Olivier Klein s’engage pour le logement dans la Métropole du Grand Paris
Maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein a été nommé vice-président en charge de l’habitat et de la mixité au sein du conseil de la Métropole du Grand Paris. Un poste-clé pour un homme qui s’est toujours engagé en faveur du logement social et de l’égalité des chances, tant au sein de sa ville natale dont il est devenu maire qu’au sein même du Parti Socialiste.
Créée au 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris a permis d’instaurer un nouvel échelon administratif entre les territoires et les régions. Si son président, Patrick Ollier, a promis d’en faire un projet ambitieux qui aura un vrai impact sur les Franciliens, la Métropole est encore jeune et doit faire face à de nombreuses critiques et polémiques. Olivier Klein, maire PS de Clichy-sous-Bois, fait partie des vingt vice-présidents qui ont été nommés au conseil de la Métropole du Grand Paris. Avec lui, les Petites Affiches sont revenues sur les premiers pas de la Métropole pour mesurer les enjeux qu’elle représente désormais.
LPA – Sept mois après sa création, comment se porte la Métropole du Grand Paris ?
Olivier Klein – Inutile de le cacher, la Métropole est une structure qui est encore dans sa phase de développement. Pour autant, je pense pouvoir affirmer qu’elle se porte bien : les maires qui la composent souhaitent son développement et font tout pour aller dans ce sens. Bien sûr, les sujets sont complexes et il faut du temps pour que les choses se mettent en place. Sur la répartition des compétences par exemple, il y a une double mise en place à effectuer entre le territoire et la métropole. Il est nécessaire qu’il y ait une phase d’appropriation, car tous les territoires n’ont pas été construits sur le même modèle, forcément ce n’est pas simple à gérer. Il faut donc que la métropole montre son efficacité et son rôle de développement du territoire. À titre personnel, je m’occupe de l’habitat et il reste encore des choses à faire pour savoir comment l’on va prendre cette compétence et en combien de temps.
LPA – Pouvez-vous nous expliquer votre rôle en tant que vice-président ?
O. K. – Au sein du conseil de la Métropole, je suis chargé de l’habitat et de la mixité. Je partage cette tâche avec les autres vice-présidents dont les compétences touchent au logement. Il nous faut articuler ces nouveaux outils. Jusqu’à présent les villes étaient construites sur des PLH (Programmes Locaux d’Habitat), nous devons avoir une capacité à synthétiser l’ensemble des PLH en cours ou existant. Les bailleurs sociaux sont aussi une partie importante de l’équation et il faut intégrer les projets déjà en cours. Il y a un positionnement à trouver entre la ville de Paris et la région Ile-de-France où personne ne veut perdre ses prérogatives. L’autre question qui va rapidement entrer dans les réflexions métropolitaines, c’est l’accueil des gens du voyage. Et puis évidemment le logement social sera au cœur de nos priorités, j’ai une position très claire là-dessus et je pense que la Métropole doit être un moteur sur ces questions. Il faut que l’on arrête de brandir le logement social comme un épouvantail. Le logement social c’est avant tout le logement du plus grand nombre, chacun dans son parcours résidentiel passe un jour par-là, à moins d’être rentier. Et puis le logement social ce n’est plus des barres et des tours, mais c’est au contraire des endroits agréables qui répondent aux besoins. C’est contre-productif de jouer avec les peurs sur ces thématiques. Maintenant, il faut en construire plus, et là c’est le maire qui parle, car 90 % de mes rendez-vous sont liés à la politique d’aménagement. Il est important que cette dernière soit répartie sur l’ensemble du territoire pour devenir un fait métropolitain. Pour cela il faut aussi donner les moyens au maire d’avoir l’équipement public qui va de pair : les écoles, les équipements sportifs, crèches, etc. Là aussi la métropole peut offrir un soutien, en tout cas à ceux qui ont la volonté de construire plus de logements.
LPA – Est-ce que la Métropole du Grand Paris représente une chance pour Clichy-sous-Bois ?
