Pierrot et Arlequin en blanc et noir

Publié le 17/11/2021

Pierrot et Arlequin en blanc et noir

Cet exemplaire de l’édition originale et premier tirage, illustré par Louis Lassalle, est estimé 500/600 €.

Pierre Bergé & Associés

Chacun connaît la comptine racontant l’histoire de Pierrot qui, au clair de la lune, refuse de prêter sa plume à son ami dont la chandelle est morte et qui n’a plus de feu. Mais qui est donc cet ami ? Aurait-on la réponse dans le charmant récit Noir et blanc. Vie et aventures de Pierrot et de son ami Arlequin racontées aux enfants, écrit par Jules Bozérian (1825-1893) ? Rien n’est moins sûr. Cet auteur, qui était par ailleurs avocat, et aussi conseiller général du Loir-et-Cher puis sénateur du même département, constate que Pierrot et Arlequin, derniers rejetons d’une famille qui fit les délices des Italiens, ont perdu avec la disparition du théâtre forain, leurs derniers ornements. « N’ayons pas de regret mes amis ; si le théâtre forain s’est appauvri […] le monde s’est enrichi de deux honnêtes gens. Ne vous reste-t-il pas, pour vous divertir, l’impérissable Polichinelle ». Un exemplaire de l’édition originale de Vie et aventures de Pierrot et de son ami Arlequin, en premier tirage, comprenant 16 figures hors texte par Louis Lassalle [1810-1870] sur papier fort et lithographiées sur fond teinté et rehaussées de couleurs, relié par Champs en demi-maroquin bleu avec coins, dos à nerfs orné, non rogné, couverture illustrée et dos conservés, sera mis en vente le 25 novembre prochain par la maison Pierre Bergé & Associés, avec une estimation de 500/600 €, lors de la dispersion de la bibliothèque d’illustrés romantiques de Pierre Collin.

Ce n’est donc pas à Polichinelle que Pierrot refuse de prêter sa plume. Cette chanson, dont on ne retient que deux couplets, daterait du XVIIe siècle et aurait été mise en musique par Jean-Baptiste Lully (1632-1687). Mais là encore rien n’est moins sûr. Quelques auteurs affirment que la partition aurait été inspirée d’un air du ballet Cadmus et Hermione, la première tragédie lyrique composée par Jean-Baptiste Lully, sur un livret de Philippe Quinault, créée le 27 avril 1673 à l’Académie… Mise à la mode au milieu du XVIIIe siècle, les paroles de la comptine ne furent publiées qu’en 1843 dans l’ouvrage de Théophile Marion Dumersan, Chants et chansons populaires de la France (F. Loquin, 1842). Sans entrer dans les interprétations diverses du texte et en ne conservant que l’esprit de la comptine, nous nous interrogeons encore. Qui donc demande à Pierrot de lui prêter sa plume ? N’écoutant pas Bozérian, nous pouvons penser qu’il s’agit d’Arlequin bien sûr, son rival auprès de Colombine. Ces personnages issus de la Commedia dell’Arte eurent leur heure de gloire au XVIIe siècle, puis furent quelque peu oubliés, jusqu’à ce que la pantomime revienne à la mode vers 1830, avec notamment Jean-Charles Debureau (1829-1873). Ce dernier reprit le personnage de Pierrot, tout de blanc vêtu, visage compris. Jean-Louis Barault devait l’interpréter dans le film de Marcel Carné, Les Enfants du paradis (1944).

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