacun prenne ce qu’il veut ou ce qui lui parait apte à le soigner, depuis l’eau fraiche jusqu’aux huiles essentielles, en passant par l’homéopathie et la poudre de perlimpinpin ? Oublions la science, les lumières, la rationalité, vive les gourous et l’obscurantisme.

Déjà hier, cet opportuniste  posait devant le Bataclan pour vendre son produit « NDA-Debout la France », faisant éprouver à toute personne normalement constituée une honte de cette sale récupération, debout sur la tombe des victimes. Je l’ajoute officiellement à la (déjà longue) liste de mes têtes de turcs.

En ces temps de pandémie, les moyens modernes de communication ont pris une place et une ampleur insoupçonnées. Imaginons le confinement il y a 50, ou même seulement 30 ans : il aurait été matériellement impossible de travailler à distance. De nos jours, audiences, « conf call », enseignement, consultation médicale, rendez-vous avec un avocat, tout ou presque peut se faire avec un simple ordinateur. Juste une chose : être vigilant, ne pas oublier de désactiver la caméra en certaines circonstances, disons un peu trop privées, voire intimes : « États-Unis : un journaliste suspendu après s’être masturbé sur Zoom accidentellement » (la phrase est un peu imprécise, « accidentellement » se rapporte à « sur Zoom »).

Des personnes, constatant notre désarroi, s’efforcent de nous aider à comprendre pourquoi nous sommes attaqués : misère sociale, racisme systémique de la France et des français, islamophobie, insultes répétées aux musulmans de France et du monde par la diffusion de terribles caricatures, refus du multiculturalisme, du voile, de l’excision, de la polygamie, enfin de toutes ces belles choses qui enrichiraient la France de leur magnifique diversité. En complément (l’explication n’est pas une, elles sont nombreuses), des personnes éclairées (notamment Virginie Despentes, Adèle Haenel, Annie Ernaux, dont on attendait anxieusement l’avis) nous expliquent qu’il y a un lien entre les interventions militaires occidentales et certains attentats. Donc, encore une fois, mettez-vous bien ça dans la tête : par quelque bout qu’on prenne le problème, c’est notre faute.

 

Dimanche 15 novembre – Télé-Justice

La vérité passe un sale moment. Par un de ces retournements dont nous sommes tous les jours les témoins, Edgar Morin se plaint que « Toute contestation d’une affirmation officielle ou d’une croyance largement répandue est désormais considérée comme « complotiste » ».

Rien à voir (quoi que), l’Ordre des avocats de Paris, « sentinelle des libertés » (rien que ça) organise des tables rondes sur les thèmes suivants :

« L’état de droit contre le peuple ? »

« L’avocat peut-il encore sauver l’état de droit ? »

Je ne comprends même pas le premier thème. Pour le second, je dirais juste ceci : un peu de modestie, mes confrères.

A propos de modestie, et de capacité de résistance à l’attrait des caméras et à la notoriété, sous couvert de préparation de la défense, les avocats discutent de l’affaire Daval dans une émission qui s’appelle 7 à 8. Tranquille. Entre ça et la « série » de BFM, je pense que les jurés n’auront même pas besoin du procès. Quel gain de temps.

Lundi 16 novembre – Clint Eastwood à la barre, vraiment ?

presse
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Tweet de Nassira El Moaddem (je ne connais pas cette personne, mais elle pèse 67.000  abonnés) : « Emmanuel Macron a un problème avec la liberté de la presse. Il n’est pas le premier président à prendre le téléphone pour mettre une pression. Le @nytimes vient de l’expérimenter. » Vraiment, j’en ai rien à foutre qu’on critique Macron, je ne prends pas sa défense et ne suis d’aucun parti et d’aucune obédience. Mais qu’on malmène la vérité (car je crois qu’une telle chose existe), je sais pas, ça me rend fou. Donc :

* Macron n’a aucun problème avec la liberté de la presse, comment peut-on énoncer sérieusement de pareilles énormités ?

* La pression : mais QUI peut penser que le nain français, même représenté par son président, mettrait une quelconque pression sur le GRAND New York Times ???

* Madame El Moaddem a-t-elle un commentaire à faire sur ce récent titre, après la mort de Samuel Paty : « French police shoot and kill man after a knife attack on the street » ? Journalistiquement, ça vaut quoi ?