O. K. – Je crois que la métropole a un rôle d’équilibre et qu’elle est une forme de péréquation. Pas seulement financière, mais aussi en termes de réflexion d’aménagement du territoire. C’est la raison pour laquelle je suis favorable à un développement métropolitain. Les grands déséquilibres entre l’est et l’ouest de la région Ile-de-France et les autres déséquilibres qui existent à l’intérieur des départements peuvent être contrecarrés par la volonté d’une existence métropolitaine. Cela prendra des années et des années, mais si l’on continue à arroser là où c’est le plus mouillé nous n’aurons jamais de développement harmonieux. Il faut que l’activité économique se répartisse plus équitablement, le métro du Grand Paris est un outil de développement extraordinaire pour nos villes dont nous pouvons grandement profiter. Enfin, on ne peut pas fermer les yeux sur les déséquilibres en matière de diversité de logement sur la métropole. On ne peut garder des villes comme Clichy-sous-Bois qui sont, si je suis de bonne humeur, des villes résidentielles, et des cités dortoirs si je le suis moins.
Et si l’on ne peut pas contrecarrer ces déséquilibres rapidement il faut des outils de péréquation. Financiers bien sûr, mais qui soit aussi sous forme d’accompagnement et d’aide au développement des équipements publics. Je crois en ce rôle d’équilibre de la Métropole sur les aspects économiques, culturels : il y a un besoin pour une régulation et la métropole qui est une instance d’élus et maires peut jouer ce rôle-là. Lorsque j’ai fait venir Patrick Ollier à Clichy-sous-Bois, j’ai vu tout l’intérêt que peut présenter un tel territoire pour lui. Et pour beaucoup c’est une surprise de découvrir un lieu de relégation à 12 kilomètres de Paris que l’on a trop longtemps refusé de voir. Le fait d’appartenir à la même instance et d’avoir une gouvernance en commun nous oblige tous à regarder. L’intérêt de Clichy-sous-Bois est aussi que la métropole parisienne continue d’être l’une des plus importantes au niveau mondial, et que son développement soit aussi bon pour Clichy-sous-Bois.
LPA – Y a-t-il des projets qui ont déjà été mis en chantier ?
O. K. – On est encore au début. Pour ce qui est d’Inventons la Métropole, c’est un projet qui rencontre un grand succès et nous avons eu beaucoup de candidatures. On a 3 sites au concours, 2 sur Clichy et un intercommunal. Ensuite, les choses vont doucement, sur le Plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Il faut que l’on se dote d’un cabinet pour assister la Métropole dans son écriture. Nous avons encore un peu de temps, mais chacune des compétences métropolitaines se met en place à son rythme et dans le même temps avec les intercommunalités. Les choses doivent se mettre en place de manière harmonieuse et concertée. Il y a un certain nombre de compétences extrêmement importantes, notamment sur l’aménagement, qui sortent des villes et qui vont être à la Métropole ou au territoire. Ce sont ces compétences-là qui construisent la ville de demain.
LPA – Le 30 juin lors d’une interview, Valérie Pécresse déclarait « La Métropole c’est la région ». Comment construire une action dans le temps pour la MGP lorsque la présidente de la région IDF appelle à son abandon ?
O. K. – C’est forcément un problème, je pense que c’est à la Métropole de démontrer que nous sommes complémentaires. La région a son propre rôle à jouer et applique ses compétences sur un espace plus grand. Mais j’appelle aussi à ce que la région continue à peser sur des sujets sur lesquels l’administration de Jean-Paul Huchon se montrait très bénéfique. Je pense notamment à la politique de la Ville, je m’inquiète de ce que seront les décisions du nouvel exécutif de la région. Il y a pas mal de points d’interrogation : sur l’aide des copropriétés dégradées par exemple où la région jouait auparavant un rôle vital. Donc avant de dire que la Métropole est de trop, peut-être que la région peut continuer à trouver sa place au service des collectivités et des régions. Comme je le disais nos deux structures sont et peuvent être complémentaires. La Métropole est une instance de maires, une intercommunalité dans laquelle la région est un partenaire privilégié, mais je ne crois pas qu’il y ait de véritables interférences. Que l’on se retrouve aujourd’hui dans cette situation de suspicion et de volonté de nuire est regrettable. La Métropole du Grand Paris n’est pas sortie du chapeau du Gouvernement, nous sommes de nombreux maires à avoir participé à sa genèse. L’idée qu’il existait un fait métropolitain et que ce fait devait devenir un jour ou l’autre une institution avec des instances décisionnelles, c’est une idée qui s’est construite au fil des années, que ce soit à droite ou à gauche. C’est une erreur d’envisager la Métropole en opposition à la région, une fois de plus elle vient en complément. D’autant que jusqu’à preuve du contraire ce n’est pas la région qui a su contrecarrer les grands déséquilibres de nos territoires. Je suis persuadé qu’une instance plus resserrée autour de la couronne est plus à même de pouvoir jouer ce rôle.
