Je vais bien ne t’en fais pas

Publié le 18/10/2018

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Il y a des silences gênés, des « ça ira mieux demain », quelques rares mots de réconfort, des encore plus rares « c’était sa décision ». Mais il y a surtout une colère enfouie, une rage de ne plus pouvoir évoquer l’absent, les mots qui ne viennent plus, les plaisirs qui n’en sont plus quand un être que vous aimiez follement disparait tragiquement…

Et même si c’est tragique, doit-on alors ne vivre que dans cette souffrance de l’absence ? Peut-on être joyeusement triste ?

Il aura fallu attendre la mort de ce frère chéri pour qu’Olivia de Lamberterie prenne la plume afin de se raconter et nous dévoiler l’auteur qu’elle est…

Nous la connaissions comme critique littéraire à Elle, Télématin ou France Inter, mais jusque-là nous n’avions rien lu de personnel de sa part ; chose normale, puisque son travail d’écriture était réservé aux commentaires sur ses lectures. Mais quand son frère meurt en ce 14 octobre 2015 à Montréal, elle ne peut plus se taire et répond à l’une de ses dernières incantations : « écris-le, ce livre » !

Alors oui, elle l’a écrit ce livre sur lui : pour le raconter, dire, crier au monde entier, quel homme extraordinaire était Alexandre de Lamberterie. Libre, gai, époustouflant, mais aussi triste et atteint de dysthymie ; on parlerait à une autre époque de mélancolie, dans un autre pays de saudade…

Sous la forme d’un carnet, elle retrace les derniers mois, comme des billets qu’elle lui adresserait, comme si le lien n’était pas rompu et qu’elle continuait par ce biais à s’entretenir avec lui.

Une seule question la taraude : mais où est-il, ce frère tant aimé ; où se cache-t-il ? Dans cet oiseau noir qui vient lui rendre visite à Montréal ou à Paris ? C’est étrange d’assimiler son frère à un corbeau ou à un aigle noir et pourtant, il est présent dans toutes les pages du récit.

Il y a ce côté mystique à voir des signes de lui partout, en tout, mais surtout il y a ce style pur qui crie et déchire mais qui dit vrai : le malheur et le bonheur de l’avoir connu, même si ce fut finalement si bref…

Ce livre n’est certainement pas un roman, encore moins un essai ; c’est une longue lettre d’amour pour s’assurer qu’il va désormais bien, là où qu’il soit, et que finalement – grâce à lui – elle va bien, ne t’en fais pas…

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