Edwy Plenel, l’honnêteté intellectuelle faite homme : « La Cour administrative d’appel de Paris a rendu un arrêt annulant un jugement du tribunal administratif de Paris favorable à @Mediapart. Le ministre qui avait fait appel de la décision n’est autre que Gérald Darmanin, devenu depuis ministre de l’intérieur. » Genius. Oubliant (des spécialistes l’ont rappelé) que l’appel est, en la matière, une prérogative qui n’appartient qu’au ministre, Plenel instille de façon allusive son poison malveillant : Médiapart est persécuté par le pouvoir.

« Les avocats de Jonathann #Daval, dont Me Schwerdorffer, sont arrivés. Ils ne feront pas de déclaration avant l’ouverture » Quoi, pas de déclaration ? Tout fout le camp, vraiment.

Marine Le Pen prend la défense des catholiques qui prient dans les rues, alors qu’elle n’avait pas de mots assez durs pour les « prières de rue ». Comme le relève Thomas Legrand dans son édito (qui étrille Mélenchon sur la « haine des musulmans déguisée en laïcité »), que n’aurait-elle dit si les prieurs avaient été musulmans ? A l’opposé, tous ceux qui refusaient de les voir (Barbès, Clichy, avec une foule, exclusivement masculine d’ailleurs, coupant la circulation sous l’œil des forces de l’ordre se contenant de gérer les embouteillages), n’ont pas de mots assez durs sur le « deux poids-deux mesures » : ah ouais, quand c’est des musulmans on pousse les hauts cris mais quand c’est les cathos on dit rien ! Avec quand même la différence de la pandémie, à l’époque des prières de rue (Clichy était un exemple frappant) RIEN n’empêchait les prières ou les offices. Bref.

Ségolène Royal : «Je pense que certaines caricatures de Mahomet sont insultantes». Je l’ajoute à la liste des soumis et des traitres.

Attentat du Thalys, la défense veut entendre Clint Eastwood, cité comme témoin : « Me Mauger-Poliak  souhaite entendre Clint @Eastwood_ : « ce n’est pas pour le folklore. Je n’ai pas formulé cette demande à la légère. Ce n’est pas une lubie de la part de la défense ». Le président ne cache pas son scepticisme. « Vous souhaitez maintenir cette demande? ». Bon, on a bien entendu Anne Hidalgo au procès de Charlie, pourquoi pas Clint ?

Difficile de faire abstraction des live tweets sur les procès en cours. J’attrape ceci au passage, assez ironique : « Moi la médiatisation je m’en moque », dit sans rire Me Randall Schwerdorffer.

Mardi 17 novembre – Halimi à l’ENM, Bansky à Sciences Po….

L’affaire Daval, my two pence. J’écris aujourd’hui mais l’affaire sera jugée avant que mon avis (who cares anyway ?) soit mis en ligne. Le fait divers fascine, du moins le commun des mortels, pas ceux dont c’est le métier.

En dehors d’un coup de malchance, il est assez difficile de tuer quelqu’un : à mains nues, cela demande une certaine persistance et du temps. On peut s’arrêter, appeler des secours, se repentir immédiatement (mais qu’est-ce que je suis en train de faire ?), donc pour causer la mort il faut quand même insister. On peut aussi, si malheureusement on est allé jusqu’à tuer la personne, se livrer immédiatement et tout dire.

Transporter le corps dit quelque chose, le profaner en y mettant le feu également : quand on aime la personne, ces actions à froid sont en principe assez difficiles à accomplir. Pareil, envoyer des SMS censés émaner de la victime, jouer la comédie du mari inquiet, alerter tout le monde, faire semblant de chercher, a quelque chose de glaçant, là on n’est plus sous le coup de l’évènement, on a eu le temps de réaliser.

Tromper les parents, les proches, tous les bénévoles qui ont fait une battue, tous les coureurs qui ont ainsi manifesté leur sympathie. Se faire réconforter par les parents. Pleurer partout et devant tout le monde, recueillir sans broncher toutes ces manifestations de sympathie, de compassion, énorme escroquerie affective.

