Paris (75)

La livrée de Boni

Publié le 22/09/2023

Cette livrée aux couleurs des Castellane est estimée 500/600 €

Coutau-Bégarie

Seuls peut-être les vieux parisiens se souviennent du Trianon rose qui se dressait au coin de l’avenue Foch et de l’avenue Malakoff. Le comte Boniface de Castellane (1867-1932) dit Boni, acquit à la fin des années 1890, un terrain dans ce quartier huppé de la capitale et y fit construire un hôtel particulier inspiré du Grand Trianon de Versailles. La construction dura six ans et le palais fut inauguré en 1902. Les Castellane y donnèrent, jusqu’en 1906, des réceptions fastueuses accueillant jusqu’à 2 000 invités. Rien n’aurait pu être fait sans la fortune de la comtesse née Anna Gould (1875-1961), héritière du magnat américain des chemins de fer. La dame aimait les titres ; après avoir rompu son mariage avec Boni, elle épousa Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), prince de Sagan, puis duc de Talleyrand. Las, les deux mariages furent un échec…

Le Trianon rose a été rasé en 1969, pour laisser la place à un immeuble dit de luxe, assez laid, au mépris de la conservation du patrimoine. Seuls quelques objets surgissent de temps à autre sur le marché de l’art. Parmi eux, une Redingote et culotte de la livrée d’apparat aux couleurs de la maison Castellane, de gueules et or. La redingote, réputée comme étant la plus belle des livrées connues, sera mise en vente à Drouot, le 28 septembre 2023 par la maison Coutau-Bégarie avec une estimation de 500/600 €.

Cette redingote est ornée de parements de velours de soie rouge aux manches et aux fausses poches, à fils d’or et de couleurs. Elle est munie de 21 gros boutons dorés. La culotte est en velours de soie rouge et s’arrête à mi-jambe par un galon armorié muni d’une boucle de serrage dorée, prolongé de chaque côté par un écusson polychrome brodé aux armes (4 petits boutons armoriés au bas de chaque jambe). Une étiquette brodée identifie le domestique : « Armand ». L’homme devait être de bonne taille, compte tenu de la mesure du vêtement ; ce qui ne devrait surprendre personne, « Boni » choisissait toujours des domestiques selon leur allure.

L’origine de la livrée, vêtement des domestiques, remonte à la période médiévale. Les grands avaient l’habitude, à certaines époques de l’année, généralement à Noël, de donner ou « délivrer », du latin liberare, des vêtements aux gens de leur maison, enfants, courtisans et domestiques. Puis, les rois donnèrent des sommes d’argent ; seuls les domestiques conservèrent ces costumes très vite uniformisés selon les goûts puis les « couleurs » des maîtres. Les « gens de couleurs » ou « de livrée » étaient, au XVIIIe siècle, les laquais. Les bourgeois imitèrent ensuite les nobles et firent tailler à leurs domestiques des livrées ornées par des boutons à leur chiffre ou à leurs armes. Le catalogue propose d’autres livrées, notamment aux armes Rothschild, en drap bleu, doublé jaune, orné de galons armoriés (vers 1867). Elle est estimée 1 000/1 200 €.

Coutau-Bégarie, 60 avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris

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