Présentation de la règle du jugement commercial suite à son adoption par les principes de gouvernance d’entreprise de l’OCDE

Publié le 27/10/2023
Présentation de la règle du jugement commercial suite à son adoption par les principes de gouvernance d’entreprise de l’OCDE
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L’OCDE a récemment mis à jour ses principes de gouvernance d’entreprise en intégrant notamment une règle similaire à la règle du jugement commercial (Business Judgement Rule). Cette règle vise à protéger les membres du conseil d’administration contre les litiges s’ils agissent de bonne foi et avec diligence. Cette approche repose sur une présomption de non-responsabilité des administrateurs, justifiée par leur expertise et visant à attirer les meilleurs talents.

Le 8 juin dernier, l’OCDE a adopté une nouvelle mise à jour des principes de gouvernement d’entreprise. Ainsi que le précise la recommandation, « les principes de gouvernance d’entreprise (…) ont pour objet d’aider les responsables de l’action publique à évaluer et améliorer le cadre juridique, réglementaire et institutionnel organisant la gouvernance d’entreprise afin de favoriser l’efficience économique, une croissance durable et la stabilité financière ». Elle ajoute que « pour atteindre ce but, il s’agit principalement d’offrir aux actionnaires, aux administrateurs, aux dirigeants, et aux parties prenantes concernées, ainsi qu’aux intermédiaires financiers et aux prestataires de services, les bonnes informations et incitations pour qu’ils s’acquittent de leurs missions et contribuent à garantir la responsabilité en respectant l’équilibre des pouvoirs ». Si les principes de gouvernement d’entreprise de l’OCDE ne sont pas contraignants, ils constituent néanmoins une norme de référence.

La nouvelle version des principes introduit une règle équivalente à la règle du jugement commercial nord-américaine (Business Judgement Rule). En effet, le sous-principe V.A.1 prévoit que « les membres du conseil d’administration doivent être protégés contre les litiges si une décision a été prise en toute bonne foi et avec toute la diligence requise ». Le commentaire explique que « le fait de protéger les membres du conseil d’administration et de la direction contre d’éventuelles poursuites judiciaires s’ils ont pris une décision commerciale avec toute la diligence requise, en toute connaissance de cause et en l’absence de tout conflit d’intérêts, leur permettra de mieux assumer le risque d’une décision censée profiter à l’entreprise, mais qui pourrait, en fin de compte, se solder par un échec ».

Aux États-Unis, les juges considèrent que les administrateurs ont deux devoirs : un devoir de loyauté (duty of loyalty) et un devoir de diligence (duty of care), même si certains juges imposent parfois également que les administrateurs agissent de bonne foi1. Les devoirs de diligence et de loyauté des administrateurs sont dus à la société et aux associés2. Ces devoirs sont anciens, puisque dès 1891, la Cour suprême des États-Unis avait jugé que rien ne pouvait décharger les administrateurs de leur obligation de gérer et d’administrer diligemment les affaires de la société et de superviser activement la conduite des salariés3. Ils sont également considérés comme immuables. Les juges de la Cour suprême de l’État du Delaware ont par exemple estimé que les temps changeaient mais pas les devoirs des administrateurs4. Les juges justifient ces devoirs en assimilant les administrateurs à des quasi-mandataires5. La responsabilité des administrateurs pourra par exemple être engagée s’ils entraînent des dépenses manifestement inutiles pour la société6 ou s’ils ne s’informent pas suffisamment7. Cependant, la doctrine du jugement commercial, développée par les juges nord-américains (I), va restreindre les possibilités d’engager la responsabilité des administrateurs pour les actions prises dans le cadre de la gestion quotidienne de la société. Les tribunaux états-uniens considèrent que cette règle favorise une gestion efficiente des sociétés (II).

I – Une présomption de non-responsabilité

La règle du jugement commercial est une présomption simple (A) que les administrateurs ont agi en conformité avec leurs devoirs. Cette présomption ne pourra être remise en cause que dans des cas très limités (B).

