Roullet-Decamps et les automates

Publié le 25/03/2022

Ce Clown au poids est estimé 15 000/20 000 €.

Beaussant Lefèvre & Associés/Drouot

Des animaux miniatures ne demandent qu’à se réveiller et entrer dans une sarabande. Il n’est pas besoin d’être magicien pour les animer ; il suffit d’introduire une clé dans le corps de chacun d’eux et de la tourner. L’instant devient magique, ponctué du bruit de petites roues dentelées qui s’accrochent les unes aux autres : l’éléphant pataud marche, le porc piétine, la poule pond – des œufs en bois – le paon fait la roue et la panthère rampe et gronde. Les automates, quels qu’ils soient, ont une vie qui leur est propre. Qui a dit que « chaque corps organique d’un vivant est une espèce d’automate naturel » ou l’inverse ? Nous pouvons nous le demander en suivant les évolutions des différents clowns sortis des ateliers Roullet-Decamps.

L’un d’eux, Le clown équilibriste à l’échelle (automate mécanique) sera mis en vente à Drouot, le 4 avril prochain, par la maison Morand & Morand, avec une estimation de 1 500/1 800 €, lors de la dispersion de la collection de Cosette Bellancourt, arrière-petite-fille de Jean Roullet, fondateur de la fabrique d’automates Roullet-Decamps. La fabrique est née en 1867, lorsque Jean Roullet, un enfant du Dauphiné, après s’être installé Paris en tant que mécanicien-outilleur, s’était associé avec un sertisseur du nom de Lamour. Les deux hommes produisirent un petit sujet qui avançait en poussant une brouette, tout de porcelaine et de métal embouti. Le mouvement de la marche était soigneusement reproduit, et la roue de la brouette assurait la stabilité. Présenté à l’exposition internationale de 1867, l’objet reçut une médaille de bronze. L’aventure pouvait commencer, elle durera jusqu’en 1995. Dix ans plus tôt, Cosette avait entrepris d’abriter les automates dans un écrin qui pourrait les entretenir. En 1985, l’État français acquit la collection, désormais conservée au musée de l’automate à Souillac.

Si les automates ne sont généralement pas signés, on les distingue grâce à leur mécanisme particulier et à leur sujet. « Acteur muet, il est destiné à être toujours en représentation, et pour qu’il ne soit pas trop encombrant, il mesure en moyenne 50 cm à 70 cm », disent les amateurs. La production de Roullet-Decamps a été marquée par des animaux, comme la tortue, le kangourou, le canard, le lapin, l’éléphant, qui marchent, sautent, courent, pédalent, roulent et sortent même de leurs niches. Dans ce panel, les clowns ont joué un rôle important. Un Clown au poids (h : 90 cm) estimé 15 000/20 000 €, fait mine de soulever un poids sans y parvenir, puis y parvient et s’éponge le front, hoche la tête et bouge les yeux. Un autre Clown mains à mains, estimé 5/6 000 €, se dresse à la verticale avec mouvements des jambes. Les adorateurs d’opéra se souviennent que, pour sa mise en scène des Contes d’Hoffmann, Patrice Chéreau avait exigé que la poupée Olympia fût un véritable automate : un automate conçu par Roullet-Decamps.

• Morand & Morand, 3 rue Ernest Renan, 75015 Paris.

Plan
X