Cités en Argolide (VII)
Quoi qu’on en dise, la Grèce est notre mère. Les lieux, les pierres et les monuments sont comme un rappel de notre civilisation. René Puaux (1878-1937) publia un Nouveau guide de la Grèce en 1937 à la Société française d’éditions littéraires et techniques. « L’intérêt de ce livre m’est apparu, un soir d’été, au cours d’une promenade sur l’esplanade du Phalère », disait-il. Il n’avait trouvé dans aucun guide les récits des traditions légendaires du Phalère et son histoire. Il résolut de « rédiger un guide de tout autre ordre, celui du Touriste-Poète », qui ne manque pas d’ironie. Nous sommes toujours en Argolide. Cette région correspond à une péninsule, bordée au nord par le golfe Saronique et au sud par le golfe Argolique, elle-même située dans la péninsule du Péloponnèse. BGF
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« Mélampos épousa l’une des filles de Stenobée et fit agréer son frère Bias pour une autre. Elles reçurent en dot chacune un tiers du royaume, ce qui est le record des honoraires du corps médical de tous les temps. Nous ne pouvons quitter Mélampos sans narrer à son sujet l’anecdote rapportée par Apollodore. Il avait recueilli et soigné de jeunes serpents dont ses domestiques avaient tué les parents. Ces couleuvres apprivoisées lui prouvèrent leur reconnaissance en lui nettoyant les oreilles, pendant son sommeil, avec tant de raffinement qu’à son réveil il comprenait le langage des bêtes et apprit d’elles les secrets de la médecine des plantes.
Mélampos eut des descendants, dont le plus célèbre est Amphiaraüs, comme lui doué du don de prophétie et d’interprétation des songes. Ayant eu la prévision de sa mort durant la guerre contre Thèbes, il se cacha, mais fut dénoncé par sa femme Ériphyle qui reçut un voile et un collier pour prix de sa délation. Ce collier d’Ériphyle est bien connu. Passé en héritage à Alcméon, son fils, qui l’avait d’ailleurs assassinée pour venger son père, ce fatal bijou fut mis dans la corbeille de noces d’Arsinoé, en fut frauduleusement retiré par l’infidèle époux pour être offert à une autre femme, Callirhoé, ce qui révolta ses beaux-frères. Il périt de leurs mains, fut vengé par ses fils Amphotérus et Acarnas, qui finalement quittèrent le pays pour se rendre en Épire où ils fondèrent un nouveau royaume qui a gardé le nom d’Acarnanie.
Amphiaraüs eut un autre fils, Amphiloque, également devin, qui eut des démêlés professionnels avec Mopsus, le tua et fut tué par lui en un duel si haineux qu’on éleva leurs deux tombes de telle sorte que les pierres même ne pussent se voir l’une l’autre. De ses trois filles, la seconde, Demonasse, épousa Thersandre, roi de Thèbes, le propre petit-fils d’Œdipe et Jocaste par son père et d’Adraste, roi d’Argos, par sa mère Argée. Elle devint, par alliance, la cousine germaine du vaillant Diomède, héros de la guerre de Troie, dont les compagnons, ayant blasphémé le nom de Vénus durant leur voyage nautique vers l’Italie, furent changés en oiseaux.
D’Antéia et des Proétides, guéries par Mélampos, nous passerons sans transition historique à un autre habitant célèbre de Tyrinthe, Amphitryon, petit-neveu, à la troisième génération, de Mélampos et d’Antéia, petit-fils de Persée et fils d’Alcée et d’Hipponome. C’est à Tyrinthe qu’Amphitryon passa sa jeunesse avant d’épouser Alcmène, fille d’Électryon, roi de Mycènes et de Lysidice. Cet Électryon était le fils de Persée et d’Andromède, donc l’oncle d’Amphytrion. Lysidice était la fille de Pélops et d’Hippodamie et la sœur du sage Pitthéos, roi de Trézène, le grand-père de Thésée. C’est de Tyrinthe qu’Amphitryon partit, à la demande de sa femme, en expédition contre Taphos, pour y venger les frères de son épouse tués par le fils du roi Ptérélas ».
(À suivre)