A – Une présomption simple

Aux États-Unis, les juges refusent de s’immiscer dans la gestion de la société. Ils ont par exemple considéré, à propos d’un administrateur qui avait payé un consultant 125 000 dollars pour modifier le logo de la société, que cette dépense, qu’elle ait été sage ou insensée ou qu’elle ait comporté un risque faible ou élevé, cela n’intéressait pas la cour8. Ce refus de s’immiscer dans la gestion d’une société existe également en France. La cour d’appel de Versailles a notamment jugé que « les tribunaux ne sont pas juges de l’opportunité des décisions de gestion. Par conséquent, les fautes éventuelles commises par le président du conseil d’administration doivent s’apprécier en fonction de la régularité du processus qui a conduit à leur adoption, de leur caractère non anormal au moment où elles ont été prises en tenant compte de l’acceptation des risques générés par la gestion de toute société et du contrôle incombant au conseil d’administration »9.

Aux États-Unis, la présomption de la règle du jugement commercial s’applique uniquement à l’égard du devoir de diligence des administrateurs ; elle ne s’applique pas à l’égard du devoir de loyauté. Ainsi que l’expliquent les juges de l’État du Delaware, la règle du jugement commercial a pour objectif de protéger et d’encourager le libre exercice du pouvoir de gestion accordé aux administrateurs10.

La règle du jugement commercial est fondée sur la théorie de l’équité (equitable doctrine). Selon les juges de l’État du Delaware, la règle du jugement commercial est une création judiciaire qui présume le bien-fondé de la décision d’un conseil d’administration11. Elle est ancienne, puisque dès 1742 les cours anglaises ont reconnu que les administrateurs ne devaient pas être tenus pour responsables de simples erreurs de jugement12. Aux États-Unis, les juges de l’État du Michigan jugeaient déjà en 1890 que les tribunaux d’équité ne doivent pas s’immiscer dans la gestion des administrateurs, sauf s’il apparaît clairement que ces derniers se sont rendus coupables de fraude ou de détournement des fonds de la société13.

La règle du jugement commercial s’applique naturellement lors d’un procès recherchant la responsabilité d’un administrateur. En conséquence, si l’administrateur a pris sa décision diligemment, de bonne foi et en pensant agir dans le meilleur intérêt de la société14, sa responsabilité ne pourra pas être engagée. Il s’agit toutefois d’une présomption simple pouvant être renversée par la preuve contraire. Les juges de l’État du Delaware ont par exemple jugé que la partie qui souhaite engager la responsabilité d’un administrateur, parce que ce dernier ne se serait pas suffisamment informé avant de prendre sa décision, doit en faire la preuve contraire, c’est-à-dire qu’elle doit démontrer que l’administrateur ne s’est pas suffisamment informé15. Afin que la règle du jugement commercial ne s’applique pas, le demandeur peut également démontrer que l’administrateur avait un conflit d’intérêts16.

Les juges appliquent également la règle du jugement commercial afin de déterminer si un actionnaire peut être autorisé à engager une action ut singuli alors que la société lui a refusé ce droit. Les règles prévoyant qu’un actionnaire puisse engager la responsabilité d’un administrateur au nom de la société sont différentes en France et aux États-Unis. En effet si, dès 1881, la Cour suprême des États-Unis expliquait que l’action ut singuli protège les actionnaires contre les comportements fautifs des administrateurs17, la question de l’opportunité de telles actions a été très tôt posée. En 1944, une enquête commandée par la chambre de commerce de l’État de New York concluait que les actions ut singuli faisaient principalement la richesse des avocats18. Bien que cette étude ait été contestée, les règles permettant à un actionnaire d’engager une action ut singuli ont été modifiées. Dorénavant, et en principe, un actionnaire doit informer le conseil d’administration avant de pouvoir engager une action ut singuli, et ce dernier peut s’y opposer. Une dizaine d’États, dont l’État du Delaware et celui de New York19, dispensent l’actionnaire de cette démarche si ce dernier peut démontrer que celle-ci est inutile eu égard aux circonstances, notamment si les administrateurs ne sont pas indépendants ou si la décision contestée n’a pas été prise de bonne foi20. La Cour suprême de l’État du Delaware explique qu’afin de déterminer si un actionnaire peut s’exempter de saisir la société avant d’engager une action ut singuli, les juges doivent se fonder sur la règle du jugement commercial21. En conséquence, il appartient au demandeur de prouver que les administrateurs ne doivent pas profiter de cette protection. Les juges de l’État de New York appliquent également la règle du jugement commercial lorsque le conseil d’administration a été saisi et que ce dernier refuse que l’action ut singuli soit engagée par l’actionnaire. Par conséquent, si ce dernier conteste la décision, les juges appliqueront la règle du jugement commercial. Ces derniers vérifieront donc simplement que les administrateurs étaient indépendants, diligents et que la décision a été prise de bonne foi 22.

