La Renaissance à Toulouse

Publié le 26/06/2018

Saint Lizier du Couserans, saint Roch, saint Sébastien, xylographie coloriée, Toulouse, fin du XVe siècle. Toulouse, Musée Paul Dupuy.

Ville de Toulouse

Giorgio Vasari, peintre, architecte, historien de l’art est le premier à utiliser, en 1550, le terme « Renaissance » pour définir le mouvement artistique et littéraire développé en Italie puis en Europe — et en France en particulier —, durant les XVe et XVIe siècles. Cette période marque le début des temps modernes.

Ville d’art et d’histoire, capitale régionale dès le XVIe siècle, catholique Toulouse est à cette époque un centre artistique brillant. Ses nombreux hôtels particuliers, souvent possession des capitouls, magistrats élus dirigeant la ville de 1147 à 1789 ; ses églises et couvents attestent d’un passé prestigieux. Loin de la cour, Toulouse a bénéficié d’une certaine indépendance pour réaliser à la Renaissance une création particulière. Deux expositions majeures retracent cette période faste. Le musée des Augustins présente l’art et l’architecture et la Bibliothèque d’étude du patrimoine expose notamment des manuscrits enluminés. À l’occasion de cet événement, des restaurations de vitraux, sculptures et orfèvrerie ont été effectuées.

Nicolas Bachelier, Tête d’homme barbu, 1532, musée des Augustins, Toulouse.

Daniel Martin

Le passé de cette cité puissante et prospère est évoqué par diverses œuvres : livres d’archives enluminés, espadon (épée à 2 mains) ; une Descente de Croix, réalisée par un peintre néerlandais vers 1510, révèle l’attrait de Toulouse pour les artistes flamands notamment. À admirer parmi toutes les œuvres présentées, quelques vitraux de la cathédrale d’Auch exécutés entre 1509 et 1513, par Arnaut de Moles, peintre-verrier d’une grande virtuosité. Prophètes, apôtres ou sibylles sont doués d’une forte présence et les rouges, bleus, verts n’ont rien perdu de leur éclat.

Toulouse possède des moyens importants générés par la culture de la plante donnant le pastel, cela a permis son développement artistique. Peintures et sculptures affirment une création renouvelée ; en témoigne le Buste-reliquaire de Saint Lizier (1518) d’une exceptionnelle qualité : en argent doré décoré de pierres et d’émeraudes ou une croix processionnelle finement ciselée, elle aussi décorée de pierres. Entre le Moyen-Âge et la Renaissance la sculpture connaît un bel essor ; des éléments de décors de cathédrales et de châteaux témoignent de l’évolution novatrice de cette création. Ainsi les « 6 Sibylles et Prophètes », de Jean Bauduy, placés côte à côte, grandeur nature, impressionnants et fort vivants. Une œuvre retient particulièrement l’attention : Ecce Homo (1510-1520) avec quelques restes de polychromie. Une image du Christ doloriste et digne, un corps magnifique, l’expression du visage est bouleversante. C’est le triomphe de la Renaissance où les personnages sont incarnés.

Une transition se fait jour dans la création de 1530 à 1560. Les motifs érudits font place à un art proche de celui de la cour ; peu à peu s’impose « l’épanouissement classique ». Un hommage est rendu à Nicolas Bachelier qui a créé des décorations de fenêtres issues de l’ordre dorique et qui exécute aussi des hauts reliefs en pierre calcaire, tels la Vierge à l’Enfant, au doux visage rempli de tendresse. C’est encore Jean Rancy, créateur de Dame Tholosane, une allégorie en bronze ; la belle jeune femme repose sur un pied, une prouesse d’équilibre.

Si des conflits politiques et religieux entraînent des troubles à partir de 1560, la création artistique demeure parfois marquée par une exubérance maniériste. Toulouse demeure un foyer d’art de premier plan : le Mercure volant de Jean de Bologne confirme par son attitude et sa gestuelle la vigueur créative de l’époque. Les fondeurs comme les ébénistes prouvent leur grande qualité. La fin du XVIe et le début du XVIIe siècles, confirment une forte créativité, des échanges fructueux et une approche diverse de la Renaissance.

L’ensemble des manuscrits enluminés réunit 4 artistes aux styles divers qui n’empêchent pas leur rapprochement. Ils ont œuvré entre 1455 et 1535. Grands mécènes, les capitouls leur passent commande. Livres d’heures, bréviaires, manuscrits liturgiques entre tradition médiévale et modernité. Raffinement, beauté du dessin, couleurs lumineuses suscitent l’admiration.