Journal d’un avocat au temps de la covid-19

Publié le 16/11/2020

Du machisme allégué de Sean Connery à l’augmentation de l’aide juridictionnelle de deux euros en passant par les propos de Luc Ferry sur les caricatures, beaucoup de choses irritent notre pénaliste Loeiz Lemoine cette semaine. L’actualité passée au crible par un avocat qui ne mâche pas ses mots. 

Samedi 31 octobre –  Sean Connery, mort d’un macho ?

Je suis cas contact, manquait plus que ça.

Un imam canadien prêche à propos de l’assassinat de Samuel Paty : propos hallucinants validant carrément l’assassinat et la décapitation d’une sorte de sous-humain maléfique par un bon musulman. Qu’en pense Monsieur Trudeau ?

Sans commentaire : « Un enseignant de Molenbeek suspendu pour avoir montré une caricature de Mahomet ». Soumission, lâcheté et monde à l’envers (mais bon, à Molenbeek ce n’est pas une surprise).

Mort de Sean Connery. Non pas le premier James Bond, mais le seul. Il meurt à un bel âge et après avoir eu (au moins cinématographiquement) une vie magnifique. Commentaire d’un élu EELV (j’ai déjà dit que c’était les plus cons du monde ? Il me semble bien) : « L’interprétation de l’agent 007 la plus machiste et violente à l’égard des femmes. #SeanConnery a quand même contribué à façonner une franchise et un univers cinématographique fascinant ». En admettant, est-ce qu’on dit ça le jour de la mort d’un homme ?

Entretien décapant du philosophe Rémi Brague dans Le Figaro. Cet homme est une bibliothèque vivante et ceux qui veulent le contester sur le terrain des connaissances ont intérêt à se lever matin. Je l’ai beaucoup écouté et je l’ai même lu : je suis obligé de reconnaître que je touche aux limites de mon intelligence et qu’il me faut une grande concentration pour suivre sa pensée (et encore).

Nous sommes attaqués en tant que nation chrétienne. Il ne reprend pas à son compte l’idée de choc de civilisations, mais « un affrontement entre deux systèmes de normes et même entre deux lois divines, l’une cherchée par la raison et la conscience, crées par Dieu, l’autre dictée dans un Livre, le Coran, et dans la conduite de Mahomet, qui l’a reçu sans rien y ajouter ou en retrancher. » « Pas besoin de loi contre le blasphème, son interdiction est déjà intériorisée. » Et de relever avec malice que, alors qu’on nous appelle à ne pas faire d’amalgame entre islamisme et islam, Erdogan et d’autres poussent à la haine contre la France parce que, pour eux, s’en prendre à l’islamisme serait s’en prendre aux musulmans… « Ils nous montrent par là que refuser l’amalgame est un souci intellectuel et moral qui est de notre seul fait, alors qu’eux-mêmes n’hésitent pas à le pratiquer à grande échelle. »

Coïncidence (enfin… pas tant que ça ?) une église de la banlieue de Vienne est mise à sac par une cinquantaine de jeunes turcs.

Tribune de Jean-François Bayart dans Le Monde. Comme jeudi dans les Matins, il met en opposition délirante « salafistes et laïcards », comme si les uns n’étaient pas plus dangereux que les autres, et justifie ainsi son titre : « Que le terme plaise ou non, il y a bien une islamophobie d’Etat en France, dès lors qu’un ministre de l’intérieur déclare, à propos des « Auvergnats » bien sûr, que « quand il y en a un, ça va, et que « c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ». Les propos clairement racistes de Brice Hortefeux, lors d’un campus d’été de l’UMP, seraient la preuve d’une islamophobie d’Etat… La rigueur scientifique du raisonnement laisse pantois et reviendrait à dire que Socrate est un chat.

Revu Les aventuriers, de Robert Enrico, tiré de José Giovanni. Lino lisant un ouvrage sur les dernières paroles des condamnés et citant ceci à Delon : « Tiens écoute ça : Un autre disait au bourreau qu’il ne le touchât pas à la gorge, de peur de le faire tressaillir de rire, tant il était chatouilleux. »

Dimanche 1er novembre – Délit de séparatisme, et si on réfléchissait ?

