Partenariat ANDRH & Apec : vers une formule gagnant-gagnant
En juin dernier, l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) signaient une convention de partenariat, pour une durée de trois ans, avec pour objectif de poursuivre des actions communes, en valorisant la dimension opérationnelle et territoriale… Le but ? Favoriser l’emploi sur l’ensemble du territoire alors que la question des emplois non pourvus, notamment pour la fonction cadre, est au cœur des préoccupations en matière de ressources humaines. Gilles Gateau, directeur général de l’Apec, et Audrey Richard, présidente de l’ANDRH, ont répondu à nos questions.
Actu-Juridique.fr : Pouvez-vous revenir pour Actu-Juridique sur ce contrat de partenariat de 3 ans entre vos deux structures ? Quels sont ses objectifs ?
Gilles Gateau : Cela fait de nombreuses années que nous collaborons pour mieux anticiper et accompagner les évolutions et mutations de la fonction RH ainsi que les besoins des entreprises. Avec cette nouvelle convention de partenariat, nous voulons aller plus loin ensemble dans la dimension opérationnelle et territoriale en partageant nos bonnes pratiques et le travail commun sur les sujets relatifs à l’emploi, à la formation et au recrutement. Nous allons jouer la complémentarité de nos actions, au bénéfice de nos publics respectifs. Dans un contexte de bouleversement du monde du travail, l’idée est de pouvoir accompagner au mieux les entreprises des adhérents de l’ANDRH, en particulier les TPE-PME, dans leurs besoins en compétences cadres. Nous sommes également conjointement mobilisés auprès des cadres RH et des jeunes diplômés qui souhaitent s’orienter vers ces métiers, pour les aider à réfléchir, se projeter et agir pour leur projet professionnel.
Enfin, nous voulons favoriser l’innovation dans le domaine des RH. Nous organisons des Trophées de l’innovation côté ANDRH et côté Apec, et participons conjointement aux trophées de l’un et l’autre pour mettre à profit nos expertises et éclairages complémentaires et favoriser l’émergence d’idées et solutions. L’an dernier, l’ANDRH était ainsi membre du jury des Trophées Apec.
Audrey Richard : Nous avons une collaboration de longue date avec l’Apec. Nous travaillons ensemble sur les évolutions et mutations économiques chez les RH et les besoins des entreprises. Nous avons profité de la tenue des universités des DRH à Tours pour signer ce contrat de collaboration pour une durée de trois ans. Le but est de poursuivre nos actions communes et de renforcer notre collaboration avec l’Apec que nous trouvons formidable à de multiples égards. Par exemple, l’année dernière, à l’occasion de nos 75 ans, célébrés lors de notre université d’été de Nancy, nous avions proposé 75 offres de job senior en RH et 75 pour les jeunes professionnels, soutenus par l’Apec, qui est vraiment ultra-réactive.
Mais nous sommes aussi convaincus par la pertinence d’autres événements communs, comme des dîners-débats autour du travail ou les Trophées de l’innovation lancés par l’Apec. Nos actions sont complémentaires. Avec ce partenariat, nous voulons surtout valoriser la dimension territoriale de cette collaboration.
AJ : Quelles problématiques spécifiques rencontrent les cadres ? On parle de pénuries, de difficultés de recrutement pour tous les secteurs, tous les territoires et toutes les compétences, les cadres sont-ils aussi concernés ?
Gilles Gateau : En 2022, les entreprises ont recruté plus de 300 000 cadres et prévoient d’en recruter autant en 2023. Dans ce contexte de forte dynamique du marché de l’emploi cadre, les tensions de recrutements n’ont donc jamais été aussi intenses. Parmi les entreprises qui ont recruté en 2022, 64 % ont rencontré des difficultés (plus des 2/3), dépassant le niveau de 2019, année particulièrement dynamique en termes d’embauches de cadres. Aussi, les délais de recrutement explosent : il faut désormais 12 semaines pour finaliser une embauche (vs 9 semaines en 2020).
