Jiří Kylián à Garnier

Publié le 05/01/2017

Trois ballets du chorégraphe Jiří Kylián étaient présentés à l’Opéra Garnier jusqu’au 31 décembre dernier. Si Bella Figura est entré au répertoire du Ballet de l’Opéra en 2001, les deux autres, Tar and Feathers et Symphonie de Psaumes, sont ici des premières. Une question nous vient : pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Les trois œuvres de Kylián, servies magnifiquement par les étoiles et premiers danseurs, ne sont en effet pas nouvelles. Bella Figura a été créée par le directeur artistique du Nederlands Dans Theater (NDT) en 1995, Tar and Feathers en 2006 et la Symphonie de Psaumes (sur une musique belle à prier de Stravinsky) en 1978. Les trois ballets donnent ainsi un aperçu de la création et du travail du NDT sur plus de vingt ans. Une autre question ne manquant pas de venir : en quoi l’art de la danse a-t-il évolué depuis la fin des années 1990 ? Et une autre : existe-t-il des chorégraphies datées ?

Kylián a composé des ballets toujours sur le fil à la manière des postures de ses danseurs, en équilibre. Rien d’étonnant de la part de celui qui parle des zones indéfinies, entre rêve et réalité, pesanteur et légèreté, art et artifice, doute et certitude. Une danse de la « zone grise », comme il aime à dire.

Saluons la performance, dans Tar and Feathers, ballet dédié à Sabine Kupferberg, la muse de Kylián, de la pianiste Tomoko Mukaiyama, perchée sur un piano sur échasses daliniennes et qui, en touches minimalistes et live, instaure un climat obsédant dont il est difficile de se défaire.

Accompagnant ces beaux moments de danse et de musique paraît un petit opuscule signé Jiří Kylián. Bon qu’à ça évoque l’amour, la vie, la danse évidemment. Et au cœur, sa compagne Sabine Kupferberg sans laquelle, dit-il, Kylián ne serait pas Kylián. En 1990, Jiří Kylián a décidé de créer une compagnie de vieux danseurs (entendre plus de quarante ans). Il explique pourquoi dans ce livre qui, pour être fort court, en dit long sur le personnage et surtout la personne.

Tar and Feathers de Jiří Kylián à l’Opéra Garnier en 2016.

Ann Ray/OnP

LPA 05 Jan. 2017, n° 123g2, p.14

Référence : LPA 05 Jan. 2017, n° 123g2, p.14

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