Accuser son beau-frère et le reste de la famille… ça il fallait le trouver quand même. Expliquer qu’il a déposé le corps mais pas mis le feu, mentir encore et encore. Et expliquer finalement, de façon subliminale, que oui il a tout fait, de A à Z, mais que c’est la faute de Laetitia qui l’avait écrasé, humilié, et qu’il n’avait pas l’intention de la tuer. Cerise sur le procès.

A la mort de cette jeune femme, il faut bien reconnaître qu’il aura réussi à ajouter, à tous les stades, des souffrances supplémentaires. On n’a aucune peine à croire qu’en effet, comme l’ont analysé les psys, il n’est pas tout à fait conforme à l’image qu’il prétend donner.

Je continue à essayer de résister aux live tweets des journalistes mais c’est difficile tant c’est prenant. Aujourd’hui, audition du légiste : 5 à 10 coups, particulièrement violents. L’asphyxie prend 4 à 5 minutes, après la perte de conscience qui intervient au bout de 30 à 40 secondes.

Comme si ce n’était déjà pas suffisamment moche, l’avocat des parents tend à accréditer l’idée d’un « viol » post mortem, apparemment jamais évoquée à l’instruction. Encore un qui pense que quand on fait un sale métier, on a une excuse si on le fait salement. Les parents m’ont toujours paru tellement dignes que c’en est gênant, est-ce vraiment eux qui veulent cela ?

Tweet d’un confrère : « Je n’arrive pas à comprendre comment et pourquoi vous attachez la moindre considération à Mila. Certes elle tient des propos insultants, soit. Là calculez pas, elle et la fachosphere n’attendent que ça. » Fascinant et désolant à la fois. 1°) se préoccuper de Mila = fachosphère, regrettable amalgame. 2°) Elle tiendrait des propos insultants. Ah bon ? 3°) Le fait qu’elle-même soit menacée, grossièrement insultée, victime de propos clairement et grossièrement homophobes, obligée de vivre sous protection policière, passe totalement à l’as. Je résiste à l’envie de répondre. Si je le rencontre j’aimerais avoir cet échange avec lui, mais via Twitter ce serait vraiment en vain.

La nouvelle promo de l’ENM, et ceci a quelque chose de touchant à plus d’un titre, choisit Gisèle Halimi comme marraine de sa promotion. Excellent choix, rien à dire. Juste après, un tweet d’un étudiant annonce que « Pour le nom de promo de Sciences Po Lille, Samuel Paty a donc 3 fois moins de voix que Banksy ou Christiane Taubira. » D’après une indiscrétion, l’année prochaine il y aura photo entre Aya Nakamura et Kev Adams (ne le répétez pas, sinon je saurai que c’est vous).

Mercredi 18 novembre – La folie des phobies

Le même confrère qu’hier, tout préoccupé de l’évolution de l’état de droit « Après la loi contre le séparatisme qui va modifier la loi de 1905, le gouvernement veut également modifier la loi de 1881. En quelques semaines, l’exécutif porte des coups terribles à tout ce qui fonde notre État de droit depuis plus d’un siècle. Très inquiétant. » J’entends et partage cette préoccupation, dans son principe et sous réserve d’inventaire plus précis. Mais alors, l’état de droit pour Mila, on en dit quoi, elle n’y a pas droit ?

Retour inattendu de la glottophobie. La folie des phobies continue, puisque non content de demander qu’on cesse de moquer les accents (admettons), voilà maintenant un projet de loi contre cette nouvelle « discrimination » : alors quoi, on va se retrouver en correctionnelle pour ça ? De César à Dany Boon en passant par La vérité si je mens, ça va tomber comme à Gravelotte. Ou comment créer une censure de plus.

Fatiha Agag-Boudjahlat : « Terrible article sur la solitude de Samuel Paty. La lâcheté de ses collègues. J’espère que les collègues en question rasent les murs maintenant ».

Evidemment, avec le recul, certains écrits sont accablants, tels ceux de cet enseignant qui s’est désolidarisé de son collègue en des termes qu’il doit regretter. Ne cédons cependant pas à la tentation de les interpréter à la lueur de ce qui s’est passé. Cet enseignant gisait dans l’erreur la plus totale : ce n’est pas Samuel Paty qui a « donné des arguments » aux islamistes, c’est au contraire tous ceux qui ont critiqué sa démarche. Mais à l’évidence il ne pouvait pas prévoir ce qui allait arriver.