Les candidats et candidates cadres sont donc plutôt en position de force. Les entreprises doivent s’adapter et assouplir leurs critères pour réussir à recruter. Le premier ajustement est en effet celui de la rémunération. 62 % d’entre elles ont révisé le salaire proposé à la hausse en 2022 (contre 55 % en 2021), notamment pour les grandes entreprises qui ont davantage de marge de manœuvre (76 %). En outre, 8 entreprises sur 10 ont recruté des cadres n’ayant pas exactement le profil requis. Mais ces ajustements ne bénéficient pas à tous les cadres de la même manière et se font encore plutôt en faveur de profil plus juniors que seniors : 50 % des entreprises ont recruté des cadres avec moins d’expérience (vs 43 % pour les profils plus expérimentés).
Audrey Richard : Les pénuries sont d’une ampleur encore jamais vue. Elles concernent tous les métiers, toutes les cibles, toutes les compétences et tous les territoires. Cela s’explique comme une conséquence du Covid, mais pas seulement. Le phénomène est multifactoriel. Dans ces conditions, l’Apec va nous servir à avoir une meilleure visibilité des offres, ce qui sera utile aux RH de nos entreprises adhérentes pour trouver les compétences dont elles ont besoin. Concernant les secteurs les plus touchés, sans surprise, nous trouvons toujours l’hôtellerie, la restauration, la santé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les entreprises sont obligées de se repenser, de réviser leur organisation, d’améliorer leurs conditions de travail et leur process de recrutement afin de renforcer leur attractivité et réussir – enfin – à embaucher.
AJ : En quoi un ancrage local est-il indispensable pour favoriser l’emploi des cadres ?
Gilles Gateau : Avec plus de 50 centres implantés en France métropolitaine et dans les territoires ultramarins, l’Apec participe activement au dynamisme des territoires. Il est important d’agir au plus près des spécificités de chaque bassin d’emploi. Grâce à leur connaissance du tissu économique local, en lien avec les partenaires et les autres acteurs de l’emploi des territoires, les consultants et consultantes de l’Apec peuvent accompagner au mieux les entreprises, les cadres et jeunes diplômés en confrontant leurs besoins aux réalités du marché de l’emploi cadre.
Audrey Richard : L’ANDRH pour sa part englobe 70 groupes locaux, structurés, avec des animations locales, des trésoriers, secrétaires, formant des unités autonomes : nous faisons preuve d’une véritable représentativité sur le terrain. C’est d’autant plus important dans le contexte actuel, alors que nous connaissons des pénuries d’emplois, dans tous les secteurs et dans tous les territoires. L’ANDRH incarne bien cette dimension, qui va bien au-delà de Paris. Nos problématiques sont multiples, mais elles concernent en premier lieu les seniors. Les chiffres montrent que 550 000 d’entre eux sont à la recherche d’un emploi. Parmi eux, des cadres, des non-cadres. Une chose est sûre : il faut élargir nos horizons et cibler cette population. L’Apec peut nous y aider en renforçant l’accompagnement des entreprises. Ayant compris nos problématiques, ils savent qu’en face d’eux, des DRH recrutent.
AJ : Quels sont les résultats attendus de ce partenariat ? Attendez-vous des résultats chiffrés au bout des trois ans ?
Gilles Gateau : L’idée est de pouvoir engager des actions concrètes et adaptées aux besoins de nos publics. Nous allons, par exemple, poursuivre les travaux d’étude communs dont la publication du baromètre annuel autour du marché de l’emploi cadre dans la fonction RH à partir des données produites par l’Apec, afin de mieux anticiper et accompagner les mutations de la fonction RH ainsi que les besoins en compétences des cadres. Notre collaboration avec l’ANDRH a également vocation à favoriser la transparence du marché du travail grâce à une meilleure visibilité des offres d’emploi de la fonction RH avec la valorisation des offres de l’Apec sur le site de l’ANDRH.
Enfin, des événements et actions de proximité communes se tiendront sur l’ensemble du territoire. Par exemple, l’ANDRH conviera leurs adhérents à nos événements Apec connect, qui favorisent la mise en relation candidats/recruteurs. Par ailleurs, l’Apec sera également partenaire des universités ANDRH qui se tiennent chaque année et parrainera le prochain dîner-débat de l’ANDRH qui réunit les principaux dirigeants RH. Enfin, sur l’ensemble du territoire, l’Apec travaillera de concert avec les groupes locaux de l’ANDRH pour que les entreprises locales puissent intervenir lors des nombreux temps forts régionaux organisés par l’Apec et inversement.
Référence : AJU010f9