Exposition universelle 2025 : Osaka candidat face à Paris

Publié le 29/05/2017

Après avoir laissé planer le doute, le Japon a enfin officialisé sa candidature pour l’Exposition universelle 2025 le 24 avril dernier. C’est donc entre l’archipel d’Osaka et la ville de Paris que le Bureau international des expositions devra faire son choix. Du côté français, il reste aussi à arbitrer sur le site qui sera choisi dans le projet final. Avec une surprise : l’abandon de la candidature du Val-de-Marne.

Le département s’y voyait pourtant déjà… Fin mars, la CCI du Val-de-Marne et les élus locaux en charge de l’Exposition universelle 2025 organisaient même une réunion publique avec les entrepreneurs et acteurs locaux du tissu économique pour leur présenter le projet : des pavillons sur berges déployées tout au long de la Seine. Mais les centaines de milliers d’emplois et les milliards d’euros de retombées économiques ne profiteront finalement pas (du moins de manière directe) au Val-de-Marne. La cause  ? Les exigences du projet en termes de superficie qui ont rapidement rendu le projet irréalisable. « Nous avons essayé de dépasser les difficultés posées par l’organisation d’un tel événement, mais notre projet a fini par se transformer en défi au temps et à la réalité. Nous ne pouvions mobiliser, au mieux, qu’une quarantaine d’hectares ne remettant pas en cause les règles d’urbanisme et les activités économiques présentes », explique à regret Christian Favier, président PCF du Conseil départemental. Le site, qui comptait initialement 50 hectares, devait au final être constitué de 125 hectares sécurisables. Le tout capable d’accueillir 45 millions de visiteurs avec des pics de 500 000 visiteurs par jour. La décision de retirer la candidature après six mois de travail marque un nouvel échec, après celui des Jeux olympiques 2024 qui n’ont retenu aucun site dans le Val-de-Marne, ou encore celui du grand stade de rugby récupéré par l’Essonne avant d’être abandonné. Le sénateur PS et maire d’Alfortville, Luc Carvounas, partage lui aussi sa déception, d’autant que sa ville était au cœur du site de confluence. Il a déclaré regretter que la décision ait été prise de façon unilatérale par le conseil départemental « sans l’avis des élus ou d’institutions comme la CCI ». Gilles Saint-Gal, vice-président PCF du conseil départemental assure de son côté que les six mois d’études n’ont pas été réalisés en vain et que le projet permettra de travailler sur le territoire, même sans Exposition universelle.

Quatre sites potentiels pour l’Île-de-France

Si le Val-de-Marne jette l’éponge, reste quatre autres emplacements potentiels encore en compétition pour accueillir l’Exposition 2025 : le triangle de Gonesse (Val-d’Oise), la Plaine de l’Ourcq (Seine-Saint-Denis), le plateau de Saclay (Essonne) et le Val d’Europe (Seine-et-Marne). Chacun essayant de répondre au mieux au thème de la candidature française. « La connaissance à partager, la planète à protéger ». Jean-Christophe Fromantin, député-maire LR de Neuilly-sur-Seine et instigateur du projet français, avait un temps appelé de ses vœux une Exposition décentralisée à travers tout le pays. Mais la condition de lieu unique a été maintenue par le BIE (Bureau international des expositions), ce qui explique le repli sur l’agglomération parisienne. Les quatre sites potentiels possèdent néanmoins chacun leurs propres atouts. Pour la communauté d’agglomération Est-Ensemble, qui gère la candidature de la Plaine de l’Ourcq, c’est sur le paysage que l’on mise avec un projet qui veut relier les espaces naturels de l’Est parisien pour créer une promenade verte. Le Val d’Europe, l’un des candidats les plus sérieux, met en avant sa gare d’interconnexion, le foncier disponible ainsi que la proximité de Disneyland Paris. Le plateau de Saclay enfin, fait valoir la richesse de ses établissements d’enseignement supérieur et de recherche (parmi lesquels on retrouve Centrale, Polytechnique et Normale sup) et ses laboratoires qui travaillent sur l’environnement. D’ici à la mi-juin l’association Expo France (en charge de préparer la candidature française) devra effectuer un choix pour mener la candidature vers les dernières étapes.

France-Japon

Si la candidature du Japon était pressentie depuis plusieurs mois, il a fallu attendre le 24 avril (un mois avant la fin du dépôt des candidatures) pour en voir l’officialisation. Le pays du Soleil levant a choisi l’île artificielle de Yumeshima, dans la baie d’Osaka, pour servir de potentiel lieu d’accueil. Avec un thème résolument tourné vers les nouvelles technologies : « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain ». Pour Masato Kitera, ambassadeur du Japon en France, « le Japon veut concevoir la cité du futur, imaginer la vie de demain ». La candidature est jugée sérieuse depuis la France, d’autant qu’Osaka avait déjà accueilli une Exposition universelle en 1970 et compte bien proposer un projet ambitieux. Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, vante de son côté le « patrimoine foisonnant » de son pays et les cinq monuments historiques de la région du Kansai, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour autant, la candidature japonaise ne fait pas peur au comité français, qui espère au contraire que celle-ci lui donnera encore plus l’énergie pour sortir vainqueur.

