Francine Savidan : « Le plafond de verre commence à exploser » !
Il reste encore quelques jours aux femmes entrepreneuses pour postuler au concours Créatrices d’Avenir ! La 14e édition du concours, destiné à soutenir l’entrepreneuriat des femmes, a débuté en juin dernier. Les candidates ont jusqu’au 30 septembre pour se déclarer et postuler pour l’un des 8 prix du concours, d’une dotation globale de 60 000 euros Depuis ses débuts, Créatrices d’Avenir a enregistré les candidatures de près de 4 000 entrepreneuses franciliennes, a sélectionné 200 finalistes et récompensé 80 lauréates, donnant à chacune un accompagnement et une visibilité déterminants. Un prix « Émergence » vient d’être créé pour accompagner les femmes encore plus tôt dans leur parcours entrepreneurial. Le point avec Francine Savidan, présidente du réseau Initiative Île-de-France, en charge de l’organisation du concours depuis 2015.
Actu-Juridique : Le concours Créatrices d’Avenir en est à sa 14e édition. Quels sont ses objectifs ?
Francine Savidan : Depuis les débuts du concours en 2011, nous poursuivons 4 objectifs : détecter les femmes créatrices d’entreprise en Île-de-France, les mettre en lumière et ainsi donner aux autres l’envie d’entreprendre à leur tour, leur montrer que l’accompagnement est un atout majeur à tous les stades du projet, et mettre en valeur nos partenaires publics et privés, aussi motivés que nous à mettre en avant les femmes qui entreprennent. Au-delà des figures médiatiques et connues du grand public, l’Île-de-France regorge de femmes entrepreneuses, véritables rôles modèles, dont le parcours peut inspirer celles qui voudraient ou hésiteraient encore à se lancer !
AJ : Quels sont les profils des candidates cette année ?
Francine Savidan : Toutes les femmes qui souhaitent entreprendre peuvent postuler, quels que soient leur âge, parcours, projet ou territoire. Les seules conditions pour postuler sont d’avoir un Kbis et que l’entreprise soit domiciliée en Île-de-France. Les candidatures seront closes à la fin du mois de septembre, et nous en avons traditionnellement beaucoup qui arrivent les derniers jours. Par rapport à l’an dernier à la même date, nous enregistrons une progression de l’ordre de 10 %. Nous avons six prix thématiques. La catégorie « Impact » regroupant les projets relevant de l’économie circulaire ou sociale et solidaire est depuis plusieurs années celle qui suscite le plus de candidatures. Beaucoup de femmes lancent des projets en circuit court, des entreprises vertueuses et écologiques. Beaucoup de finalistes et lauréates intègrent chaque année une dimension de ce type. Je fais partie du comité d’agrément du réseau Initiative Seine-Saint-Denis et je constate la même dynamique. Même quand les mots RSE ou développement durable ne sont pas employés, les notions environnementales et énergétiques sont très présentes. L’écologie est totalement rentrée dans l’ADN des jeunes créatrices. Pour moi qui suis d’une autre génération, c’est flagrant et réjouissant !
AJ : Vous organisez ce concours depuis plusieurs années. A-t-il fait progresser l’entrepreneuriat des femmes ?
Francine Savidan : L’écart entre les genres se réduit depuis 2018 au niveau national. Selon un sondage IFOP de 2023, 28 % des Françaises participent désormais à la chaîne entrepreneuriale, qu’elles aient l’intention de créer leur entreprise, qu’elles en portent le projet ou qu’elles soient déjà chefs d’entreprise ou ex-chefs d’entreprise. Les femmes sont de plus en plus audacieuses. Le taux de femmes entrepreneuses accompagnées par les réseaux comme Initiative Île-de-France avoisine les 40 %, alors que quand l’État et la région Ile-de-France se sont emparés de cette problématique et ont lancé le concours, il était de 23 % seulement. Il y a une amélioration incontestable. Le plafond de verre commence à exploser !
AJ : Quels conseils donneriez-vous aux candidates ?
Francine Savidan : De l’audace, toujours ! Elles osent entreprendre, par nature. Je les invite à poser leur candidature. Elles apprendront à mieux se connaître, à présenter leur projet. La visibilité que donne le concours est vraiment importante, plus à mon sens que la dotation financière. Les femmes primées sont très présentes sur les réseaux sociaux. Certaines entreprises comme Cinébébé, qui fabrique de faux bébés pour les tournages de cinéma, a connu un essor fulgurant après avoir été primé au concours. Les créatrices sont en train de monter une antenne de leur entreprise à Londres ! Le concours est un moment privilégié pour comprendre l’intérêt de son projet et apprendre à communiquer dessus.
AJ : Le concours ouvre cette année une nouvelle catégorie. En quoi consiste le prix Émergence ?
Francine Savidan : Ce prix cible les créatrices qui ont un projet dont l’activité n’est pas encore lancée, mais présente un potentiel de développement. On essaye de cueillir ces entrepreneuses dont la création est encore balbutiante, pour leur éviter d’abandonner. L’une des difficultés pour tout porteur de projet entrepreneurial est de savoir estimer leur projet, notamment en termes financiers. Les créatrices notamment le sous-estiment fréquemment, n’osent pas demander de crédit à la hauteur de leurs besoins. Il faut chiffrer ses besoins de manière ambitieuse. Le concours peut les aider à compléter la mise d’origine et à avoir accès au crédit. Cela dit, l’argent n’est pas le premier intérêt du concours. Ce qui compte, c’est de faire entrer des femmes dans une dynamique entrepreneuriale, pour qu’elles prennent leur place dans la création d’entreprise en Île-de-France.
Référence : AJU015l5