Le C.V. de Dieu

Publié le 25/10/2018

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« Le monde était fini, la Terre était finie, les animaux étaient finis, l’homme était fini. Dieu pensa qu’il était fini aussi. Il sombra dans une profonde mélancolie ». Ainsi commence cette drôle de pièce.

Que faire pour sortir de cette mélancolie ? L’idée vient à Dieu de chercher du travail sur la Terre. Il rédige donc un volumineux C.V., accompagné d’une lettre de motivation. La réponse ne tarde pas et il est convoqué par le directeur du personnel d’un grand groupe pour une semaine de tests et d’entretiens.

Tel est le sujet du livre, adapté ici au théâtre, écrit par Jean-Louis Fournier, auteur prolifique, aussi à l’aise sur les plateaux de télévision que sur les scènes de théâtre, glanant ici un Prix Femina, là le Prix des Lecteurs. Il est le très honorable représentant de cet humour à la française, léger, facétieux, mais aussi caustique et ravageur ; une certaine complicité avec Desproges et leur « monsieur Cyclopède »…

Le dossier de Dieu est massif : toutes ses créations ont été répertoriées dans de gros cartons entassés sur un « diable ». Pour convaincre le directeur du personnel de ses mérites et de l’importance de ses expériences passées, les photographies des créations ont été programmées par ordinateur pour être projetées sur grand écran. Le soleil, la lune, la mer, les fleuves, les montagnes, les animaux… Qui pourrait revendiquer un C.V. si exceptionnel ?

Mais le directeur ne se laisse pas impressionner ; c’est un teigneux qui n’hésite pas à tester Dieu sur les imperfections de ses créations et les erreurs commises dans leur fabrication : catastrophes naturelles, inondations, ouragans, épidémies… dérives de l’homme ! La candidature de Dieu le Père pose problème et la solution sera donnée au tout dernier moment.

Un texte serré, plein d’improvisation et de fantaisie, des répliques qui font mouche, une salle sous le charme et deux comédiens consacrés, familiers de ce marivaudage si particulier. Un Jean-François Balmer aussi impérial en commissaire de police aviné qu’en Dieu le Père prêt à tout pour ne pas s’ennuyer et Didier Bénureau, habitué aux sketchs à l’écriture mordante et aux personnages de « beauf » vachard.

On ne pouvait trouver mieux !

LPA 25 Oct. 2018, n° 140a1, p.16

Référence : LPA 25 Oct. 2018, n° 140a1, p.16

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