Perles de jazz : retour sur quelques météores

Publié le 16/09/2021

Mercury Records

Carrières météoriques, le temps d’un seul album parfois. Et pourtant elles ont laissé leur empreinte.

Nana Mouskouri version jazz à New York. Pépite absolue du jazz tant pour la rareté de l’incursion de Nana dans ce genre, que pour la qualité de l’album tissé de main d’orfèvre par Quincy Jones, Nana Mouskouri à New York est un régal. On est en 1962. Elle a déjà enregistré quelques disques de variété, surtout en Grèce. Nana a 28 ans lorsqu’elle part à New York. C’était son premier voyage aux États-Unis. L’album contient des versions à tomber de No Moon at all, Smoke Gets In Your Eyes, I Get A Kick Out Of You, pour ne citer que quelques standards. Aussi What Now My love, version « US » de Et maintenant de Gilbert Bécaud, Pierre Delanoë et Carl Sigman. La voix de Nana fait des merveilles. Outre la patine de Jones, l’album est animé par un orchestre de haute volée conduit par Torrie Zito, dont on a oublié le nom. Pianiste, arrangeur des cordes sur l’Imagine de John Lennon, Torrie était le mari de la délicieuse Helen Merrill. À l’écoute, on sent Nana à l’aise. Pourtant, ce sera son seul album de jazz. Il n’en a que plus de saveur. À l’époque, il n’est distribué qu’aux États-Unis sous le titre The Girl From Greece Sings. Plus tard en Europe, il deviendra Nana Mouskouri à New York.

Pat Thomas. Quel bonheur un soir sur la plage d’entendre Pat Thomas sur France Musique (à ne pas confondre avec Pat Thomas, compositeur ghanéen), chanteuse apparue au début des années soixante. Elle restera connue pour son album – elle n’en grava que trois – Desafinado, tube planétaire et inoxydable. Tout était réuni : Lalo Schifrin et Claus Ogerman à la direction et aux arrangements, excusez du peu ! Et Verve comme label. La courte carrière de Pat n’aura toutefois pas duré, on ignore pourquoi. Cette journée-là, à la radio, on entendait I Didn’t Know What Time It Was et Star Eyes de l’album Jazz Patterns (1961). L’envie de ne pas rentrer et de rester au bord de la mer.

Qu’est devenue Sara Lazarus ? Reconnue comme particulièrement talentueuse par la scène du jazz, Sara Lazarus avait remporté en 1994 le premier prix du concours Thelonious Monk. On se souvient en particulier de l’album It’s All Right With Me, avec Biréli Lagrène. Diego Imbert et André Ceccarelli, entre autres, participaient aussi à cet opus où la voix de Sara faisait merveille sur des standards de Cole Porter, Ira Gershwin, Harold Arlen. C’était en 2006. Sara avait déjà gravé deux albums. Elle n’en fera pas d’autres. Elle aimait parler des autres chanteuses et était venue à plusieurs reprises dans une émission d’Arnaud Merlin pour parler notamment de Blossom Dearie. On peut encore écouter le concert, en ligne, qu’elle donna en 2014 sur les ondes de France Musique (« Jazz sur le vif »), accompagnée par Alain Jean-Marie (piano), Gilles Naturel (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie), les deux premiers étant déjà présents sur l’album It’s All Right With Me. À partir de 2015, la trace de Sara s’évapore…

L’autre Diana. Elle était d’abord actrice et tourna avec Victor Mature, Vittorio Gassman et sous la direction notamment de Jack Cardiff ou Jacques Demy. Elle s’appelle Diana Dors. Elle avait enregistré Imagination avec un sacré orchestre, celui de Wally Stott (Angela Morley), qui officia entre autres pour Shirley Bassey. Le piano y est délicieux. On peut retrouver le morceau dans l’album Swingin’ Dors, aux côtés d’un autre que l’on aime bien : Roller Coaster Blues, plein de swing. Diana n’a pas eu une grande carrière ni dans le jazz, ni même au cinéma, ce qui ne l’a pas empêchée d’être une icône : sa photo figure au premier rang sur la pochette de l’album des Beatles, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Pas mal.

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