Reportage sur la France dans un média canadien, sans doute un des pays les plus multiculturalistes au monde. Hallucinante victimisation, « on marche sur des œufs », alors que tout le monde peut voir que c’est faux, tout simplement. Nos compatriotes musulmans, les choses étant ce qu’elles sont, et dans un contexte tendu pour plein de raisons, vivent et sont considérés et regardés de façon tout à fait normale, aux extrêmes près. Et bien sûr c’est tant mieux, pourvu que ça dure, mais ce ne sera pas grâce à des papiers de ce genre. Ce qui est un piège redoutable, et c’est ce que cet article égrène sans aucun étayage factuel et sans le moindre contrepoint, c’est la victimisation, des généralisations et un amalgame de tout et le reste :

« On marche sur des œufs »

« Plus ça va, plus on nous tape dessus »

« les efforts français pour faire respecter la laïcité masquent surtout une campagne anti-islam. Une façon détournée de restreindre les droits et les libertés des musulmans »

« La France nous rejette de plus en plus. Que les musulmans ce ne sont pas des français. Que ce sont tout sauf des français […] Les rediffuser (les caricatures), c’est comme si on n’avait pas encore assez choqué les musulmans […] le mieux serait de faire disparaitre ces caricatures » (pas un mot pour les victimes évidemment. Quant au lien entre les caricatures et les trois victimes de Nice, pour ne parler que d’elles, rien non plus).

Jeudi 19 novembre – Mais au fait, c’est quoi un journaliste ?

Journal d’un avocat au temps de la covid-19
Adobe/Richard Villalon

Indignation générale à la suite d’une info Cnews : « le taux horaire (source ministère de la justice) d’un avocat commis d’office serait de 100 à 300 € ». Eclat de rire mêlé de sanglots. Cnews, il vous faut un consultant en matière de justice, si c’est bien payé je postule officiellement. Ne me demandez pas des analyses trop intellectuelles, mais pour redresser certaines informations basiques, qui manifestement ont été vérifiées par le petit stagiaire de 3ème, ça je peux le faire.

Boulangerie, ¼ d’heure de queue. Librairie, eh ben…¼ d’heure de queue. Et finalement un saut au supermarché, et, euh… ¼ d’heure de queue ! Quelle drôle d’époque.

Le Parisien : « Arash Derambarsh reste avocat pour le moment ». En vérité (et c’est une constante dans beaucoup de poursuites disciplinaires) c’est surtout parce que le dossier d’accusation n’est pas assez complet, et qu’un recours est pendant sur la décision de l’université. Rien de neuf en vérité et malgré ses six avocats (plus on est innocent, plus il faut avoir d’avocats, c’est bien connu), il n’est pas encore tiré d’affaire. A suivre.

Le gouvernement aurait décidé de réécrire l’article 24 de la fameuse loi sur la sécurité globale, notamment pour en exclure les journalistes. Tout ceci parait bancal et mal foutu mais la question que je pose à cette occasion, est la suivante : c’est quoi exactement, un journaliste ? On en entend parler, certains évoquent la déontologie, l’éthique professionnelle et les mânes d’Albert Londres, mais si on admet qu’on peut être journaliste sans avoir suivi telle formation, être titulaire de tel diplôme, être employé par tel type de média, et sans la fameuse carte de presse, alors est journaliste celui qui le décide.

Par ailleurs, est-il exact qu’il n’existe aucun organisme professionnel, aucune autorité disciplinaire, aucune instance de régulation, comme dans toute profession règlementée, et à laquelle on est amené à rendre des comptes ? Donc tout bien pesé, j’y reviens, comment reconnaît-on un journaliste ? Ça va pas être simple de les faire bénéficier d’une mesure d’exclusion si le fait d’être journaliste n’a pas de définition, de contenu vérifiable. Moi je serais GJ, Black block ou autre, je me proclame journaliste comme Taha Bouhafs, hop un brassard, un téléphone portable et je filme les policiers à bout portant. Non ?

