La mission Patrimoine en Péril au secours d’un site emblématique à Draveil

Publié le 26/12/2024

Villa Landers

Les 100 sites dont la rénovation sera prise en charge par la mission Patrimoine en Péril, dont l’objectif est de sauvegarder le patrimoine bâti et les parcs et jardins dans leur diversité sur tout le territoire national, viennent d’être dévoilés. La Villa Lander, dernier témoin des villégiatures des bords de Seine, à Draveil en Essonne fait partie des huit sites sélectionnés en Île-de-France.

En 2017, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine (JEP), le président de la République a confié à Stéphane Bern, la mission Patrimoine en Péril, dans le cadre d’une convention conclue entre le ministère de la Culture et la Fondation du Patrimoine, sous le patronage du président de la République. Cette convention a été renouvelée par le ministère de la Culture, la Fondation du Patrimoine et la Française des Jeux (FDJ), en 2021 pour une durée de 4 années.

Un dispositif participatif

Il s’agit d’un dispositif participatif permettant d’identifier le patrimoine immobilier en péril et de rechercher des solutions innovantes pour assurer le financement des travaux indispensables, en liaison avec les services du ministère de la Culture et la Fondation du Patrimoine. La mission se donne pour objectif d’assurer la restauration, l’entretien, la promotion et la transmission d’une grande variété de biens puisqu’elle englobe aussi bien le patrimoine bâti que les parcs et jardins. Les personnes, publiques ou privées, qui souhaitent signaler un bâtiment ou un parc et jardin présentant un intérêt patrimonial et dont la conservation leur paraît nécessaire, qu’il soit ou non protégé au titre des monuments historiques, peuvent le faire sur la plateforme numérique dédiée sur le site de la mission par les propriétaires ou maîtres d’ouvrage.

Un mode de financement innovant

La mission opère selon un mode de financement innovant, qui vient compléter les crédits de l’État, des collectivités territoriales et des propriétaires pour la protection des biens patrimoniaux. En effet, la loi de finances rectificative pour 2017, a ouvert la possibilité d’effectuer un prélèvement sur les sommes misées sur les jeux dédiés au patrimoine commercialisés par la Française des Jeux, afin de contribuer au financement des opérations de restauration. En outre, les subventions allouées par la Fondation du Patrimoine dans le cadre de la mission « Patrimoine en péril » peuvent être complétées par les subventions versées par le ministère de la Culture au titre de ses crédits « Monuments Historiques ». Enfin, la Fondation du Patrimoine peut faire appel à la générosité publique ou au mécénat d’entreprise pour compléter l’effort financier déployé pour la restauration des édifices retenus.

Une procédure d’auto-signalement

Le choix des opérations susceptibles de bénéficier des fonds mobilisés au titre de la mission « Patrimoine en péril » se fait sur la base des immeubles signalés sur la plateforme numérique dédiée sur le site de la mission par les propriétaires ou maîtres d’ouvrage. Le recensement des signalisations et la vérification des dossiers présentés sont assurés par les délégations régionales de la Fondation du Patrimoine, en lien, pour les monuments historiques, avec les conservations régionales des monuments historiques. Dans le courant du premier trimestre, le comité de sélection retient 18 monuments emblématiques régionaux. Au cours du deuxième trimestre, le comité de sélection établit la liste des monuments départementaux.

Un site remarquable retenu en Essonne

Depuis 2018, plus de 4 800 édifices signalés à la mission « Patrimoine en péril » ont été recensés sur la plateforme dédiée. Sur un total de 745 projets sélectionnés, 460 projets sont démarrés ou achevés. En septembre 2024, la Fondation du Patrimoine a dévoilé les 100 sites qui vont bénéficier d’un soutien financier pour être restaurés dans le cadre du Loto du patrimoine. La villa Lander, à Draveil (Essonne), fait partie des huit sites retenus en Île-de-France. Au bord du plateau de Brie, longeant la rive droite de la Seine, Draveil devient au XIXe siècle le rendez-vous de villégiature de la bourgeoisie et des milieux artistiques et savants de Paris. Sa situation avec d’un côté la forêt de Sénart et ses chênes centenaires et de l’autre la Seine avec ses nombreux plans d’eau et ses arbres aux essences rares en fait le lieu de prédilection des notables et les artistes, tels que Victor Hugo, Paul Nadar, Eugène Delacroix, Alphonse Daudet.

Une maison de villégiature de 1907 en bord de Seine

La Villa Lander est un exemple remarquable de l’architecture de villégiature qui se développe alors. Nombre de ces maisons ont été détruites ou laissées à l’abandon et n’existent plus aujourd’hui. En 1906, le Domaine du Clos-Piquet est cédé à Alphonse Lander. Cet industriel y imagine et réalise une villa d’un intérêt patrimonial certain, vestige rare des constructions typiques des bords de Seine de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. « L’immeuble dans son ensemble est un élément architectural remarquable. Sa toiture particulière ornée d’une flèche carrée met en évidence la richesse et le luxe de cette maison », souligne la Fondation du Patrimoine. En 1943, son nouveau propriétaire, l’industriel, Raoul Rubini, divise la propriété en 4 lots. Acquise par l’hôpital Joffre en 1955, la Villa Lander, entourée d’un parc de 1,3 hectare, abritait jusqu’en 2003 quatre logements de fonction.

Un chantier de rénovation de grande ampleur

Victime d’un incendie qui a ravagé la toiture en février 2004, la Villa Lander est depuis désaffectée. « La bâtisse a subi depuis les affres du temps, des intempéries et des squats successifs, souligne la Fondation du Patrimoine. L’édifice est aujourd’hui dans un état de dégradation avancé et impropre à l’habitation. Les récents diagnostics mettent en évidence la nécessité d’une reconstruction totale de la toiture, des planchers intermédiaires et de l’escalier monumental intérieur ». Des premiers travaux de sécurisation ont commencé pour le bâti mais également pour les jardins avec l’abattage d’arbres morts à fort risque de chute, y compris sur les propriétés voisines. « Les travaux de restauration se concentreront principalement sur la reconstruction de la charpente, de la couverture et des menuiseries extérieures selon les plans initiaux de 1907 », conclut la Fondation du Patrimoine.

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