En refusant de s’immiscer dans la gestion des sociétés, les juges protègent les administrateurs, ce d’autant plus qu’ils limitent les preuves permettant de remettre en cause la présomption.

B – Des preuves contraires limitées

La règle du jugement commercial étant une présomption simple, le demandeur peut faire la preuve contraire. Plus précisément, les juges considèrent que la responsabilité d’un administrateur ne pourra être engagée que si le demandeur démontre que ce dernier a agi de mauvaise foi ou a commis une faute lourde (grossnegligence). De même, la protection ne s’appliquera pas si le demandeur prouve que l’administrateur n’était pas indépendant. Les magistrats entendent toutefois largement la notion d’indépendance. Les juges de l’État du Delaware ont considéré que le fait pour des administrateurs d’évoluer dans les mêmes cercles et de se considérer comme amis ne leur ôtait pas leur indépendance23. Toutefois, les mêmes juges ont considéré qu’une amitié vieille de cinquante ans empêchait un administrateur d’être indépendant24. Dans le célèbre arrêt Smith v. Van Gordon25, les juges de la Cour suprême de l’État du Delaware ont considéré que la responsabilité des administrateurs devait être engagée parce que ces derniers n’avaient pas été suffisamment diligents. En l’espèce, la société TransUnion souhaitait, pour des raisons fiscales, être absorbée. Le président du conseil d’administration de cette société engagea des discussions mais sans en informer le conseil d’administration. Il accepta alors, sans consulter aucun expert financier extérieur, le prix de 55 dollars par action. Par la suite, le président convoqua le conseil d’administration au cours duquel les administrateurs approuvèrent la fusion ainsi que le prix proposé pour les actions en se fondant uniquement sur la présentation faite par le président. Des actionnaires, déçus par le prix offert, engagèrent alors une procédure à l’encontre des administrateurs. Les juges leur donnèrent raison et les administrateurs durent verser des dommages-intérêts à la société. Cette solution a été vivement critiquée, en particulier par la pratique. Pour répondre aux critiques, l’État du Delaware décida, en 1986, de modifier sa législation en autorisant les actionnaires à introduire des clauses exonératoires de responsabilité dans les statuts en cas de violation du devoir de diligence, sauf notamment en cas de mauvaise foi ou si l’administrateur a obtenu un avantage indu26. Le législateur a justifié ces modifications par le fait que, à la suite de la décision Smith v. Van Gordon27, de nombreux administrateurs extérieurs à la société (outsidedirectors) auraient démissionné ou auraient refusé de se représenter de peur d’être condamnés à verser des dommages-intérêts à la société en raison des décisions qu’ils auraient prises. Un juge ayant décidé l’arrêt Smith v. Van Gorkom a déclaré par la suite qu’il n’y aurait plus jamais d’arrêt Van Gorkom28. Et en effet, quelques années plus tard, les juges de l’État du Delaware ont refusé d’engager la responsabilité des administrateurs au motif que ces derniers ne se seraient pas suffisamment informés avant de prendre leur décision29.

