L’Âge d’or

Publié le 22/02/2018

Ghislain et Marie David de Lossy / Plainpicture (détail)

Il existe de tragiques destins… Mais il arrive aussi que de ces destins brisés surgissent des miracles, comme peuvent l’être la poésie, l’amour et l’espoir…

Que peut-on vivre de pire quand on a déjà traversé la guerre, connu les crimes commis par les Allemands puis par les Russes, vu tant de morts, ressenti la faim, survécu aux bombardements pour finir en exil ?

Joan London nous livre dans son roman, Elsa et Frank, traduit pour la première fois en France, une réponse pleine de vie, une ode à l’amour, à la poésie et à la musique.

Rien n’aura été épargné à Frank Gold.

Nous sommes, non loin de Perth, en Australie-Occidentale, en 1954. Frank est à peine âgé de 13 ans, il vient d’arriver en Australie, sa famille et lui constituent ce que l’on appelle désormais les « nouveaux Australiens », ces immigrés qui ont fui la vieille Europe, après les exactions commises, et qui viennent chercher sur cette terre aride et dure l’espoir d’une vie enfin meilleure.

Mais le malheur rode, la maladie, une épidémie de poliomyélite, va le faucher et stopper net cet enfant malin.

De ce malheur, de cette souffrance infligée à son corps, Frank va grandir, renaître à la vie en découvrant la poésie et l’amour. « La polio lui avait pris ses jambes, mais elle lui avait fait, aussi, découvrir sa vocation : la poésie » (p. 17).

Cette vocation va se jouer dans une maison de convalescence pour enfants poliomyélites : l’Âge d’Or. Cet ancien pub, reconverti en maison de convalescence est ouverte à tous les vents. Elle laisse aux enfants l’espoir de jours meilleurs en leur offrant soins, attentions, jeux et éducation.

Elsa — à peine âgée de 13 ans elle aussi — et Frank vont s’aimer ; de cet amour naîtra l’espoir chez tous les adultes qui les entourent, des médecins aux infirmières, des kinésithérapeutes aux parents.

Il va se mettre à rédiger des vers, des vers qui ne riment pas ; son objet d’adoration sera tout trouvé : Elsa.

« Tu es la première habitante

Que j’ai rencontrée

De ce nouveau pays » (p. 200).

Mais ce qui pourrait passer pour une amourette entre enfants est bien plus que cela pour Elsa et Frank, qui ont grandi trop vite… Ils ne se rendent pas compte qu’ils brûlent les étapes et qu’ils vont dépasser les limites de la bienséance.

Cette rencontre amoureuse est l’occasion pour Joan London de dresser un portrait de l’Australie des années 1950. L’occasion pour nous de découvrir ce pays-continent sous l’œil des anciens et nouveaux arrivants et de comprendre comment s’est constitué cette nation ; quel état d’esprit régnait à cette époque, entre puritanisme et liberté ; comment ce pays permettra à de nombreux hommes et femmes de se reconstruire, de se libérer du malheur et de retrouver leurs rêves oubliés et enfin d’exister, et de vivre.

Elsa et Frank, sont deux êtres qui vous réconcilieront avec la vie et, sous la plume de Joan London, l’Âge d’or peut renaître à tout instant…

 

 

 

 

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