Hemingway quitte Colin

Publié le 02/02/2024

6 gobelets Puiforcat en argent gravés signé : Bar Hemingway, pour Colin

Christie’s

Comme dans toute ancienne maison, il existe une pièce cachée voire protégée de la foule des visiteurs. Ce fut à une certaine époque le cas dans l’Hôtel Ritz à Paris. À l’opposé de son entrée, après avoir longé un interminable couloir puis descendu quelques marches, les dames pouvaient à l’orée du XXe siècle pénétrer dans un bar qui leur était réservé. Nommé ensuite « Petit bar », le Lady’s Bar laissa la place en 1994 au « Bar Hemingway ».

Quoi de plus naturel, l’écrivain Américain (1899-1961) vouait une admiration particulière à ce palace. « Lorsque je rêve de la vie après la mort, l’action se passe toujours au Ritz à Paris », devait-il dire. Correspondant de guerre en 1944, il décida de le libérer des Allemands. Il fit des pieds et des mains auprès du général Leclerc afin d’accompagner les troupes de la 2e DB qui devait libérer Paris. L’accueil fut glacial dit-on, mais il obtint gain de cause et fonça, à bord d’une jeep vers la place Vendôme, fit irruption dans l’entrée de l’hôtel, mitraillette à la main. Les Nazis étaient déjà partis, mais lui resta et laissa une ardoise historique de 51 dry Martini !

Le bar Hemingway a connu son essor et sa célébrité grâce à Colin Peter Field, élu deux fois meilleur barman du monde par le magazine Forbes et le Travel and Leisure. Mr. Field n’apparaît pas dans l’Adieu aux Armes, seulement dans Les Lettres de Venise ; sa présence est malgré tout une image vivante de « Papa ». Il donna en effet une âme au lieu en habillant les murs d’objets faisant référence à l’esprit d’Ernest Hemingway, qui donna son nom au bar. Après trente ans de présence, seulement interrompue durant les travaux de rénovation du palace qui le vit officier à bord de l’A380 et du Boeing 777 sur les lignes intercontinentales d’Air France, Colin Peter Field a décidé de se séparer d’une trentaine d’objets faisant référence à l’esprit d’Ernest Hemingway, qui habillaient les murs du bar. Ceux-ci seront mis en vente en ligne du 29 février au 13 mars 2024, par Christie’s Paris.

Ernest Hemingway était réputé pour être un excellent chasseur, boxeur, pêcheur et féru voyageur. Sa vie à elle seule se lit comme un roman, remportant trophées et belles captures, prix Nobel et Pulitzer. Les objets de la collection de Colin Field reprennent ses thèmes de prédilection comme un massacre de cerf, un trophée de buffle ou encore une paire de gants de boxe signée par l’artiste Adel Abdessemed. Sans doute pour célébrer l’amour du prix Nobel de littérature, l’amateur pourra tenter d’enchérir sur 6 gobelets Puiforcat en argent gravés : « Bar Hemingway, Pour Colin ». Plus précieux pour le souvenir de Colin est son album relié en peau : The cocktails of the Ritz Paris, Colin Peter Field. Un objet unique dans lequel on retrouve ses meilleures recettes de cocktails. Et enfin, le symbole de l’écrivain par excellence : la machine à écrire. On trouve quatre des célèbres marques : Modèle Triumph, Modèle Corona, Modèle Impérial, Modèle Royal Diana… des noms qui sonnent comme des cocktails.

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