La règle du jugement commercial protège les administrateurs contre les actions qui engagent leur responsabilité. Les juges justifient abondamment cette règle dans leur décision.

II – Une nécessité en vue d’une gestion efficiente de la société

Les juges états-uniens justifient la règle du jugement commercial par le fait que les administrateurs sont plus compétents pour prendre les décisions concernant la gestion de la société qu’eux-mêmes (A). Cette règle permet également de recruter de meilleurs administrateurs (B).

A – Des administrateurs mieux informés

Les juges nord-américains estiment que les administrateurs sont en général des experts dans leur domaine d’activité. Ils possèdent donc en principe les connaissances nécessaires pour prendre des décisions économiquement efficientes pour la société. Les juges considèrent en tout état de cause que les administrateurs sont mieux à même que les tribunaux pour prendre les décisions relatives à la politique économique de la société. Des juges de l’État de l’Ohio expliquent par exemple que la règle du jugement commercial est une présomption simple et que les administrateurs sont plus compétents que les tribunaux pour porter des jugements sur la gestion d’une société30. De même, les juges de l’État du Delaware estiment que la règle du jugement commercial permet de reconnaître et de respecter l’expertise commerciale des administrateurs lorsqu’ils exercent leur pouvoir de gestion31.

Les juges justifient également la règle du jugement commercial par le fait qu’il est compliqué de remettre en cause une décision qui a été prise alors que le futur, qui était inconnu lors de la prise de cette dernière, est connu lors du procès. Les juges fédéraux expliquent notamment que les tribunaux reconnaissent que les litiges engagés après les faits sont des moyens très imparfaits d’évaluer les décisions prises par les administrateurs. Ils justifient cela par le fait que les circonstances entourant ces prises de décisions ne sont pas faciles à reconstituer dans une salle d’audience des années plus tard, ce d’autant plus que les impératifs commerciaux exigent souvent des décisions rapides et inévitablement fondées sur des informations imparfaites. Ils ajoutent que le rôle d’un administrateur est de prendre des risques et d’affronter l’incertitude. En conséquence, une décision raisonnable au moment où elle a été prise peut sembler une intuition folle des années plus tard lorsque le futur est connu32.

Les juges états-uniens estiment, de plus, que les administrateurs ne pouvant pas assurer que leurs actions entraîneront un bénéfice pour la société, ils ne doivent pas être pénalisés pour des erreurs de jugement faites de bonne foi33.

Les juges nord-américains justifient la règle du jugement commercial pour des raisons liées à la prise de décision, mais également afin que les sociétés puissent recruter les meilleurs administrateurs.

B – Le recrutement des meilleurs administrateurs

Les magistrats états-uniens expliquent que la règle du jugement commercial permet de recruter les administrateurs les plus compétents. Des juges de l’État de l’Ohio indiquent par exemple que cette règle encourage les personnes compétentes à devenir administrateurs en les mettant à l’abri de toute responsabilité en cas d’erreur de jugement34. Ceux de l’État du Delaware estiment que le pouvoir discrétionnaire accordé aux administrateurs leur permet de maximiser la valeur actionnariale à long terme en prenant des risques sans craindre d’être tenus personnellement responsables si la société subit des pertes35. Nous l’avons vu, cette volonté de recruter les meilleurs administrateurs était avancée par le législateur de l’État du Delaware lorsqu’il a autorisé, en 1986, les actionnaires à insérer des clauses exonératoires de responsabilité pour le devoir de diligence des administrateurs. Elle l’a été également, en 2000, lorsque l’État du Delaware a autorisé les clauses limitant le devoir de loyauté des administrateurs. Ce devoir, en particulier la doctrine de l’opportunité d’affaires, a longtemps été considéré aux États-Unis comme un devoir essentiel et les juges étaient réticents à appliquer les éventuelles clauses exonératoires insérées dans les statuts36. C’est pourquoi, lorsque l’État du Delaware a autorisé les actionnaires à limiter ce devoir, certains auteurs ont critiqué cette mesure37. Toutefois, le devoir de loyauté était contesté par certains professionnels notamment parce qu’il entravait les sociétés dans leur recherche de capital38. Certaines sociétés peuvent en effet, afin d’attirer des investisseurs, souhaiter limiter le devoir de loyauté de leurs administrateurs, notamment de ceux qui sont choisis par ces investisseurs et qui peuvent siéger dans des conseils d’administration de sociétés concurrentes.

