Paris (75)

L’économie du tourisme fluvial renoue avec la Seine

Publié le 29/09/2021
Seine
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Très impacté par la crise du Covid-19, le tourisme fluvial reprend doucement son souffle en région parisienne, en attendant le retour des touristes étrangers.

Pendant de longs mois, les bateaux-mouches ont cessé de faire la queue sous les ponts de Paris. Finis les coucous des croisiéristes enchantés de flotter sur la Seine, les navires sont restés à quais, au pied de la tour Eiffel. Quant aux longs paquebots de croisières, ils ont attendu la reprise dans les ports de Rouen, du Havre ou de Paris. Bloqués aux ports, comme les avions cloués au sol. Quand les mesures sanitaires se sont peu à peu allégées, flottant entre demi-jauges et pass sanitaires, les bateaux ont progressivement largué les amarres… Ce n’est qu’à l’été 2021, après plus d’un an de pause, que le ballet fluvial a peu à peu repris sa cadence… mais en marquant le pas. En effet, impossible de compter sur la clientèle étrangère, très friande d’escapades romantiques sur la Seine.

La Seine est le quatrième site le plus visité, après le Louvre, Notre-Dame et le Sacré Cœur

Chaque année, ce sont près de huit millions de touristes et Parisiens qui profitent de promenades sur les 700 kilomètres de voies navigables d’Île-de-France, sur la Seine, mais aussi la Marne, l’Oise et l’Ourcq (il existe une cinquantaine de ports disséminés dans la région). La croisière promenade parisienne compte 58 compagnies et une flotte de 110 bateaux-mouches qui proposent des promenades commentées, des restaurants flottants, entre autres. L’un de ces opérateurs, Sodexo Sports et Loisirs, dispose de 12 bateaux mouches (les Bateaux Parisiens, leader des bateaux-mouches) et huit Batobus.

Avant la crise, l’enseigne accueillait quatre millions de visiteurs, et employait 350 employés en CDI et 200 saisonniers. Puis tout s’est arrêté en mars 2020. Comme tout le secteur touristique, la réouverture partielle, entre juin et octobre, n’a repris qu’à 20 ou 30 %, faute de touristes étrangers qui représentent d’ordinaire 60 % de la fréquentation. Ce n’est que le 9 juin 2021, que l’activité « promenade » a été vraiment relancée avec une demi-flotte et une capacité des bateaux alors divisée par deux. Le personnel a recommencé à travailler une semaine sur deux.

Depuis, l’été, bien qu’en demi-teinte, a redonné des couleurs aux célèbres bateaux-mouches parisiens. « Nous sommes très agréablement surpris, cela marche au-delà de nos espérances », a indiqué à l’AFP Arnaud Daniel, directeur des Bateaux Parisiens et de Batobus. Faute d’Américains, l’entreprise a cherché à attirer les familles françaises, en conservant par exemple la gratuité pour les enfants de moins de 12 ans.

« On est vraiment pour l’instant sur une clientèle française, parisienne, francilienne… mais on commence à entendre quelques mots d’italien ou d’espagnol », assure Arnaud Daniel, qui table sur un retour des touristes à l’automne. D’autres, moins optimistes, préfèrent attendre cette clientèle venue d’ailleurs : la Compagnie des Bateaux Mouches ne reprendra ses activités de croisière que le 15 septembre.

Croisières fluviales sans touristes étrangers… mais avec les Français !

Le 30 juin dernier, au Port de Grenelle, le secrétaire d’État en charge du Tourisme avait bloqué quelques heures de son planning chargé de début de saison pour monter à bord du MS Renoir, paquebot de croisière fluviale de la compagnie CroisiEurope, leader du marché. Il fallait bien un petit cocktail, avec conférence de presse et petits fours, pour annoncer la reprise des croisières sur la Seine.

On ignore bien souvent que Paris est le port de départ de nombreuses croisières. Le MS Renoir est le plus grand des trois navires de la compagnie à quadriller la Seine, de Paris au Havre et à proposer des escales à Versailles, Vernon, aux Andelys, Rouen, Étretat ou Deauville. La croisière avec hébergement, c’est un gâteau que se partagent 14 compagnies, et une flotte de 21 paquebots fluviaux (qui à défaut des péniches ont une capacité de plus de 50 personnes). Le tourisme fluvial sur la Seine représente 130 millions d’euros de retombées économiques sur la Vallée de la Seine… c’est dire que cette reprise était bienvenue.

« Notre première croisière au départ de Paris remonte à 1998 et reliait la capitale à Honfleur, pour lancer cette activité nous avions dû faire tout un tracé avec les voies navigables de France et pour que nos paquebots aient le droit de passer sous les ponts de Paris, il a fallu jouer des coudes. Cela fonctionne si les passagers sont allongés sur les chaises longues du point soleil » se souvient Axel Araszkiewicz, responsable des relations extérieures de la compagnie CroisiEurope. Monsieur Croisière, satisfait de son été avec les clients européens et français, « amateurs de slow tourisme », est heureux de voir Paris briller de nouveau avec son trafic de navires à passagers : « Paris depuis la Seine, c’est toujours la meilleure façon de découvrir ou redécouvrir la plus belle ville du monde ».

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