Rencontre avec Laurent Lafon, maire de Vincennes et délégué spécial chargé de l’Exposition universelle 2025.

Les Petites Affiches – Pourquoi l’Île-de-France a-t-elle décidé de s’impliquer dans ce projet  ?

Laurent Lafon – 125 ans après la construction de la Tour Eiffel, la France est de nouveau candidate à l’Exposition universelle. Dès le lendemain de son élection à la tête de la région Île-de-France, Valérie Pécresse a réaffirmé son engagement pour l’accueil de l’Exposition universelle de 2025. Si la France est retenue par le Bureau international des expositions (BIE), le site du Village Global se situera nécessairement dans notre région capitale. Ce projet est celui des optimistes. Des acteurs engagés dans la révolution numérique et technologique, convaincus que celle-ci offre des chances inédites de développement pour nos sociétés modernes. Vous le voyez, la région Île-de-France est un acteur incontournable de l’Exposition universelle 2025, car prendre sa place dans la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025 c’est donner vie à l’une des seules grandes entreprises collectives à partager.

LPA – Quelles retombées espérez-vous en cas de succès  ?

L. L. – Notre modèle économique est à la fois durable et vertueux. L’engagement de la région s’inscrit dans une logique d’investissement dont l’horizon dépasse le temps de l’événement, notamment en matière de transport, de développement durable et d’emplois pour l’ensemble de notre territoire. Une étude réalisée par le cabinet Deloitte sous la direction de l’économiste Christian de Boissieu, validé avec les équipes de Bercy, met en exergue, sur la base de 45 millions de visiteurs, un impact de 23 milliards d’euros, 160 000 emplois durables et 0,5 point de croissance pour le pays.

LPA – La précédente Exposition, à Milan en 2015, a été ponctuée par de multiples polémiques et s’est terminée en demi-teinte. Est-ce un sujet d’inquiétude  ?

L. L. – Je ne suis absolument pas inquiet. La candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025 ne doit pas se construire à partir des codes et des réflexes du passé ; elle doit au contraire préfigurer l’avenir et entraîner notre pays dans une nouvelle ère de progrès, de rayonnement et d’audace.

LPA – La candidature d’Osaka vient d’être annoncée, est-ce un concurrent sérieux pour Paris  ?

L. L. – Le Japon est un concurrent sérieux, oui bien sûr. La compétition est enthousiasmante et c’est une bonne chose. C’est d’ailleurs le principe des Expositions universelles. Il est évident que la concurrence, c’est la liberté. La liberté d’agir, d’innover, de construire des lendemains possibles et par la suite de pouvoir choisir, comparer en toute intelligence. La candidature de la France, et plus précisément celle de Paris – première destination mondiale du tourisme – est un événement très attendu. Nous avons, par ailleurs, l’habitude d’organiser et de recevoir les grandes manifestations mondiales. Elle est portée depuis 2010, dans un premier temps par Jean-Christophe Fromantin, président de l’Association ExpoFrance 2025 à l’initiative du projet, puis dans un second temps par la mobilisation de tous les pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Notre candidature n’est ni de droite, ni de gauche, ni publique, ni privée, elle n’est pas une affaire personnelle ni celle d’un groupe, d’une ville ou d’un syndicat, elle est la mobilisation de toute la France pour exprimer à la fois notre fierté, notre ambition et notre ouverture sur le monde. Critère décisif pour le BIE, notre population adhère massivement au projet. Selon une étude réalisée par l’IFOP pour ExpoFrance, 86 % des Français interrogés se déclarent favorables ou très favorables à la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025. C’est un élan de créativité et d’innovation que nous avons le devoir d’amorcer pour les générations futures.

LPA – Comptez-vous sur un support important de la part des entreprises locales et de l’écosystème économique régional ?

L. L. – Un support massif de la part des entreprises est d’ores et déjà à l’œuvre puisque nous avons pris le parti d’un financement essentiellement privé sans financement public net et en adossant des forums thématiques à de grands sites patrimoniaux existants ou à des projets déjà programmés à l’horizon 2025. La candidature de la France se veut avant tout écoresponsable et vertueuse. L’Exposition universelle sera par ailleurs l’occasion d’un fort développement économique pour l’ensemble de l’écosystème francilien.

LPA – Quelles sont les prochaines échéances à venir ?

L. L. – Nous faisons aujourd’hui l’objet d’une enquête réalisée, sur place, par le BIE et à l’international par la promotion de notre candidature auprès des 167 autres États membres du BIE. En 2018, les États membres voteront pour sélectionner le pays hôte de l’Exposition universelle de 2025. Surtout, la prochaine échéance est celle de l’engagement de tous les Français derrière la candidature de la France. De la petite enfance au quatrième âge, de l’école à la start-up, des urnes à l’entreprise, d’un bout à l’autre du monde à l’autre, les aventures individuelles et collectives que nous avons esquissées le prouvent, un grand bouleversement est en train de s’opérer. Chacun de nous y contribue pleinement, sans même parfois s’en rendre compte. Engagez-vous !