Plusieurs États nord-américains ont suivi l’État du Delaware en autorisant les actionnaires à insérer des clauses limitant le devoir de loyauté, notamment les États du New Jersey, du Maryland ou encore du Kansas.

Afin de permettre le recrutement des administrateurs dont les sociétés ont besoin, la règle du jugement commercial n’a pas été jugée suffisante pour de nombreux législateurs, qui ont alors adopté des règles autorisant les actionnaires à relever les administrateurs de leurs devoirs.

Notes de bas de pages

  • 1.
    « The directors of a corporation are trustees for the stockholders, and their acts are governed by the rules applicable to such a relation, which exact the utmost good faith and fair dealing, especially where their individual interests are concerned », Lofland v. Cahall, 118 A.1,3 (Del. 1922).
  • 2.
    « It is well established that the directors owe their fiduciary obligations to the corporation and its shareholders », N. Am. Catholic Educ. Programming Found., Inc. v. Gheewalla, 930 A (Del. 2007).
  • 3.
    « No usage of a national bank, nor any authority to carry on its business through executive officers and agents, will relieve its directors from the duty imposed upon them by law of diligently managing and diligently administering its affairs, and actively supervising the conduct of its officers and agents », Briggs v. Spaulding 141 U.S. 132,173 (1891).
  • 4.
    In Re Walt Disney Co. Derivative Litigation, 907 A.2d 693 (Del. Ch. 2005.)
  • 5.
    « While directors of a corporation may not be in the strict sense trustees, it is well established by the decisions that they occupy a quasi-fiduciary relation to the corporation and its stockholders », Orlando Orange Groves Co. v. Hale, 107 144 So. 674, 677 (Fla. 1932).
  • 6.
    Selheimer v. Manganese Corp. of America, 423 Pa. 563, 224 A.2d 634 (1966).
  • 7.
    Francis v. United Jersey Bank, 87 N.J. 15, 432 A.2d 814, 821-22 (1981).
  • 8.
    « Hart caused the corporation to pay $125,000 to a consultant for the design of a new logo and packaging. On what possible basis might a corporate officer or director be put to the expense of defending such a claim ? Nothing is alleged except that an expenditure of corporate funds for a corporate purpose was made. Whether that expenditure was wise or foolish, low risk or high risk is of no concern to this Court », Gagliardi v. Trifoods International, Inc. 683 A.2d 1049 (1996).
  • 9.
    CA Versailles, 17 mars 1998 : Rev. sociétés 1998, p. 828, obs. Y. Guyon ; RJ com. 1999, p. 331, obs. F. Maury.
  • 10.
    « The business judgment rule exists to protect and promote the full and free exercise of the managerial power granted to Delaware director », Smith v. Van Gorkom, 488 A.2d 858, 872 (Del. 1985).
  • 11.
    « The “business judgment” rule is a judicial creation that presumes propriety, under certain circumstances, in a board’s decision », Zapata Corp. v. Maldonado, 430 A.2d 779, 782 (Del. 1981).
  • 12.
    « [Directors] are most properly agents to those who employ them in this trust, and who empower them to direct and superintend the affairs of the corporation. In this respect they may be guilty of acts of commission or omission, of mal-feasance or nonfeasance. Now where acts are executed within their authority, … though attended with bad consequences, it will be very difficult to determine that these are breaches of trust. For it is by no means just in a judge, after bad consequences have arisen from such executions of their power, to say that they foresaw at the time what must necessarily happen ; and therefore, were guilty of a breach of trust », Charitable Corp. v. Sutton [1742] 26 Eng. Rep. 642 cité par B. S. Sharfman, “The Importance of the Business Judgment Rule”, NYU Journal of Law & Business, Vol. 14, 2017, p. 33.
  • 13.