LPA – Est-ce qu’il n’y a pas un manque de lisibilité pour les citoyens sur le fonctionnement et les objectifs de la Métropole ?
O. K. – Pour l’instant vous avez raison et c’est effectivement le cas. Mais la Métropole n’a que sept mois ! On a essayé de la présenter aux habitants de nos villes dans les phases préparatoires. Le syndicat Paris Métropole a fait des réunions publiques de réflexion sur ce que pouvait être la Métropole et comment elle pouvait exister. Aujourd’hui, c’est une véritable instance. La lisibilité est encore faible, mais nous avons la capacité de démontrer notre efficacité dans les années qui viennent si on n’essaye pas de nous tuer dans l’œuf. Ce qui, j’en suis sûr, n’arrivera pas.
LPA – Justement, comment voyez-vous l’évolution de la Métropole sur le long terme ?
O. K. – Je crois à sa pérennité. Tout d’abord parce que ce n’est pas possible de tout recommencer sur des délais aussi courts et qu’il y a désormais une urgence. Il y a un gros travail qui a été fait par Paris Métropole, puis par la mission de préfiguration ensuite. C’est normal qu’il y ait des ajustements et des réflexions sur les échelons : le territoire, le département, la métropole, la région… Il faut que chacun trouve sa place et progresse. Le statu quo n’est pas la bonne solution.
Il y a des choses à faire évoluer, notamment sur les financements, la position économique, les équilibres entre les territoires qui sont faits d’intercommunalité préexistante. Un territoire comme le mien par exemple, qui est le regroupement de villes isolées, ne profite pas d’une dotation d’intercommunalité qui revient directement à la Métropole. En conséquence de quoi mon territoire n’a pas d’outil financier qui lui permette de se développer et d’être suffisamment incitatif. Cela fait pour moi partie des choses à rééquilibrer et à modifier. Mais je suis persuadé que le fait métropolitain continuera à exister et l’institution qu’est la Métropole du Grand Paris a toute sa place pour le faire vivre.
LPA – Vous avez inauguré Clichy Plage récemment. Attendez-vous un succès comparable à celui de Paris Plage ?
O. K. – C’est la cinquième édition, nous avons travaillé avec la ville de Paris dans le cadre de notre convention de partenariat. Paris nous aide sur la fourniture de sable avec un apport non négligeable de la société Lafarge. C’est un moment très important pour les Clichois. Avoir deux piscines, des jeux d’eau, des jeux gonflables et des animateurs cela transforme cette énorme pelouse du centre-ville en un vrai lieu de convivialité. Pour l’ouverture nous avons eu un très beau temps, presque trop d’ailleurs, et ce sont des milliers de personnes qui passent chaque jour. La fragilité des familles clichoises fait que peu partent en vacances, c’est donc un succès d’autant plus grand que nous leur offrons ce lieu de loisir et de proximité. Je peux d’ailleurs vous dire qu’il est parfois difficile de convaincre les enfants de sortir lors de la fermeture le soir à 20h.
LPA – En octobre 2015 vous avez publié une tribune très engagée pour dénoncer les a priori portés sur les banlieues. Avec les récents attentats et un climat qui ne semble pas aller vers l’apaisement, que faire pour changer ce regard ?
O. K. – Pour moi, c’est une raison de plus pour regarder ces territoires pour ce qu’ils sont. C’est-à-dire des territoires où les habitants ne se résignent pas, où ils ont envie de réussir et que leurs enfants réussissent. Pour cela on a besoin de moyens, on a besoin de reconnaissance et que les gens qui y vivent aient les outils pour trouver l’estime de soi qu’ils méritent. Ça prend du temps de regarder ces territoires multiculturels comme étant au cœur de la République.
Concernant le radicalisme religieux, je continue de penser qu’il faut construire de nouveaux lieux de cultes, tout démontre que les parcours de radicalisation ne se font pas dans les mosquées. Il est important d’avoir des mosquées ouvertes sur la ville, qui fassent partie du patrimoine de ces villes sans que cela pose de problèmes pour qui que ce soit. Mais la question du financement se pose. Parce que penser que l’on construira des mosquées partout juste grâce aux dons des fidèles est utopique. Il est important de trouver des solutions pour ne pas laisser les musulmans prier dans des lieux inadaptés, mais dans de belles mosquées où les imams auront été formés et parleront parfaitement français.