Ces hôtels pour férus de littérature

Publié le 29/02/2024

Certains hôtels ou groupes hôteliers flirtent avec la littérature pour apporter un supplément d’âme à leur clientèle. Bravo à ces établissements 4 étoiles qui élèvent intellectuellement le niveau de l’hôtellerie.

Certains hôtels affichaient un lien avec l’Histoire, avec une personnalité médiatique via le cinéma, à travers le sport, ou encore en accord avec une période esthétique… Autant de concepts hôteliers qui ont déjà vu le jour ; mais aujourd’hui, une certaine tendance hôtelière s’incline vers le genre littéraire et ses auteurs.

À l’ère du web et des établissements impersonnels, parfois ultra-connectés, certains hôtels, en général de plus petits groupes familiaux, prennent une option diamétralement opposée. La tendance avait démarré avec les boutiques-hôtels dans les années 2010, lesquels voulaient affirmer leur originalité par rapport aux chaînes impersonnelles. Car le souhait est nettement affiché : offrir un espace culturel aux voyageurs, donner un supplément d’âme aux murs, se différencier des quelques 17 400 hôtels qui fleurissent sur l’Hexagone.

La Société des Hôtels Littéraires

C’est sûrement ce groupe qui détient le plus d’établissements littéraires à son effectif. À Paris, la littérature passe par le Swann pour Proust près du Parc Monceau, par le Marcel Aymé à Montmartre ou l’Arthur Rimbaud sur les grands boulevards. Et hors de Paris, par l’Alexandre Vialatte à Clermont-Ferrand, le Jules Verne à Biarritz et le futur Stendhal à Nancy.

Généralement, l’hôtel est dans une ville qui a vu naître ou séjourner le personnage littéraire, mais sans obligation. Ce qui compte surtout, c’est de retranscrire une atmosphère, un style, une époque liée à ce personnage afin que le client se retrouve plongé dans l’univers de celui-ci. À l’architecte de reprendre le décor existant en le sublimant, au décorateur de flâner et de trouver des meubles, des tableaux, des objets déco du temps de l’écrivain.

Le propriétaire de ces hôtels, Jacques Letertre, qui travaille maintenant pour son grand bonheur avec son fils Alban, est un érudit, passionné de bouquins et tout particulièrement de Marcel Proust, son écrivain favori. Il connaît chaque moment de sa vie, de son œuvre et peut déclamer certaines phrases de ses œuvres ; d’où son hôtel parisien, Le Swann, qui fait le bonheur des associations proustiennes françaises, japonaises ou américaines, ainsi que des lancements d’ouvrages sur Proust (la base Electre a recensé 324 livres sur Proust parus entre 2019 et fin 2022, année de célébration du centenaire de sa mort). Dans le lobby, des pièces uniques de la collection personnelle de M. Letertre : manuscrits, tableaux ou sculptures de Proust et bien sûr quelques 500 ouvrages traduits en d’innombrables langues qui transforment l’hôtel en espace culturel et muséal.

Chaque étage de l’hôtel reprend une période de la vie de l’écrivain et chaque chambre un personnage cité dans une œuvre avec force détails, comme des citations gravées sur la porte en verre de la salle de bain, des ouvrages laissés à discrétion çà et là, une madeleine offerte…

À Montmartre, affiches de films et aquarelles font revivre l’univers tendre et drôle de l’auteur des Contes du Chat Perché ; à Rouen, la cage du perroquet Loulou et le boudoir de Mme Bovary invite à relire Flaubert ; à Biarritz, les chambres « Jules Verne » vous entraîneront vers des voyages extraordinairement scientifiques.

www.hotelslitteraires.fr

L’hôtel de Montesquieu des Bontemps

Exit Le Daniel, un hôtel au charme asiatique inoubliable avec ses fresques vert pistache du rez-de-chaussée ; bienvenue à l’hôtel de Montesquieu qui affiche son héros dès l’entrée, avec un buste qui trône en maître de maison.

Pourquoi la référence au baron de La Brède et de Montesquieu ? L’ancienne décoration asiatiquante et aujourd’hui plus moyen-orientale a inspiré Suzanne Bontemps, qui a pensé aux « lettres persanes » du philosophe des lumières. Aujourd’hui totalement rénové et transformé en 15 suites et 3 chambres sous mansardes, l’hôtel affirme nettement sa décoration avec le rouge chinois du lobby, des fresques asiatiques aux oiseaux, des papiers peints terre de Sienne, crème ou bleu ardoise et toujours du mobilier et des objets inédits de décoration chinés chez des antiquaires.

Au XVIIIe siècle, l’élégance et la discrétion étaient omniprésentes ; il en est de même dans cette ruelle toute proche des Champs-Élysées, havre de paix loin du bruit et des innombrables touristes qui foulent « la plus belle avenue au monde ». C’est l’architecte d’intérieur Elliott Barnes (qui vient de finaliser la scénographie de l’expo Mood of the moment : Gaby Aghion and the House of Chloé au Jewish Museum de New York) qui a apporté ces touches de raffinement, de lumières et d’ombres bien domptées au lieu.

www.hoteldemontesquieu.fr

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