    « Courts of equity will not interfere in the management of the directors unless it is clearly made to appear that they are guilty of fraud or misappropriation of the corporate funds, or refuse to declare a dividend when the corporation has a surplus of net profits which it can, without detriment to its business, divide among its stockholders, and when a refusal to do so would amount to such an abuse of discretion as would constitute a fraud, or breach of that good faith which they are bound to exercise towards the stockholders », Hunter v. Roberts, Throp Co., 83 Mich. 63, 71 (Mich. 1890).
  • 14.
    « The business judgment rule is a presumption that in making a business decision the directors of a corporation acted on an informed basis, in good faith and in the honest belief that the action taken was in the best interests of the company », Aronson v. Lewis, Del. Supr., 473 A.2d 805, 812 (1984).
  • 15.
    « Thus, the party attacking a board decision as uninformed must rebut the presumption that its business judgment was an informed one », Smith v. Van Gorkom, 488 A.2d 858, 872 (Del. 1985).
  • 16.
    « In other words, if the defendant has engaged the corporation in a conflicting-interest transaction or has usurped a corporate opportunity, the business judgment rule will not bar a claim based on the duty of care », Davis v. Dorsey, 495 F.Supp.2d 1162 (M.D.Ala. 2007).
  • 17.
    « The exercise of this power in protecting the stockholder against the frauds of the governing body of directors or trustees, and in preventing their exercise, in the name of the corporation, of powers which are outside of their charters or articles of association has been frequent, and is most beneficial and is undisputed », Hawes v. Oakland, 104 U.S. 450 (1881), citant MacDougall v. Gardiner, 1875, 1 Ch.D. 13.
  • 18.
    F. Wood, Survey And Report Regarding Stockholders’ Derivative Suits 1-3 (1944).
  • 19.
    NY Bus Corp L § 626 (2017).
  • 20.
    « Our view is that in determining demand futility the Court of Chancery in the proper exercise of its discretion must decide whether, under the particularized facts alleged, a reasonable doubt is created that : (1) the directors are disinterested and independent and (2) the challenged transaction was otherwise the product of a valid exercise of business judgment », Aronson v. Lewis, 473 A.2d 805 (Del. 1984).
  • 21.
    « In our view the entire question of demand futility is inextricably bound to issues of business judgment and the standards of that doctrine’s applicability (…) It is a presumption that in making a business decision the directors of a corporation acted on an informed basis, in good faith and in the honest belief that the action taken was in the best interests of the company. (…) Absent an abuse of discretion, that judgment will be respected by the courts. The burden is on the party challenging the decision to establish facts rebutting the presumption (…) », Aronson v. Lewis, 473 A.2d 805 (Del. 1984).
  • 22.
    « The business judgment rule does not foreclose inquiry by the courts into the disinterested independence of those members of the board chosen by it to make the corporate decision on its behalf – here the members of the special litigation committee. Indeed the rule shields the deliberations and conclusions of the chosen representatives of the board only if they possess a disinterested independence and do not stand in a dual relation which prevents an unprejudicial exercise of judgment (…) Thus, absent evidence of bad faith or fraud (of which there is none here) the courts must and properly should respect their determinations », Auerbach v. Bennett, 47 N.Y.2d 619, 419 N.Y.S.2d 920, 393 N.E.2d 994 (N.Y. 1979).
  • 23.
    « Allegations that Stewart and the other directors moved in the same social circles, attended the same weddings, developed business relationships before joining the board, and described each other as “friends”, even when coupled with Stewart’s 94 % voting power, are insufficient, without more, to rebut the presumption of independence », Beam v. Stewart, 845 A.2d 1040 (Del. 2004).
  • 24.
