L’Île-de-France lance un vaste plan contre la pollution sonore
Un grand chantier s’ouvre pour la région Île-de-France en matière de lutte contre la pollution sonore. Fin septembre, la présidente du Conseil régional, Valérie Pécresse (LR), a présenté 23 mesures visant à diminuer l’exposition à la pollution sonore de 30 %, pour un coût de 100 millions d’euros.
Près de 1,5 million de Franciliens sont exposés à trop de bruit. En tête des nuisances sonores, les bruits des transports pour 48 %, (dont 32 % dus au trafic routier, 8 % au trafic aérien et 3 % au trafic ferroviaire). Pour 32 % des personnes interrogées, le voisinage direct constitue la deuxième source des nuisances sonores, suivies des activités d’entretien des rues et des espaces verts (13 %), des bars restaurants et discothèques (4 %).
Cette nuisance produit des effets néfastes sur la santé. En moyenne, ils feraient perdre 9,3 mois de vie en bonne santé par individu et leur coût social est estimé à 42,6 milliards d’euros par an selon l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Le plan de 100 millions d’euros a été élaboré avec un triple objectif : diminuer le bruit dans les transports, améliorer le confort sonore et faire de la prévention auprès des publics les plus fragiles et particulièrement les jeunes.
Réglementation du niveau sonore
Pour les véhicules, le niveau sonore maximum autorisé dépend du type de véhicule et de sa puissance. Il est fixé par l’arrêté du 13 avril 1972 relatif au bruit des véhicules automobiles, révisé en 2021. Le texte fixe un niveau maximum de 74 dB (A) pour les voitures particulières, des niveaux allant de 77 à 80 dB (A) en fonction de la puissance pour les poids lourds et pour les deux-roues des niveaux allant de 72 à 81 dB (A) en fonction de la cylindrée. En 2026, en vertu de la législation européenne, les émissions sonores maximums des automobiles seront abaissées de 74 à 68 dB (A) (PE et Cons. UE, règl. n° 540/2014, 16 avril 2014 concernant le niveau sonore des véhicules à moteur et des systèmes de silencieux de remplacement, et modifiant la directive 2007/46/CE et abrogeant la directive 70/157/CEE).
Diminuer le bruit des transports sur 100 points noirs
Le premier objectif s’attaque à réduire le bruit dans les transports afin de diminuer de 30 % le nombre de personnes en souffrant. À cette fin, la région concentre ses efforts sur les communes les plus exposées, et leurs 100 principaux « points noirs » identifiés par l’observatoire Bruitparif, du bruit routier et ferroviaire au regard de leur impact sanitaire sur les habitants, dans tous les départements franciliens et particulièrement dans les Hauts-de-Seine (92) et en Seine-Saint-Denis (93), départements très impactés. Il compte également diviser par cinq les nuisances sonores pour les riverains des 150 km de routes les plus bruyantes, en favorisant la pose de murs antibruit et d’enrobés phoniques sur les chaussées. Par ailleurs, la flotte de bus devrait être renouvelée dès 2025 : près de 50 % des bus franciliens rouleront à l’électrique ou au BioGNV et, à Paris (75), plus de 90 % des bus seront électriques, donc silencieux. Sur le périphérique, la région est prête à participer à hauteur de la moitié du coût de la pose d’enrobés phoniques neufs qui permettront de diviser par cinq le bruit sur la chaussée. « Les engagements financiers dans le cadre du nouveau contrat de plan État-Région augmenteront de 55 % pour atteindre 28 millions d’euros », détaille la région.
Incivilité des deux-roues
Un autre objectif affiché de la région est de lutter contre les incivilités et les deux-roues trafiqués. D’ici 2030, 100 radars sonores Hydre mis au point par Bruitparif, aussi nommés radars antibruit ou radars méduse, vont être déployés pour lutter contre les véhicules trop bruyants. Il s’agit de radar-sanction capable de verbaliser les deux-roues motorisés équipés de pots d’échappement illégaux. La région a annoncé qu’elle soutiendra les communes dans l’installation de radars.
Créer 200 zones calmes
Deux pistes se dégagent pour améliorer le confort sonore en Île-de-France. Le premier axe passe par encourager les communes qui s’engagent dans cette voie. D’ici 2030, il s’agit de sanctuariser 200 zones calmes recensées par Bruitparif. Les communes bénéficieront d’un accompagnement financier des équipements de mesure, des panneaux de signalisation des zones de calme et de la renaturation et réaménagement d’espaces publics. Les collectivités les plus engagées dans la qualité de leur environnement sonore seront récompensées par un trophée Ville calme. Par ailleurs, la région compte développer le dispositif de météo sonore des grands chantiers (diffusion d’informations sur le bruit) et l’appliquer sur les 70 000 chantiers que compte l’Île-de-France.
Les mesures contre le bruit aérien
En matière de bruit aérien, les demandes sont très fortes. Le plan régional prévoit le doublement des capteurs sonores autour des aéroports. Par ailleurs, la région Île-de-France demande notamment à l’État qu’aucune dérogation au couvre-feu ne soit accordée aux compagnies aériennes sur l’aéroport de Paris-Orly (91, 94) pour d’autres motifs que la force majeure ou la sécurité, et surtout une multiplication par 10 du montant des amendes aux avions ne respectant pas le couvre-feu. Pour les riverains, la région revendique un reste à charge de l’aide à l’insonorisation des logements des riverains ramené à 10 %, contre 20 % actuellement. Elle demande également que les logements situés à l’intérieur du plan de gêne sonore et ayant fait l’objet d’une aide à l’insonorisation il y a plus de 20 ans puissent à nouveau bénéficier d’une aide afin d’être équipés des meilleures technologies disponibles en matière d’insonorisation.
Prévention santé auditive des jeunes Franciliens
Enfin, le dernier volet vise à dépister et protéger les jeunes franciliens des comportements à risque. En effet, selon les estimations, 21 % des 15-35 ans sont exposés au moins 10 fois par an au risque d’endommager leur oreille, en raison de leur exposition aux sons amplifiés et de l’utilisation de casques. La région entend organiser une journée annuelle de dépistage dans les lycées, sensibiliser les jeunes sur le sujet à travers ses outils (LABAZ, Monlycée.net), prévenir lors de concerts et festivals soutenus par la région et inclure les aides auditives dans la mutuelle de la région. Elle encourage les jeunes à télécharger Höra, une application développée par la Fondation pour l’audition, qui permet d’autotester son audition.
Référence : AJU015s9