 

Journal d'un avocat au temps de la covid-19
Chien Amstaff, American Staffordshire terrier ou Pit Bull (Photo : AdobeStock/Jeroen)

 

L’esprit public sur France Culture : Long hommage d’Aurélie Filipetti à Samuel Paty, en réussissant l’exploit de ne pas prononcer une seule fois les mots islam ou islamiste. C’est bien simple, quelqu’un qui débarquerait de la planète Mars ou d’un séjour en orbite ne comprendrait même pas ce qui a tué ce professeur. Chapeau.

Article du Huffpost avec dedans les noms Montebourg, Hollande, Hidalgo, Cambadélis… à ce train-là, je ne suis pas près de revoter à gauche !

Rappel dans le Nouvel Esprit public (celui de Philippe Meyer) : d’après un sondage IFOP pour Charlie Hebdo et la Fondation Jean Jaurès, « 74 % des Français musulmans de moins de 25 ans affirment mettre l’islam avant la République, alors qu’ils sont 25 % parmi les 35 ans et plus.

Sans commentaire (que dire ?) : Bangladesh : accusé d’avoir profané un Coran, il est lynché puis brûlé en pleine rue.  Faites attention où vous mettez les pieds, aussi.

Darmanin veut créer un délit de séparatisme : il serait question de punir (notamment, j’imagine ?) le fait de refuser d’être soigné par un médecin de l’autre sexe. Bonne chance Monsieur le ministre. Le Garde des sceaux doit être en train de se scarifier dans son bureau en se cognant la tête contre les murs. Lutter contre le séparatisme, évidemment je suis d’accord, mais juridiquement vous êtes vraiment des brêles. Faire voter à la va vite un texte écrit avec les pieds et qui sera déclaré inconstitutionnel, ça vous avancera à quoi ? Il faut :

1°) prendre le temps de la réflexion,

2°) faire écrire la loi par des gens dont c’est le métier.

Ah ben v’la autre chose : « Des messages haineux envers les personnes d’origine asiatique, accusées d’être à l’origine de la propagation du SARS-CoV-2, sont apparus sur les réseaux sociaux à la faveur du reconfinement. » Celui-là, je le laisserai pas passer sans commentaire. Personne n’a besoin de mon avis éclairé pour mesurer la bêtise abyssale de ces appels, mais je voudrais cependant rappeler que le racisme anti-asiatique n’est pas nouveau, et qu’il prospère dans l’indifférence générale.

Madame Lemoine boit, par inadvertance, dans mon verre. Et m’engueule (évidemment, c’est ma faute) : « mais son verre, on le met à droite, tout le monde sait ça ! ». Oui mon amour, désolé.

Article de Médiapart contre Elisabeth Badinter, repris par Arié Alimi (évidemment) : « La philosophe multiplie les déclarations contre « l’islamisme politique, celui qui tue » mais arrondit son immense fortune avec le pays qui en est le berceau, puisque Publicis, le groupe dont elle est la première actionnaire, est sous contrat avec l’Arabie saoudite. » Le reste est protégé mais on voit l’idée. Ceci discréditerait donc, ipso facto, ses propos sur l’islamisme.

On se souvient de l’horrible affaire de cette jeune femme, enceinte, retrouvée morte, tuée par des morsures de chien. L’histoire est triste et lamentable et les conclusions de l’expertise (notamment mesure de la largeur des morsures) sont qu’Elisa Pilarski a été tuée par son propre chien Curtis, qui serait « l’unique auteur des morsures ayant causé le décès », ce qui dédouanerait la meute participant, dans les environs, à une chasse à courre. A titre tout à fait personnel, je ne suis pas du tout concerné par le concept d’animal de compagnie, mais je comprends que d’autres y soient attaché.s Un chat, un Golden, stupide mais attachant, OK. Mais est-ce qu’on a vraiment besoin d’un Amstaff, d’un Pitbull ou d’un Rottweiler ? Est-ce qu’à titre de principe de précaution, il y aurait une atteinte à intérêt vraiment essentiel, en les interdisant purement et simplement ? Je me souviens qu’on m’avait expliqué que le problème c’était non pas le chien mais le maitre, qu’il faudrait éduquer, équivalent canin de « Gun’s dont kill people, it’s people who kill people”.