    « The plaintiffs pled not only that the director had a close friendship of over half a century with the interested party, but that consistent with that deep friendship, the director’s primary employment (and that of his brother) was as an executive of a company over which the interested party had substantial influence. These, and other facts of a similar nature, when taken together, support an inference that the director could not act independently of the interested party », Del. Cty. Emps. Ret. Fund v. Sanchez, 124 A.3d 1017 (Del. 2015).
  • 25.
    Smith v. Van Gorkom 488 A.2d 858 (Del. 1985).
  • 26.
    DGCL Section 102(b)(7).
  • 27.
    Smith v. Van Gorkom 488 A.2d 858 (Del. 1985).
  • 28.
    « There will never be another Van Gorkom », cité par L. A. Hamermesh, « Why I Do Not Teach Van Gorkom », Georgia Law Review, Vol. 34, 2000, p. 489.
  • 29.
    In re Walt Disney Derivative Litigation, 907 A 2d 693 (2005).
  • 30.
    « The rule is a rebuttable presumption that directors are better equipped than the courts to make business judgments (…) », Gries Sports Enterprises, Inc. v. Cleveland Browns Football Co., 26 Ohio St.3d 15, 20, 496 N.E.2d 959 (1986).
  • 31.
    « The judicial creation and legislative grant are related because the “business judgment” rule evolved to give recognition and deference to directors’ business expertise when exercising their managerial power under » § 141(a), Zapata Corp. v. Maldonado, 430 A.2d 779, 782 (Del. 1981).
  • 32.
    « Courts recognize that after-the-fact litigation is a most imperfect device to evaluate corporate business decisions. The circumstances surrounding a corporate decision are not easily reconstructed in a courtroom years later, since business imperatives often call for quick decisions, inevitably based on less than perfect information. The entrepreneur’s function is to encounter risks and to confront uncertainty, and a reasoned decision at the time made may seem a wild hunch viewed years later against a background of perfect knowledge », Joy v. North, 692 F.2d 880, 886 (2d Cir. 1982).
  • 33.
    « The directors of a business corporation are not insurers that their actions will result in pecuniary profit and they are, in the course of their duties, called upon to undertake certain calculated “business risks” ;... for errors in judgment, exercised in good faith, the directors of a corporation should not be penalized», Selheimer v. Manganese Corp., 423 Pa. 563, 581, 224 A.2d 634 (1966).
  • 34.
    « It encourages competent individuals to become directors by insulating them from liability for errors in judgment », Gries Sports Enterprises, Inc. v. Cleveland Browns Football Co., 26 Ohio St.3d 15, 20, 496 N.E.2d 959 (1986).
  • 35.
    « Ultimately, the discretion granted directors and managers allows them to maximize shareholder value in the long term by taking risks without the debilitating fear that they will be held personally liable if the company experiences losses », In re Citigroup Inc. S’holder Derivative Litig., 964 A.2d 106, 139 (Del.Ch. 2009).
  • 36.
    « Opting out of fiduciary duties [is] particularly troublesome and ultimately wrong-headed, especially for elements of the duty of loyalty », J. N. Gordon, The Mandatory Structure of Corporate Law, Colum. Law Review p. 1593 (1989).
  • 37.
    « (…) many then-emerging sources of capital, such as private equity, venture capital or spin-off transactions, may subject their financial sponsors to fiduciary duties in profound conflict with either their larger business plans or with fiduciary obligations they owe to other business entities », G. Rauterberg et E. Talley, Contracting Out Of The Fiduciary Duty Of Loyalty : An Empirical Analysis Of Corporate Opportunity Waivers, Columbia Law Review, Vol. 117, No. 5, juin 2017, p. 1095.
  • 38.
    « Indeed, in the years leading up to Delaware’s initial reform, a growing chorus of critics argued that the exacting requirements of the duty of loyalty had begun to impede corporations’ability to raise capital, build efficient investor bases, and secure optimal management arrangements », G. Rauterberg et E. Talley, Contracting Out Of The Fiduciary Duty Of Loyalty : An Empirical Analysis Of Corporate Opportunity Waivers, Columbia Law Review, Vol. 117, No. 5, juin 2017, p. 1079.
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