En selle avec Paul Morand !

Publié le 20/03/2024

Illustration de  Georges Margot pour l’édition de Milady de Paul Morand (Herscher, en 2000), dont un exemplaire a été vendu 450 €

L’une des plus belles nouvelles de Paul Morand (1888-1976), Milady, est l’histoire d’une passion entre un écuyer du Cadre noir de Saumur et sa jument. L’auteur, dont le passé collaborationniste est connu, l’écrivit entre juillet et septembre 1933 à Saumur et à Villefranche-sur-Mer. Dans un entretien avec Stéphane Sarkany, théoricien de la littérature, Morand devait révéler que Gardefort lui avait été inspiré par l’écuyer Armand Carpentier, dont il avait suivi l’enseignement au manège de Passy et qui était lui-même élève de James Fillis (1834 1913), lui-même disciple de François Boucher (1796 1873). Cette nouvelle parut pour la première fois dans le recueil Les Extravagants, dont un exemplaire de l’édition originale (Gallimard, 1936), l’un des 7 sur Hollande Van Gelder, relié en maroquin bleu marine janséniste, a été vendu 350 €, par Alde, le 31 mai 2013.

Milady a bénéficié d’une première édition illustrée publiée en 1944 à 120 exemplaires sur vergé de Montval, avec 24 eaux-fortes dont 5 à pleine page et 19 in texte, par Despierre. Une édition sobre et élégante, dont un des dix exemplaires de tête sur Montval, complet de la suite des illustrations sur Chine et d’un dessin original signé de l’artiste, relié en demi chagrin vieux rouge à coins, a été vendu 900 €, à Drouot, le 3 avril 2013 par la maison Tessier & Sarrou et Associés. Encore quasiment est une autre édition illustrée par le futur écuyer en chef de Saumur, le lieutenant-colonel Georges Margot, alors prisonnier en Allemagne et calligraphié par le RP Gillet, qui deviendra général de l’ordre des trappistes. Ce manuscrit perdu a été retrouvé à Drouot en 1975 et publié par Herscher, en 2000, à 999 exemplaires dont 99 de tête et 900 sous coffret. L’un d’eux, relié plein cuir rouge édition, a été adjugé 450 €, à Drouot, le 22 mars 2016 par Million. Cette nouvelle rare a connu une autre heure de gloire grâce à l’interprétation qu’en a faite Jacques Dufilho dans un film télévisé diffusé à la télévision le 21 juillet 1976, deux jours avant la mort de Paul Morand.

II existe plusieurs photos de Paul Morand en tenue d’équitation. À l’époque, les culottes étaient bouffantes et débordaient largement au-dessus des genoux. L’auteur en selle de L’Anthologie de la littérature équestre, chemise et étui de l’éditeur, 96 planches d’illustrations, dont un des 150 de tête sur vélin teinté de Madagascar a été vendu 240 € à Blois, le 28 novembre 2021, peut faire songer à un centaure, mais courtois et de bonne civilité. Morand pratiquait l’équitation depuis son enfance. Au goût de certains, il aurait eu le tort de se prendre pour L’Homme pressé (Paris, Nrf, 1941) et de confondre ce sport avec ce qu’il écrivait dans De la vitesse (1929). II confia, en effet, un jour de 1955, à Denise Bourdet : « Les chevaux, je les monte au galop, au trot, deux heures durant. Jamais au pas. Je les ramène tout mouillés. »

Le Cercle Paul Morand organise d’ailleurs le 21 mars, à partir de 14 h 30, un colloque consacré à Paul Morand et le cheval, dans les salons de la bibliothèque de l’Arsenal, 1 rue de Sully à Paris.

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