Lundi 2 novembre – Mortel renoncement

J’avais attaqué la semaine très sérieusement, bien que bloqué à domicile, mais certains, qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir, comme disait Pierre Dac, n’ont pas de repos. Le traitre du jour est Luc Ferry : « Je montrerais les caricatures, éventuellement celles de Charlie, mais qui mettent en scène aussi bien Jésus, Moïse et Mahomet. Mais on n’est pas obligé de montrer pour autant des caricatures qui sont à la limite de la pornographie et qui sont quand même ignobles », insiste-t-il. « On n’est pas obligé d’insulter les gens pour défendre la liberté d’expression. » La bêtise de l’intelligence une nouvelle fois à l’œuvre (qu’on ne me dise pas qu’il est idiot, il a écrit des livres et été ministre, ça prouve quand même, non ?).

Si, si Monsieur Ferry, c’est absolument indispensable vu ce qui nous arrive et je m’étonne que vous fassiez mine de ne pas le comprendre. Tout renoncement, tout recul, même bien intentionné, est mortel, point final. Et il est inutile d’insister sur les caricatures de « Jésus, Moïse et Mahomet », car depuis des années, Charlie s’en prend beaucoup plus au christianisme (cf. statistiques ci-dessous) : on ne vous a pas entendu vous émouvoir de « caricatures ignobles » montrant le pape ou le Christ, dans des postures ou des situations nettement plus embarrassantes. Par ailleurs vous manquez le point essentiel, soit par bêtise, soit par lâcheté : aucune des caricatures dont nous parlons n’insulte les gens. Et en disant cela, vous apportez bêtement de l’eau au moulin de ceux qui nous attaquent et nous menacent, en France comme à l’étranger, vous les armez et nous désarmez. C’est lamentable.

Journal d'un avocat au temps de la covid-19

Tiens, des potes à vous Monsieur Ferry, des « insultés », cagoulés comme il se doit, jettent des projectiles sur des enseignants à Nantes.  Un liquide inflammable et deux bouteilles d’acide chlorhydrique… On a encore dû les offenser, c’est notre faute.

Mercredi 4 novembre – Deux euros au soleil

Tribune d’avocats dans le JDD : libérez-nous, arrêtez avec votre confinement. J’étais sûr que c’était complètement con et j’en ai eu la confirmation dès que j’ai lu la formule « les thuriféraires du confinement ». Quand dans un texte il y a « thuriféraire » et qu’on ne parle pas (littéralement) de quelqu’un qui balance un encensoir, on peut être certain que c’est écrit avec les pieds.

Alors finalement les élections américaines ? La radio, ce matin, c’est « je ne sais rien mais je dirai tout ». Aucune information (ce n’est pas leur faute), mais des tonnes de commentaires, pas nouveaux, pas originaux, pas explicatifs, qui n’apportent rien à ce qu’on connait déjà. Du coup je mets FIP.

Le montant de l’UV (unité de valeur) de l’AJ (aide juridictionnelle, foin de tous ces acronymes) va augmenter de 2 €. 2 €, je répète pour ceux qui n’auraient pas bien lu. Augmentation considérable, d’un seul coup. Je commence déjà à réfléchir à ce que je vais faire de tout cet argent. Probablement le boire avec des danseuses.

Jeudi 5 novembre 2020 – Les Français font l’admiration du monde

 

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Photo : ©AdobeStock/Melkan Bassil

 

 

La proviseure d’un lycée du Mans appelle un peu trop vite la police parce qu’un élève a photocopié un texte en arabe. Aussitôt cris d’orfraies : c’est horrible, on perd la boule, je savais que ça allait se passer, on n’a plus le droit de parler arabe ou d’avoir des documents écrits en arabe, on marche sur la tête et j’en passe.