Aurélien Taché indifférent (évidemment… il est d’une totale cohérence) à la question de la polygamie. Cet aveuglement est terrible mais pas surprenant. Comme pour le voile, on ne parle pas seulement mode de vie, il s’agit d’infériorisation des femmes et de toute puissance de l’homme. Quand le patriarcat est le fait du mâle blanc quinquagénaire hétéro, là ça craint, mais dès que c’est le fait de « l’Autre », qui est toujours et par principe magnifique de diversité, là cette gauche ne voit pas le problème. Si j’avais la patience, je lui signalerais que, comme le voile, c’est toujours l’homme qui a plusieurs femmes, jamais l’inverse et je lui dirais : qu’est-ce que ça vous inspire, Monsieur Tâché ?

Appel d’un client :

– « Bonjour je voudrais un renseignement, est-ce que (…) ?

– Ah désolé Monsieur, on ne donne pas de « renseignements » comme ça par téléphone, on donne des consultations et en plus on les fait payer.

– Ah vous avez tout à fait raison ! Mais je voulais juste un petit renseignement pour savoir si on peut (…) ?

– Alors ma réponse est la même, tout ce que je peux vous proposer c’est un rendez-vous.

– Bien sûr je comprends, mais j’ai déjà eu d’autres avocats qui m’ont répondu, et je voulais vérifier ce qu’ils m’ont dit »

Un peu plus, je passais à côté de cette information décisive : « #Confinement : #contrôles accrus ce week-end à l’embarcadère de Bréhat ». On abuse du terme « paradis », surtout à propos de la Bretagne qui en regorge, mais je peux vous dire que l’archipel de Bréhat mérite authentiquement ce mot, sans exagération. Quelqu’un qui aurait la possibilité de s’y confiner… oui, ça pourrait être tentant.

Ah ben y manquait plus qu’elle, tient. Me Tomasini, qui n’en manque pas une et qui ramène toujours tout à elle, nous explique sur Cnews que « Jonathann Daval n’est pas la nouvelle Jacqueline Sauvage »… Eh bien comparaison pour comparaison, toi tu n’es pas la nouvelle Gisèle Halimi.

Vendredi 20 novembre – Avocat à la cour et surtout à la télévision

J’essaye depuis le début de ne pas trop en dire sur le procès Daval. Il est tellement omniprésent et omnicommenté, que j’ai tenté de garder une distance, ce qui est dur. Le ballet à l’audience, ce théâtre, pour ne pas dire cette comédie, en revanche, demeurent fascinants quand on voit à travers les lignes, quand on discerne les choses qui sont derrière les choses. Les faits, au fond, sont plus que clairs : à des détails près, on sait de quoi on parle. L’accusé, naturellement, ne donne pas aux victimes ce qu’elles attendent de l’audience. Certains croient qu’une audience, pour les avocats (qui sont partiaux, on ne le répètera jamais assez), a pour but la vérité : grave erreur. Le but des avocats (et je ne vaux sans doute pas mieux que les autres) est de faire triompher une cause. Pour les parties civiles, il faut (la main sur le cœur et l’air de rien) enterrer l’accusé et qu’il prenne le plus cher possible. La défense est aux antipodes mais sa logique est la même. La vérité, LA VERITE, celle qui sort toute nue de son puits, est l’affaire de la juridiction. Tout ceci pour en arriver à cette petite phrase de l’avocat de l’accusé « M. Daval vous avez compris que la famille d’Alexia veut entendre une vérité mais pas votre vérité, soit. » : cette formulation, que j’ai entendu 1.000 fois, spécialité des pénalistes, est mon grand désaccord avec mes confrères. La vérité, répétons-le, est une. Chacun est libre de contester, d’interpréter, de discuter (c’est même toute l’idée de procès), mais en ce qui concerne les faits, la vérité est une, et elle existe. J’ai toujours à la fois envié et critiqué cette capacité à considérer qu’il existe « des vérités », ce qui permet à un accusé d’avoir « sa vérité », ce qui est très pratique et permet notamment à son avocat de plaider tranquille. Naturellement, sur certains points indémontrables ou presque (typiquement, l’intention homicide), les points de vue s’affrontent et c’est normal. Mais on n’est pas obligé de les appeler des « vérités », ce sont des thèses ou des versions, parfaitement défendables mais dont une seule est vraie.

