Hackathon de la Fabrique RH : des idées innovantes pour le service public

Publié le 05/06/2018

Depuis un an, la Fabrique RH, située à la Station F, est le laboratoire d’innovations publiques de la préfecture de Paris et de la région Île-de-France. Le 19 et 20 avril a eu lieu leur deuxième hackathon qui invite les agents publics à imaginer des projets novateurs dans le domaine des ressources humaines. C’est Anouchka Dyba qui anime ces événements et coordonne les services de l’État régional sur place.

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Contraction de « hack » et de « marathon », un hackathon est à l’origine un événement lors duquel des équipes doivent développer un projet informatique sur une période très courte. S’inspirant de ce principe, la Fabrique RH, laboratoire d’innovations publiques de la préfecture de Paris et de la région Île-de-France, a organisé son propre hackathon avec des agents de l’administration publique. Sur les thématiques convivialité, égalité entre les femmes et les hommes et attractivité des métiers de la fonction publique, les participants devaient proposer des projets novateurs dans le domaine des relations humaines. Avec plus de 30 participants, sept équipes se sont présentées les 19 et 20 avril derniers. « Les critères des jurys portaient sur la solidité de l’équipe, la complémentarité des compétences, le potentiel de déploiement, la faisabilité technique et budgétaire et l’impact du projet par rapport à la thématique choisie », énonce Anouchka Dybal, chargé d’animer ce laboratoire et de coordonner les services de l’État régional sur place.

Lancé il y a un peu plus d’un an, la Fabrique RH s’est installée à la Station F, grand campus incubateur de start-ups, situé dans le XIIIe arrondissement de Paris. Son objectif est d’aider et d’accompagner les agents publics ayant des idées pour améliorer et moderniser leur gestion des ressources humaines. Le 10 mars 2017, leur premier événement, « Génération Y aux manettes », proposait à des agents de moins de 35 ans d’imaginer les RH dans la fonction publique de demain. Durant une journée, des groupes de travail se sont constitués pour présenter leurs idées autour de l’innovation managériale, du bien-être au travail, de la simplification du reporting RH ou encore de la valorisation des compétences. Cinq projets sont ensuite sortis de cette première promotion et sont actuellement en expérimentation. C’est également ce qui se passera pour les projets gagnants de ce second hackathon qui remportent un an de financement et d’accompagnement par la Fabrique RH.

LPA : Que sont devenus les projets de votre premier événement « Génération Y aux manettes » ?

Anouchka Dybal : En général, ils ont tous été très bien accueillis, au moins dans leur principe. La mise en place est plus ou moins longue pour certains ; soit ils sont en cours d’expérimentation, soit ils sont en cadrage. Pour le moment, les cinq projets sont encore en vie. Par exemple, le projet nommé « Mur de l’humeur » est en cours d’essai dans deux services et nous pensons faire appel à une start-up pour utiliser leurs solutions de développement d’application. Leur idée est d’avoir une application ludique où les agents pourraient exprimer de manière spontanée et anonyme leur humeur et l’ambiance au travail. Le projet « Pro bono », c’était l’idée d’un mécénat de compétences, c’est-à-dire de dégager un peu de temps de travail des agents pour le mettre à profit de missions pour des associations. Là, nous avons un service qui est en train de passer une convention avec une association pour l’expérimenter et on est en discussion avec un autre qui a aussi envie de se lancer. Enfin, il y a le troisième projet « Ma Tribu », qui propose une simplification du reporting RH de proximité. Nous avons eu une dizaine de demandes pour l’essayer dont quelques-unes en dehors de l’Île de France.

LPA : Comment s’est déroulé ce deuxième hackathon ?

A. D. : Pour cet hackathon, le déroulement a été légèrement modifié. Un appel à candidatures a été lancé en mars sur les thématiques : convivialité, égalité entre les femmes et les hommes et attractivité des métiers de la fonction publique. Le but était que des agents candidatent de façon volontaire et individuelle. Tout le monde a été invité à la première journée, le 3 avril, où nous avons constitué les équipes et approfondit les thématiques avec des experts. Ensuite, il y a eu une coupure de deux semaines durant lesquelles ils pouvaient recomposer leurs équipes, avancer sur leurs projets, s’approprier la démarche et revenir avec des retours de leurs collègues. Pendant les deux journées du 19 et 20 avril, nous avons organisé des moments d’échanges, de préparation de présentation et des ateliers de maquettage. Ensuite, chacun des groupes est passé devant le jury et le public en fin de journée. Le public a également pu voter pour son projet préféré, qui a reçu le prix coup de cœur du public.

LPA : Justement, quel est le projet qui a reçu le prix « coup de cœur du public » ?

A. D. : « Booste ta fonction publique » est le projet qui a gagné le coup de cœur du public. L’équipe était composée d’agents de direction régionale de l’État et de membres de l’association « Nos quartiers ont du talent ». Le thème était sur l’attractivité, plus particulièrement sur la difficulté des services déconcentrés en Ile-de-France de recruter. Leur idée est de créer un contrat régional d’intégration dans la fonction publique et d’accompagnements pour les jeunes diplômés. Ils pourraient ainsi intégrer les postes vacants tout en alternant avec des formations pour les préparer au concours. Leur projet a vraiment convaincu le public, il est bien conçu et l’équipe est très complémentaire et dynamique, ce qui a fortement joué dans leur présentation.

LPA : Quels sont les projets qui ont été sélectionnés par le jury ?

A. D. : AD Project, pour « Attractif & Disruptif », a eu le 1er prix du jury. En cherchant à travailler sur l’image de la fonction publique comme employeur, l’équipe a proposé d’avoir une application ou une plate-forme web comme nouveau support de communication sur les différentes carrières possibles. Des fiches de présentation revisitées accompagneraient des portraits d’agents qui deviendraient ambassadeurs pour montrer l’intérêt de leur métier. Dans un 2e temps, la plate-forme pourrait aussi servir à publier les annonces de recrutement et pour le dépôt de CV des volontaires. Avec trois personnes venant d’une collectivité territoriale, une d’un établissement public, une de l’APHP et une universitaire, l’équipe a gagné des points grâce à sa complémentarité. De plus, leur façon de présenter était assez inspirante, il était facile de voir l’impact que cela pouvait avoir.

Le 2e prix a été attribué au projet « 15 % ». La thématique retenue était l’écart de salaire de 15 % entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. Leur idée est de créer une websérie avec des formats vidéo de 2-3 minutes pour présenter les situations de sexismes ordinaires dans le milieu professionnel. Par exemple, ils avaient fait un 1er épisode sur l’entretien de recrutement avec la différence des questions posées aux femmes et aux hommes. Avec ces vidéos, ils voulaient ouvrir à un échange avec le public et la possibilité de rediriger vers la documentation existante. Leur projet est concret et nous voyons tout de suite quel impact il peut avoir sur cette thématique.

LPA : Y a-t-il eu de bons retours de la préfecture de la région ?

A. D. : Michel Cadot, préfet de la région d’Ile-de-France et de Paris était présent lors de la proclamation des résultats. Nous avons eu de bons retours sur l’énergie et la bonne humeur des groupes. C’est très bénéfique pour le développement de cette culture du travail ensemble et de l’innovation. Les idées étaient plutôt bonnes et j’étais assez impressionné par leur capacité à travailler en équipe alors qu’ils ne se connaissaient pas au départ. Ils ont vraiment réussi à faire équipe et à construire des projets concrets. En septembre, nous ferons le bilan des expérimentations de la 1re promotion et le prochain hackathon aura lieu dans un an.

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