Mettre fin au trafic de cocaïne en Guyane : l’urgence d’une réponse plus ambitieuse

Publié le 25/09/2020

On estime qu’en temps normal, entre 20 et 30 passeurs de cocaïne souhaiteraient prendre chaque vol au départ de Cayenne en direction d’Orly et que 8 à 10 y parviendraient.

Le recours à ces passeurs occasionnels, qui s’introduisent dans le corps de la drogue sous forme d’ovules ou la dissimulent dans leurs vêtements ou bagages, a conduit à une augmentation considérable du trafic de cocaïne par voie aérienne entre la Guyane et l’Hexagone, qui représente aujourd’hui entre 15 et 20% des entrées sur le territoire, dans un contexte d’explosion de la production mondiale de cocaïne.Comme le souligne Olivier Cigolotti, président de la mission, ce phénomène en expansion est préoccupant, non seulement compte tenu de ses conséquences sanitaires et humaines dramatiques, mais aussi sur le plan de l’ordre public, dans la mesure où il alimente une dérive mafieuse à l’origine de divers actes de violence sur tout le territoire.« Il s’agit d’un véritable fléau pour les jeunes de Guyane, qui en sont les premières victimes » déplore, le rapporteur, Antoine Karam, rappelant que les passeurs sont principalement des jeunes privés d’emploi et issus de l’Ouest du département, où se concentrent de multiples difficultés socio-économiques.Au terme de quatre mois de travaux et de l’audition de nombreux acteurs impliqués dans la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants (forces de sécurité intérieure, élus locaux, douanes, acteurs associatifs, autorité judiciaire, etc.), la mission d’information, constituée à la demande du groupe La République en marche, a adopté aujourd’hui le rapport de Antoine Karam. Ce dernier estime que « si d’importants efforts [ont] été réalisés depuis la mise en œuvre du plan interministériel de lutte contre le phénomène des “mules”  du 27 mars 2019, notamment sur le volet répressif, une réponse plus globale et ambitieuse doit être apportée ».Les principales propositions de la mission visent à :– renforcer la politique répressive, en intensifiant les contrôles et les saisies pour diminuer la rentabilité du trafic et décourager les trafiquants. Le surcroît d’activité lié à ce renforcement implique de dégager des marges de manœuvre sur toute la chaîne pénale afin d’éviter l’embolie, en allégeant au maximum les procédures et en optimisant l’emploi des administrations concernées ;– doter la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants d’un volet social ambitieux, particulièrement en termes de prévention et de réinsertion. La mission propose notamment de confier explicitement au Préfet, en étroite association avec la Collectivité territoriale de Guyane, une mission d’impulsion de la politique de prévention et de coordination des initiatives locales, qui fait aujourd’hui défaut ;

– améliorer la coopération internationale, en renforçant notamment l’implication de la France dans la coopération régionale en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants dans la zone Caraïbes et en intensifiant sa coopération bilatérale avec les pays voisins, particulièrement avec le Suriname.

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