Sans commentaire, Delphine Gotchaux : « Selon nos informations, Michel #Fourniret a indiqué à la juge Kheris un lieu précis où il dit avoir enterré le corps d’Estelle Mouzin. La magistrate a prévu d’y conduire des fouilles le 7 décembre ».

J’hésite entre l’incrédulité, « Holy shit !» et « No f*** way ! ». LCI nous apprend que « L’administration Trump multiplie les exécutions avant la passation de pouvoir, du jamais vu en plus de 130 ans ». Cette nouvelle est horrible et révoltante. Qu’on pousse les feux pour assurer le maximum d’exécution en un laps aussi bref que possible avant l’arrivée du prochain président est vraiment une démarche inhumaine. J’ai toujours eu du mal à comprendre que des chrétiens soient favorables à la peine de mort (si on s’oppose à l’IVG au nom du respect de la vie, que peut-on invoquer en faveur de la peine de mort ? L’innocence du fœtus face à la culpabilité du criminel ? Intellectuellement c’est un peu faiblard), or il parait qu’ils sont nombreux à soutenir l’administration Trump.

Encore l’affaire Daval, explications niveau café du commerce d’un confrère qui a pour lui (n’a pour lui que) d’être très beau, ce que je lui concède volontiers, et qui ne craint pas de s’exprimer sur un dossier dont il ne connait que ce que nous en connaissons tous, et enfile des perles comme autant de banalités.

Je rêve (bêtement) d’un monde où, du moins à la télé (au café du commerce ils font ce qu’ils veulent, d’ailleurs il est fermé), les commentateurs, les experts, et tout ce qui s’y assimile, se tairaient au moins le temps du procès. Ceux qui ne sont astreints à aucune déontologie, je les laisse à leur éthique personnelle. Mais les avocats, dont je ne dis pas qu’ils sont meilleurs que les autres, fermez là ! D’ailleurs, d’après mon expérience personnelle, en justice le mobile est en général indifférent et ne change rien ou presque à la peine. Donc ce qui est dit, surtout par un avocat qui n’est pas dans le dossier, est inopérant, et ne satisfait à aucun besoin autre que bas, petit, laid. Et bien sûr, au besoin de notoriété de ce bel avocat qui devrait répondre : non je ne peux et ne veux rien dire sur ce procès en cours, ou seulement des généralités sur la procédure, les assises, l’exécution des peines, etc. Au lieu de quoi, il débite ses âneries (son ramage est moins beau que son plumage en plus) et se retweete lui-même en mode publicité éhontée. C’est triste.

Il a évoqué l’homosexualité refoulée de l’accusé et voilà quelqu’un qui commente et abonde, une certaine Virginie Tellenne : » Non vous n’êtes pas la seule ! Hier Maître @Pierre_Farge sur @CNEWS avançait la même hypothèse, qui saute aux yeux, pour expliquer pourquoi la vérité est si difficile à révéler. Pour répondre aux demandes des parents, #JonathannDaval doit faire son coming-out d’urgence ! » ( ???) Le nom de la commentatrice éclairée me dit vaguement quelque chose, je vérifie : il s’agit de l’illustre Frigide Barjot, dis donc ! J’hésite à aller me coucher direct.

Au lieu de quoi, je tombe sur ceci et comme on dit, les bras m’en tombent : notre avocat montre, en posant nu dans Têtu, « qu’on peut aussi être totalement libre », argument complètement con, selon lequel on est plus libre nu qu’habillé, j’ai jamais compris en quoi. Toutes ses « réponses » sont en rapport avec le métier d’avocat, le gars pose dans le plus simple appareil à son cabinet. Quand je pense qu’un de mes amis s’est fait reprendre par l’Ordre parce que son site montre un aspect combatif emprunté à son passé de boxeur, et que je lui ai dit qu’en effet, c’était peut-être un peu too much ! Mais il avait raison, et sa métaphore (le pénaliste est un boxeur, qui prend des coups et qui en donne) était, au fond, tout à fait juste. Et l’autre, qui pose à poil à côté de sa robe (une consœur très observatrice m’a remarqué qu’on ne voit pas la zigounette, c’est juste), ça passe crème et il peut aller faire le guignol à la télé avec des explications de bord de zinc ?

 

*Si vous avez manqué les épisodes précédents, c’est par ici 

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