En fait, c’est une simple précipitation, de la part d’une personne qui a charge d’âmes, qui est et se sent responsable des élèves et des professeurs. Plutôt que de dire a posteriori : ah non j’avais pas pensé, elle préfère devancer, peut-être sans discernement, mais quand on est en charge, la perspective se modifie. Qu’on mesure un peu le changement qui s’est produit dans les établissements scolaires depuis 15 jours ! Ça ne révèle rien, contrairement aux commentaires faits de façon tout aussi précipitée, cœur sur la main et larmes aux yeux.

Je lis ceci dans Le Point : « Après l’attentat de Nice, l’intellectuel anglais Douglas Murray a eu ces mots : « Si un autre pays avait traversé ce que la France a vécu ces dernières années, il aurait sombré dans les ténèbres. La République française continue d’afficher une fierté d’elle-même et une fidélité à ses principes qui sont très inspirants. » L’article est ainsi titré : « Attentats : les Français font l’admiration du monde ».

D’après mes modestes observations, c’est profondément vrai, pourvu que ça dure, et je suis fier d’appartenir à ce pays qui a su, malgré tous ceux qui veulent récupérer cette situation, d’un coté et de l’autre, garder son sang-froid et sa lucidité, démentant les pronostics ou le wishful thinking de Madame Autain par exemple.

Arnaud Montebourg (mais si, souvenez-vous, celui qui avait définitivement quitté la politique) sur Inter : « Aujourd’hui on est en train d’assassiner des commerçants, on va avoir des suicides sur les bras. J’aurais préféré fermer les supermarchés et laisser ouverts les commerçants ». Allez, j’y reviens une énième fois, encore un donneur de leçons aux gros nuls qui nous gouvernent, alors que lui il sait tellement ce qu’il faut faire ! Ceux qui en doutent, reportez-vous à son bilan en tant que ministre, vous allez voir comment il a assuré question « redressement productif ».

Toute la semaine, atelier couture chez les Lemoine ! Pas des masques cette fois-ci, mais turbulette, bavoirs, tapis à langer, peignoir… on sent qu’il va se passer un truc, mais quoi ?

Riad Sattouf (auteur du remarquable « Arabe du futur ») sur Europe, et le soir sur Arte : « Pour moi et l’expérience que j’ai de la France, ce pays n’est pas raciste (…) La liberté d’expression, la liberté de critiquer est quelque chose qu’il faut préserver absolument en France » C’est bon d’entendre ça, merci.

Les gars ça y est, on est officiellement fous. BFMTV (dont j’ai déjà dit plusieurs fois qu’on n’était pas obligés de regarder) nous propose ceci : « DAVAL, LA SÉRIE ». Découvrez la 1ère série documentaire en 4 épisodes de @BFMTV. Produite par les équipes de #LigneRouge. À l’approche de son procès, retour sur l’affaire Jonathann Daval ».

Donc l’affaire doit se plaider à partir du 16 novembre et BFM diffusera une « série » (ce titre… toute honte bue), les 16 et 17 novembre…D’ailleurs Hanouna a immédiatement fait savoir qu’il était outré de cet irruption de la télé dans une affaire en cours.

Le Tour de France va passer chez nous, littéralement, sur la côte de granit rose !

Luc Levaillant dans Libé : « Fier d’être français » Eh ben, je ne sais même pas comment le typo de Libé a pu aligner ces mots sans s’étrangler !

