Dalí à Monaco

Publié le 04/11/2019

Portrait de Salvador Dalí, par Robert Whitaker.

Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2019

S’il est une expo qu’il ne faut pas rater, c’est bien elle ! « Dalí. Une histoire de la peinture » est au Forum Grimaldi, à Monaco. Elle est exceptionnelle par son propos et sa mise en scène.

Quelle exposition ! Les commissaires ont choisi, pour cette présentation grand public, une trame classique chronologique pour aborder Dalí et sa richissime création depuis 1916, date de la première toile exposée ici (Paysage de l’Empordà). Elle bénéficie du concours de la Fundacio Gala Salvador Dalí (qui a apporté une partie des collections du théâtre Musée Dalí), du Museo Nacional Reina Sofía et du Centre d’études daliniennes. C’est dire l’ambition, réussie, pour notre plus grand bonheur. Les visiteurs peuvent découvrir et s’émouvoir, s’interroger, admirer La Mémoire de la femme enfant, Julien de Médicis d’après le tombeau de Julien de Médicis, La Vitesse maximale de la Madonne de Raphaël, Dématérialisation près du nez de Néron, ou encore Éléments énigmatiques dans un paysage… À l’énoncé de ces quelques œuvres emblématiques, on aura compris la chance de les voir ici. La liste n’est pas exhaustive. Le parcours invite à se poser la question : Dalí, peintre surréaliste ou peintre de la réalité ? Thématique toujours aussi complexe, à laquelle l’exposition nous conduit à réfléchir, bien que Dalí a donné à ce sujet bien des clés, comme dans le fameux traité 50 secrets magiques, ici commentés, ou entre autres dans les entretiens qu’il donna à Louis Pauwels. Dalí, peintre classique ? Telle est l’autre question. Loin de tels enjeux, on peut tout simplement voir l’œuvre comme elle se donne, artiste et homme ne faisant qu’un, ou plutôt deux avec Gala, présence magnétique atomique, galactique, architectonique ! Admirer en tout cas quel que soit le genre et sa quête, toujours sa remarquable technique (dont on parle si peu).

Le musée et l’œuvre. Le Forum Grimaldi et le commissariat ont relevé le défi du maître. Non seulement le parcours est composé de plusieurs salles et espaces ludiques et pédagogiques, conjuguant œuvres, dessins, manuscrits, photos, mais il y a des trouvailles assez extraordinaires, comme cette salle ronde qui reconstitue le Cap de Creus, et dont les murs sont ouverts de fenêtres comme un clin d’œil à Personnage vu de profil (1916). Il y a aussi à la sortie, juste après l’hommage aux peintres Velasquez, Raphaël et Vermee, l’espace consacré à Dreams of Dalí, une expérience de réalité virtuelle à partir du tableau Réminiscences archéologiques de l’Angélus de Millet. Là encore, c’est réussi et le résultat est magique ! Une expérience sensorielle à ne pas manquer. Dalí n’aurait pas renié cette création, lui qui était friand des nouvelles technologies et des avancées de la science : on se souvient entre autres du techno-hologramme du cerveau d’Alice Cooper, comme tentative de dépassement du cubisme. C’était en 1973.

LPA 04 Nov. 2019, n° 147k1, p.22

Référence : LPA 04 Nov. 2019, n° 147k1, p.22

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