Grand Paris : plus de parité pour plus d’attractivité
Créé en 2016, le Cercle des femmes du Grand Paris veut promouvoir la mixité dans le Grand Paris. Marianne Louradour, membre de ce cercle et directrice de la Banque des territoires de la région Île-de-France, défend notamment une « vision inclusive et des compétences diversifiées qui peuvent être bénéfiques au Grand Paris dans la compétition internationale ».
Les Petites Affiches : Quel est le rôle du Cercle des femmes du Grand Paris ?
Marianne Louradour : Notre cercle est informel et réunit en son sein des femmes présidentes, dirigeantes, membres d’un directoire ou occupant d’autres postes à responsabilités, et ce dans de nombreux secteurs, dont l’immobilier. Toutes ces femmes sont engagées personnellement pour que la métropole du Grand Paris se développe en termes de mixité et de parité.
LPA : Quelles actions ou événements menez-vous pour promouvoir la mixité dans le Grand Paris ?
M.L. : Pour mener à bien notre engagement, nous sommes hébergées et soutenues par la structure Paris Île-de-France capitale économique. Tous les ans, nous présentons notamment le baromètre de la mixité du Grand Paris pour faire connaître la situation de la métropole en la matière. Notre troisième édition, publiée en novembre dernier, s’est élargie au domaine de la santé. Comme nous pouvions le supposer, le « compte n’y est pas », même si certains points se révèlent positifs. Ainsi, les femmes représentent presque 60 % des médecins hospitaliers de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). Elles ne sont en revanche que 39 % à être cheffes de service dans le Grand Paris, sur un échantillon de 712 postes au sein des centres hospitaliers universitaires (CHU) et de l’AP-HP. Le bilan général est le même quand on scrute la place des femmes au sein des structures de pouvoir (institutions, grandes entreprises, acteurs de l’aménagement) de la métropole. Il n’y a ainsi que 22 % de femmes maires dans le Grand Paris. Parmi les 20 premières communes de la métropole, 15 sont dirigées par des hommes. Enfin, dans les entreprises, seulement 25 % des postes de dirigeants (présidence, direction générale, ou délégation générale) sont occupés par des femmes. Notre cercle a donc pour objectif de mobiliser les décideurs et la société sur cette fracture de la mixité.
LPA : D’après vous davantage de mixité permettrait de rendre la métropole du Grand Paris plus attractive. Pourquoi ?
M.L. : Les membres du Cercle des femmes du Grand Paris sont convaincus que le respect de la parité dans l’ensemble des structures de la métropole est un moteur essentiel pour l’attractivité du Grand Paris. La métropole du futur ne peut répéter les schémas classiques. Nous pensons que les femmes sont porteuses d’une énergie, d’une vision et de compétences qui peuvent être bénéfiques à un Grand Paris moderne et inclusif dans la compétition internationale des métropoles.
LPA : Remarquez-vous une évolution positive sur ce sujet ?
M.L. : Les indicateurs sont contrastés. Certes nous ne reculons pas, mais le rythme est encore lent. Nous avons pu mesurer une percée lors du vote de la loi Copé-Zimmerman, en 2011, qui imposa un quota de 40 % de femmes à atteindre dans les conseils d’administration des grands groupes. Cette obligation légale a permis de rééquilibrer les gouvernances des sociétés. Dans d’autres domaines, les progrès sont, en revanche, encore insuffisants. La part des femmes maires dans le Grand Paris n’est ainsi passée que de 12 % en 2008, à 22 % en 2020. À ce rythme, la parité ne sera atteinte qu’après 2050. Cela n’est, bien entendu, pas envisageable.
LPA : Vous venez de lancer le prix du Cercle des femmes du Grand Paris. À qui est-il destiné ?
M.L. : Notre objectif est de valoriser les fondatrices ou cofondatrices de projets ou d’entreprises qui agissent dans les quartiers prioritaires de la ville, en créant des emplois notamment. On croise ainsi deux sujets importants, la mixité et l’inclusion des quartiers prioritaires de la ville. Le prix du Cercle des femmes du Grand Paris récompensera quatre femmes pour des projets s’inscrivant dans les domaines suivants : l’habitat et l’environnement, la mobilité et l’aménagement, l’alimentaire et la santé ou le travail et le bien-être. L’appel à projet a débuté en février et se terminera le 4 avril prochain. À l’issue de la remise de prix en mai prochain, les lauréates bénéficieront d’un accompagnement de plusieurs mois au sein de l’incubateur Willa, pour profiter notamment d’une visibilité et accélérer leur développement. Elles pourront, par exemple, accéder à un coaching individuel, participer à un événement international et entrer en contact avec des membres de notre réseau.
LPA : Un tel prix trouve-t-il tout son sens dans le contexte actuel de la crise sanitaire ?
M.L. : Oui, nous le pensons. La crise a révélé des fractures qui étaient déjà existantes : les difficultés économiques et sociales engendrées par la crise sanitaire frappent d’abord les quartiers prioritaires de la ville et les femmes qui ont des emplois souvent plus précaires. Nous espérons donc que ces prix que nous remettrons, permettront à leur échelle, d’aider des personnes porteuses d’une grande énergie mais fragilisées par la crise. Ces prix ont également pour ambition d’apporter un éclairage sur des sujets qui sont trop souvent passés au second plan alors qu’ils sont révélateurs de la société dans laquelle nous voulons vivre demain.