La démarche rejoint celle que décrit Finkielkraut dans L’identité malheureuse et, mutatis mutandis, celle de l’auteur de ces lignes. Si dans les années 80, on m’avait demandé brutalement si j’étais patriote, j’aurais pris l’air d’une poule perplexe devant un couteau. Pour moi à l’époque, patriote = Le Pen, idem pour « Fier d’être français ». Puis en 2015 se précise une menace : un ennemi s’en prend à ce qui fait la France, sa civilisation, ses mœurs, son mode de vie, sa mixité, notre façon d’être au monde : on écoute de la musique, on boit des coups en terrasse, hommes et femmes mélangés, on accepte les caricatures, qu’on les apprécie au pas. La résolution intellectuelle, si j’ose dire, de ce dilemme, m’est une nouvelle fois venue d’Alain Finkielkraut, non pas par une expression directe de sa propre pensée, mais par les mots de Simone Weil dans L’enracinement, qui ont été pour moi, le mot n’est pas trop fort, une révélation :

« Le sentiment de tendresse poignante pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable, est autrement chaleureux que celui de la grandeur nationale. L’énergie dont il est chargé est parfaitement pure. Elle est très intense. Un homme n’est-il pas facilement capable d’héroïsme pour protéger ses enfants, ou ses vieux parents, auxquels ne s’attache pourtant aucun prestige de grandeur ? Un amour parfaitement pur de la patrie a une affinité avec les sentiments qu’inspirent à un homme ses jeunes enfants, ses vieux parents, une femme aimée. La pensée de la faiblesse peut enflammer l’amour comme celle de la force, mais c’est d’une flamme bien autrement pure. La compassion pour la fragilité est toujours liée à l’amour pour la véritable beauté, parce que nous sentons vivement que les choses vraiment belles devraient être assurées d’une existence éternelle et ne le sont pas.

On peut aimer la France pour la gloire qui semble lui assurer une existence étendue au loin dans le temps et dans l’espace. Ou bien on peut l’aimer comme une chose qui, étant terrestre, peut-être détruite, et dont le prix est d’autant plus sensible. »

Je n’ai aucun goût pour le patriotisme zemmouro-maurrasso-front nationaliste, mais je suis plus que sensible à la tendresse qu’on peut éprouver pour notre pays au moment où nous découvrons qu’il est menacé et pourquoi pas, qu’il pourrait être détruit.

Denis Bombardier : « Trudeau se défile lorsqu’il s’agit de blâmer le terrorisme islamique » 

En pleine censure : « Des conducteurs [de bus], choqués par la présence d’une bague au nom d’Allah sur cette affiche, ont exigé son retrait, rapporte « Le Parisien ». Encore un cas de soumission.

De retour à la maison, tournée de « coucous » (plus de bisous) comme tous les soirs et tout d’un coup nous nous retrouvons, avec mes fistons, à discuter Supertramp, Pat Metheny et Jethro Tull… j’ai peur d’en avoir fait des héritiers. Heureusement, grâce à Bourdieu, cet héritage ne sert plus à rien et même, qu’il en soit remercié, serait plutôt un marqueur social honteux qu’une façon de se distinguer et de discriminer les fans de Gims, Julien Doré, Orelsan ou Aya Nakamura.

Vendredi 6 novembre 2020 – audiences reportées

Bilan de la semaine : une audience JAF (NDLR : Juge aux affaires familiales) à Créteil reportée d’office en raison de l’indisponibilité du juge, une correctionnelle avec plein de victimes renvoyée parce que le prévenu est cas contact, une autre audience JAF dont je demande le report pour la même raison.

Sans commentaire (d’ailleurs je voudrais, que je ne saurais même pas quoi dire) : « Hommage à Samuel Paty : Éric Ciotti veut supprimer les allocations des parents d’élèves qui n’ont pas respecté la minute de silence ».

