Dans le 94, Edilink anticipe la révolution numérique sur le marché des syndics de copropriété

Publié le 22/10/2024

Beaucoup de syndics l’ignorent encore, mais une révolution numérique est en marche dans le domaine de la gestion de copropriété. Depuis la loi n° 2024-322 du 9 avril 2024, visant à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé et des grandes opérations d’aménagement, plus besoin de consentement préalable pour envoyer des notifications par voie électronique : une simple adresse e-mail valide suffit. Pour les syndics, cela représente un gain considérable de temps et d’argent. Les entreprises auxquelles des syndics font le choix de sous-traiter l’envoi de notifications doivent elles aussi se réinventer. Michael Assor et Jonathan Zerbit, les Saint-Mauriens cofondateurs de la société Edilink, l’ont bien compris. Entretien.

Actu-Juridique : Que change la loi n° 2024-322 du 9 avril 2024 ?

Michael Assor : Depuis 1955, la loi prévoyait que les notifications d’assemblée générale de copropriété – procès-verbal ou convocation d’assemblée générale – s’effectuaient par courrier. Depuis la loi ALUR adoptée en 2014, l’envoi par voie électronique était néanmoins possible avec le consentement formel du copropriétaire. Peu de syndics se saisissaient de cette possibilité. 80 % des convocations d’assemblée générale étaient envoyées par courrier papier et 20 % par numérique. Avec la loi du 9 avril 2024, le législateur a inversé la tendance. La voie par défaut est désormais la voie électronique. Le papier devient marginal. Une grande transition numérique s’opère. Nous devons nous y adapter. Dans les années futures, dès 2025, cela devrait passer à 50/50 voire à 60/40 pour le papier.

AJ : Qu’est-ce que cela change pour votre entreprise ?

Michael Assor : Notre entreprise a un versant industriel. Elle dispose de grosses machines qui tournent en continu, et une salle avec des serveurs qui permettent d’envoyer de manière sécurisée des lettres électroniques avec accusé de réception. Nous allons facturer moins de copie et cela pourrait entraîner une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 30 %. Cette révolution peut mettre à mal notre activité. La loi nous force à repenser notre offre. Nous avons donc développé une nouvelle offre, Syndic Zen. C’est une offre sans engagement, avec un abonnement de 99 euros par mois pour avoir accès à la plateforme. Pour ce tarif, nous prenons en charge l’envoi de notification dématérialisée, ainsi qu’en papier, dans la limite d’un forfait de 70 pages, qui est la moyenne que nous observons chez nos clients. Ils paieront uniquement les courriers supplémentaires ou les autres courriers annexes –appels de fonds, relance, mailing – qui ne sont pas concernés par la nouvelle loi. Les syndics peuvent donc continuer à envoyer des courriers papiers s’ils le souhaitent.

AJ : Comment vous préparez-vous à cette baisse d’activité ?

Michael Assor : Nous donnons à tous les syndics pas encore équipés la possibilité d’externaliser l’ensemble de leurs flux, papiers et électroniques. Jusqu’à maintenant, 70 % des syndics de copropriété s’occupent en interne de cette tâche chronophage qui consiste à imprimer, mettre le courrier sous pli, aller à la poste. Ils ne délèguent pas cela à des sociétés spécialisées pour des questions de coût, car cela peut générer des dépenses importantes qu’ils ne peuvent pas répercuter sur les copropriétaires. Notre but est d’essayer de faire augmenter drastiquement ce taux de recours électronique. L’an dernier, nous avons envoyé 180 000 lettres électroniques. Nous espérons passer le cap de 300 000 lettres électroniques. Nous espérons gagner ainsi de nouveaux clients qui verront l’intérêt de se décharger de cette charge pour un coût très faible.

AJ : Cela suffira-t-il ?

Michael Assor : C’est un pari audacieux. Si tous nos clients basculent sur l’offre Syndic Zen, cela représentera 20 % de perte de chiffre d’affaires pour notre entreprise. Mais nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter à cette nouvelle donne numérique. Nous misons sur l’avenir. Si nos clients n’impriment plus de courrier papier, nous gagnerons moins d’argent mais en dépenserons moins également. Nous espérons compenser la perte de chiffre d’affaires par l’afflux de nouveaux clients provenant de syndics qui ne pouvaient jusqu’alors pas se payer le luxe d’externaliser le courrier. Nous allons démocratiser cette possibilité à tous les syndics, peu importe leur taille et leur nombre de lots en gestion.

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