Essonne (91)

Patrick Rakotoson, nouveau président de la CCI d’Essonne

Publié le 09/02/2022

Fort d’une expérience de 15 ans au sein de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Essonne, dont 8 en qualité de vice-président en charge du commerce, Patrick Rakotoson vient d’être élu à l’unanimité à la présidence de la CCI territoriale. Le chef d’entreprise, gérant de quatre PME, veut notamment « poursuivre la valorisation du département et de ses entreprises pour soutenir leur croissance interne et externe ».

Actu-juridique : Vous étiez élu dans l’ancienne mandature en tant que vice-président dédié au commerce. En quoi cette expérience peut-elle vous aider pour la présidence de la Chambre ?

Patrick Rakotoson : Présider une chambre de commerce et d’industrie à l’échelon d’un département, ça ne s’improvise pas ! C’est notamment une responsabilité puisqu’il s’agit d’un établissement public placé sous la tutelle de l’État et donc du préfet. Aussi, cela requiert quelques connaissances importantes. Connaissances du terrain, des enjeux économiques du département et de tous ses acteurs.

En tant qu’ex-vice-président j’ai également une bonne compréhension des dossiers qui ont été initiés par mon prédécesseur, Didier Desnus. Enfin, l’ancien et le nouveau mandat sont liés par la même problématique centrale : la crise du Covid. Les enjeux à court terme sont donc sensiblement les mêmes. Depuis plusieurs mois, au sein des CCI, nous portons notamment localement le plan France Relance et nous allons continuer à le faire. D’ailleurs, la CCI Essonne a été saluée récemment pour son action auprès des entreprises du département.

Par ailleurs, notre structure départementale jouit d’une certaine autonomie en qualité de chambre territoriale et peut donc développer des actions complémentaires, davantage liées aux spécificités de nos entreprises.

AJ : À ce propos, quels sont les besoins particuliers des entreprises essonniennes ?

P.R. : L’Essonne ne peut pas être traitée comme Paris ou les Hauts-de-Seine. Le nord du département, très proche des Yvelines, développe des compétences de pointe avec le Plateau de Saclay, où sont réunies des grandes écoles et des grandes entreprises, et que l’on compare à juste titre à la Silicon Valley. Le sud du département est davantage rural. Les entreprises qui y sont installées sont surtout tournées vers le tertiaire et la production. La CCI colle donc à ces besoins spécifiques à travers notamment toute une offre d’accompagnement et de formations pour les entrepreneurs existants et pour ceux qui souhaitent embrasser cette carrière. Beaucoup d’entrepreneurs essonniens souhaitent aujourd’hui « passer la main ». Notre défi est de former leurs successeurs et faciliter les passations. Les envies et les bonnes intentions, heureusement, ne manquent pas.

AJ : La situation économique présente, et le flou qui l’entoure, est-elle plus dure à vivre pour un département comme l’Essonne, éloigné du cœur économique de la région parisienne ?

P.R. : L’Essonne est un territoire riche de ses diversités et très dynamique. Nous organisions encore récemment la cérémonie des Papilles d’Or. Ce challenge réalisé en partenariat avec la Chambre de métiers et de l’artisanat de l’Essonne – pour promouvoir les commerces alimentaires et les savoirs-faire du département – nous a permis de récompenser plus de 60 commerces et une cinquantaine de restaurants. Soit autant de parcours, de vies, et de visions différentes.

Pour ce mandat, nous souhaitons aussi, avec la liste que je mène, poursuivre la valorisation du département et de ses entreprises pour soutenir leur croissance interne et externe. L’ensemble des acteurs du territoire sont unis pour atteindre ces objectifs : les organisations patronales (CPME, Medef), les fédérations des transports, du bâtiment, des travaux publics ou encore l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Une volonté commune, c’est une force.

AJ : Estimez-vous que les acteurs économiques de votre département seront capables de traverser la crise actuelle ? Crise qui n’est pas prête visiblement de s’arrêter.

P.R. : Oui, je le crois intimement. La CCI est là pour les aider à surpasser les épreuves. Il y a eu, et il y aura encore, des entreprises et des entrepreneurs qui vont devoir mettre la clé sous la porte. C’est le lot, malheureusement, de chaque crise. Mais d’un point de vue général, la situation invite à l’optimisme. Par les rencontres et les déplacements que je réalise, je vois que l’envie et la passion pour l’entrepreunariat restent intactes. Ce dans tous les domaines : industrie, commerce ou service. Les entreprises ont des besoins en recrutement, c’est un signe qui ne trompe pas quant à la dynamique de relance. Beaucoup de chefs d’entreprise ont su également s’adapter, et trouver un nouveau business model. Les salariés, eux non plus, n’ont pas lâché, et explorent aujourd’hui de nouveaux horizons. La Chambre de commerce et d’industrie est à ce propos un relais important pour catalyser et analyser toutes ces évolutions, et pour faire remonter tous les besoins aux services de l’État.

AJ : Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ? Vous êtes vous-même dirigeant de quatre PME…

P.R. : Après mes études de commerce et mon service militaire, j’ai dirigé deux entreprises que j’ai revendues à chaque fois et qui m’ont permis ainsi d’avoir toujours les moyens de créer la suivante. Par la suite, je suis rentré dans le groupe dans lequel je travaille toujours et avec lequel j’ai développé un système de franchise.

Pour moi, la franchise a toujours été un accélérateur, une forme moderne de développement d’une entreprise. En s’associant à une grande enseigne, nous avons accès à une prospective, une vision et des moyens qui sont difficiles, voire impossibles, de développer seul. En tant qu’entrepreneur nous apportons la proximité et la connaissance du terrain. C’est cette complémentarité qui me plaît dans la franchise. Aujourd’hui, vous le disiez, je suis gérant de quatre sites franchisés d’une enseigne de restauration rapide, avec 180 salariés.

AJ : En quoi votre expérience personnelle peut-elle vous être utile à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Essonne ?

P.R. : Je crois pouvoir, sans prétention, faire partager le savoir-être humble d’un chef d’entreprise et l’expérience d’une réussite qui repose sur un partenariat gagnant-gagnant. Notamment auprès des plus jeunes essonniens pour lesquels j’aurai une attention particulière. Il est plus dur, il me semble aujourd’hui, pour un jeune de trouver sa voie. Ils ont des besoins d’accompagnement plus poussés. Je n’oublie pas non plus les moins jeunes, qui expriment souvent l’envie de se réinventer et qui ont besoin eux aussi de soutien. La formation continue, c’est à tout âge dans un environnement économique en perpétuelle évolution. La stabilité est devenue une denrée rare. La mobilité, par exemple, transforme les paysages et les commerces qui les constituent. Les centres-villes ne sont plus les mêmes, les axes routiers non plus. Les technologies enfin ont été révolutionnées. Il faut soutenir la modernisation des outils de travail des entreprises. Le numérique est une opportunité dont il faut se saisir à 100 %. Vendre sur Internet est devenu indispensable, c’est une des nombreuses leçons de la crise sanitaire.