Effervescence – Fin de siècle

Publié le 23/01/2018

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Si la création artistique tient une place importante à Paris depuis toujours, dans les régions également, bien des talents sont nés au cours des décennies.

Le musée Paul Dini à Villefranche-sur-Saône, dans la région Rhône-Alpes-Auvergne, est ainsi consacré à la présentation d’artistes importants de ces terroirs. Sont exposées actuellement 150 peintures, sculptures, dessins, céramiques réalisés entre la fin du XIXe siècle et les années 1920.

Cette exposition, dont un nombre important d’œuvres sont issues de grands musées et de collections particulières, est très liée aux salons artistiques dont elle évoque les tendances et qui prennent à cette époque tout leur essor. Ces manifestations attirent les artistes de province qui peuvent ainsi faire connaître leur travail à un plus vaste public. Lyon possède d’excellentes écoles d’art mais les jeunes créateurs savent que c’est à Paris qu’ils pourront développer leur œuvre. Ils sont plus de 200, entre 1884 et 1914, à avoir participé au salon dénommé depuis 1881 « Société des artistes français ». Ce sont aussi la Société nationale des Beaux arts, fondée par Ernest Meissonnier, un Lyonnais dont on découvre un autoportrait à la longue barbe blanche, expressif et naturel, et le Salon des indépendants. Ce sera, en 1905, l’ouverture du Salon d’automne…

Cette époque est riche en mutations artistiques avec le néo-impressionnisme, le symbolisme, les nabis, le fauvisme et le tout début du cubisme, d’où une grande variété de compositions. De l’académisme à des formes nouvelles d’expression, le chemin s’avère parfois difficile, la tradition est tenace. Cependant, des peintres et sculpteurs s’intéressent à la nouveauté tout en conservant les bases essentielles du dessin.

Certains artistes se consacrent à la vie rurale en un naturalisme que l’on retrouve dans les toiles de Bastien-Lepage ou Charles Cottet, tandis que d’autres, tel Marcellin Desboutin, préfèrent évoquer l’évolution de la ville en raison de l’exode rural.

La fin du XIXe siècle voit la naissance des Arts Décoratifs avec des objets inventifs en matériaux divers, parfois précieux. On remarque les créations en poterie émaillée de Jean Carriès, qui sont tout à la fois utilitaires et œuvres d’art, dans une expression fantastique.

Au fil des salles, nous voici au cœur du symbolisme issu des préraphaélites ; le Lyonnais Pierre Puvis de Chavannes, parmi d’autres, lui donne une nouvelle ardeur avec par exemple La Source, aux jeunes femmes remplies de grâce. Les symbolistes souhaitent exprimer les tourments de l’âme autant qu’un certain idéalisme. Quant aux peintres de paysages, comme Victor Charreton avec Le temps des loups, ils expriment la nature dans son mystère. Au même moment l’orientalisme revient en force ; il avait déjà intéressé les artistes au début du siècle. Bon nombre de peintres partent pour le Maroc ou l’Algérie, séduits par la lumière vive, les couleurs flamboyantes, l’atmosphère. Ils peignent des odalisques sensuelles et structurées comme Bain maur, de Jules Migonney.

Il est intéressant de retrouver de salle en salle, avec des œuvres d’artistes plus ou moins connus, la vitalité de la création à travers la diversité des courants artistiques. C’est ainsi le néo-impressionnisme, né à la fin de 1880 et initié par Georges Seurat, qui repose sur la division des tons de manière scientifique comme l’avaient pratiquée, d’instinct, les impressionnistes. Peu à peu certains peintres évoluent vers une écriture plus spontanée donnant une place importante à la lumière et à la palette ; en témoigne L’Arc de Triomphe évoqué en tonalités rousses par Louis Paviot.

Une nouvelle rupture — visible au Salon d’automne — va se produire avec les « Fauves », qui prônent la couleur pure et une gamme colorée ardente ; ces artistes provoquent alors le scandale.

Ainsi, cette période 1884-1914 fut celle de bouleversements artistiques, loin de l’académisme, avec la naissance du cubisme notamment, en 1907, qui allait tout remettre en question.

 

LPA 23 Jan. 2018, n° 133d5, p.15

Référence : LPA 23 Jan. 2018, n° 133d5, p.15

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