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Photo : ©AdobeStock/ igorkol_ter

Une pensée compatissante pour notre Garde des sceaux : mon pauvre Eric, tu m’aurais demandé, je te l’aurais dit que ça allait se passer comme ça, c’était inscrit dans les astres ! Colère du jour : le budget de l’aide juridictionnelle augmente. Bon. Le Conseil national des barreaux : la demande croissante d’accès au droit, compte tenu de l’augmentation de la précarité, va tout absorber et au-delà, comme disait Buzz L’éclair. Du coup, l’unité de valeur  est augmentée de… (roulement de tambour) 2 € ! (Grand éclat de rire : Ah ah ah, elle est bien bonne, sacré Eric ! Lui-même ne partage pas cet accès d’hilarité, tout occupé qu’il est à finir d’avaler une couleuvre qui doit avoir, dans ses ancêtres, un boa constrictor ou un python). En plus de cette « augmentation » misérable, on nous impose une « contrepartie » (WTF ?) : l’expérimentation de l’avocat en entreprise. Quelle est cette bête ? Un serpent de mer qui dresse contre lui, vent debout, toute la partie « judiciaire » de la profession, mais qui a, au contraire, les faveurs de la partie « juridique/conseil ».

Samedi 7 novembre – L’éternel mari jaloux

Sans commentaire : « Prêtre blessé par balles à Lyon : le mari d’une femme « qui entretenait une liaison avec la victime » a reconnu les faits en garde à vue »

Hommage aux victimes de Nice, nommons-les : Simone Barreto Silva, Vincent Loquès et Nadine Devillers. Voir leurs visages souriants est un déchirement. Madame Schiappa (elle n’est pas la première mais bon, c’est sur elle que ça tombe) croit devoir twitter qu’ils ont été « lâchement assassinés » : arrêtez avec ça ! Au lieu de répéter de façon pavlovienne que c’est un lâche attentat, servez-vous un peu de votre tête : qu’est-ce qu’il y a de lâche à tuer des gens en se faisant buter ensuite, ou presque ? Il y a beaucoup à dire mais pas ça…

Le CNB : « LGBTQI+ : les avocats à vos côtés pour défendre l’égalité des droits et dénoncer toutes les discriminations et toutes les formes de violence. »

Un bâtonnier s’en émeut : « Pouvez-vous être plus précis sur les discriminations dont s’agit, @CNBarreaux ? Parce que, pour les autres organisations figurant sur le visuel, l’interdiction de la GPA est une discrimination. En droit français, c’est un délit. » Je pense que vous pouvez toujours attendre une réponse, Monsieur le Bâtonnier, le soutien du CNB est pavlovien, sans distinguer entre « discriminations et toutes les formes de violence » (ça, tout le monde est d’accord, personne ne discute) et « égalité des droits », sujet plus complexe. L’égalité des droits signifie (je simplifie à peine) : pourquoi, en tant qu’homme ne puis-je pas avoir d’enfant ? A quoi la seule réponse est la GPA, dont on comprend la revendication, mais qui se heurte à l’idée de marchandisation du corps.

Je note également qu’il existe une « association française des avocats LGBT+ ». J’aurais mauvais esprit, ou un peu plus de courage, je proposerais la création de « l’association française des avocats hétéros », aux côtés du « Conseil représentatif des associations blanches de France ». J’aggrave mon cas, peut-être ? Bah, au point où j’en suis…

Dimanche 8 novembre – Ça m’en touche une…

Après des annonces un peu flottantes hier, il apparaît avéré que Nasrin Sotoudeh a été libérée et est rentrée chez elle aujourd’hui. Excellente et (pour moi) inattendue nouvelle. Question un peu inquiète : pourra-t-elle continuer à faire ce qu’elle faisait avant et pour quoi elle a été condamnée ?

Hassen Chalgoumi, imam de Drancy, objet de milliers de menaces pour ses prises de position anti intégristes. Ça continue.

Gael Faye : « Le rap, c’est l’école de la liberté, de l’expression, de l’écriture. Y’a pas de classicisme en rap ( ?) » Alors il va falloir que j’apprenne à lire, parce que j’ai eu beau m’efforcer à lire du rap et même à en écouter (j’ai le sens du sacrifice), je trouve ça, justement du point de vue de l’écriture, affligeant 99 fois sur 100.

Mélenchon est candidat. Comment disait Chirac déjà, pour signifier qu’une information le laissait indifférent ? Ça va me revenir.

 

*Si vous avez manqué les épisodes précédents, c’est par ici 

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