Hauts-de-Seine (92)

L’association Espaces allie insertion professionnelle et écologie urbaine

Publié le 30/06/2021

Installée dans les Hauts-de-Seine (92) depuis 1994, l’association Espaces a entre autres pour mission l’insertion professionnelle. En 25 ans, 2 702 personnes ont été salariées dans le cadre de ce programme, représentant 8 111 heures de formation en insertion. L’association est devenue un acteur essentiel durant cette période de crise, à la fois comme opportunité de rebond pour des personnes éloignées de l’emploi et comme opportunité de développement des nouveaux métiers de la transition écologique.

Chaque année, environ 250 personnes en difficulté sont accompagnées par l’association Espaces au sein des chantiers d’insertion. Les Hauts-de-Seine hébergent la majorité d’entre eux, mais d’autres se situent à Paris, dans les Yvelines et en Seine-Saint-Denis. Parmi les bénéficiaires, tous les âges sont représentés, de moins de 26 ans à plus de 60 ans ainsi que tous les niveaux de formation.

L’écologie urbaine : valoriser la biodiversité

Dans son rapport d’activité, l’association précise qu’elle « applique une gestion écologique des espaces verts et naturels urbains et contribue à leur valorisation. Elle mise aussi sur le réemploi, nouveau champ d’écologie urbaine ».

Catherine Decaux est directrice générale de l’association depuis le 1er octobre 2020 et succède au cofondateur, Yann Fradin. Ingénieure agronome, elle a commencé sa carrière dans le secteur de l’écologie et de l’environnement au sein de bureaux d’études, puis s’est orientée vers l’économie sociale et solidaire. Elle a dirigé le Comité français pour le développement durable qui a joué un rôle très important lors de la COP21 de 2015 en France, et l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique (ITAB). « L’écologie urbaine est une notion qui n’a pas vraiment de définition. Pour nous, c’est d’abord une définition étymologique, c’est-à-dire vivre ensemble et faire écosystème dans la ville. Le terme urbain se rapporte à la ville : comment vivre ensemble en se réappropriant les liens avec la nature ? La deuxième définition que nous donnons correspond à notre cœur d’activité, elle est liée à nos missions destinées à entretenir la nature et la biodiversité, avec des pratiques douces ».

Dynamiser le territoire

Tous les biotopes sont concernés : les berges de Seine, les talus ferroviaires, les parcs de ville ou encore les forêts franciliennes. « C’est aussi faire revenir les animaux en ville et les utiliser pour le travail avec l’éco-pâturage ou l’entretien de pigeonniers pour le compte des collectivités ». De Porte de Versailles à Pont de Bezons, une équipe s’occupe des espaces verts de la ligne 2 du tramway, tout comme dans les XIVe et XVe arrondissements sur l’ancienne voie ferrée de la Petite Ceinture. Sur le toit d’un centre commercial à Aubervilliers, c’est une microferme, nommée CultiCime, qui offre la possibilité d’apprendre à produire fruits, légumes, fleurs comestibles et plantes aromatiques. En 2020, 3,9 tonnes ont été récoltées, avec des ventes qui ont généré 14 000 € de chiffre d’affaires. « Les revenus sont encore limités », commente Catherine Decaux. « Mais il y a de l’optimisation et de la valorisation à faire sur ce que l’on produit ».

Depuis peu, une ressourcerie s’est implantée à Chaville : « On nous donne des objets et on les revend à des prix pour toutes les bourses. Nous avons aussi 37 jardins partagés avec des ateliers de formation et enfin un café solidaire dans le domaine national de Saint-Cloud avec une équipe en insertion, du circuit court et la valorisation des invendus ».

« Remettre le pied à l’étrier »

Depuis sa création, l’association Espaces a toujours eu l’objectif d’accueillir des personnes éloignées de l’emploi pour leur permettre de « remettre le pied à l’étrier », explique la directrice générale. « Espaces a été créée après la fermeture de Renault sur l’île Seguin. Yann Fradin, mon prédecesseur, a proposé des activités visant à la restauration des berges de Seine suite à cela. Aujourd’hui encore, on garde cette mission avec une grande diversité de parcours. Nous recevons des personnes qui ont vécu des difficultés dans leur vie privée, quelles soient sociales, de santé, de logement, mais encore des difficultés de confiance en soi ».

Grâce à l’accompagnement individuel proposé par Espaces, les personnes en insertion apprennent ou renforcent des compétences tout en essayant de lever les freins qui pourraient les limiter. Les salariés sont alors en CDDI, des contrats à durée déterminée d’insertion, allant de six à 24 mois. En raison de la crise sanitaire du coronavirus, la loi n° 2020-734 du 17 juin 2020 permet d’ailleurs de conclure ou de renouveler pour une durée totale de 36 mois un contrat d’insertion, contrat initial inclus, cette possibilité étant offerte jusqu’au 16 août 2021. « On se donne deux ans pour que l’ensemble du parcours soit fructueux », assure Catherine Decaux.

D’après le rapport d’activité de 2020, « le taux de sorties dynamiques des salariés (sortie en emploi ou en formation qualifiante ou non) s’élève à 67 % (contre 66 % en 2019). 24 salariés ont obtenu des emplois durables, et parmi ces 24 salariés, 20 ont été embauchés en CDI. On note 2 emplois de transition et 14 sorties positives (embauche pour une durée déterminée dans une autre structure de l’IAE, formation qualifiante). 20 personnes restent en recherche d’emploi ou inactives ».

Catherine Decaux, directrice générale de l’association Espaces.

L’insertion, un enjeu majeur en Île-de-France

« Quand l’association a été créée, le projet fondateur était très novateur », explique la directrice. « C’était une vision d’un nouveau projet de société pour la ville et l’Île-de-France. Depuis quelques années, on se rend compte que cela rentre en résonnance avec les enjeux du territoire francilien et toutes les grandes métropoles. Nous devions convaincre dans les années 1990. Aujourd’hui, on vient nous chercher pour cette expérience. Les collectivités avec qui on travaille beaucoup, la région mais aussi les établissements publics territoriaux, ont toutes dans leurs objectifs et projets une forme de révolution ou de transformation du territoire pour préserver la biodiversité. La dimension sociale, en combinaison, est très présente ».

En France, Le Fonds de développement de l’inclusion est un acteur de la lutte contre le chômage de longue durée. L’objectif est fixé à 30 000 emplois supplémentaires, dont au moins 10 000 en 2021, avec une enveloppe supplémentaire de 12,5 millions d’euros dédiée aux projets de mobilité solidaire. « C’est un enjeu majeur parce qu’avec cette période de nombreux postes ont été supprimés. Notre vocation est d’accueillir des gens dans cette période intermédiaire, de les aider à rebondir ».

Si quelques personnes viennent à Espaces avec un souhait de reconversion, la priorité est donnée aux « personnes éloignées de l’emploi » tout en ayant une approche de préservation de l’environnement. Elle permet d’orienter vers de nouveaux métiers de la transition écologique. Un nouveau programme a d’ailleurs vu le jour cette année, financé par la fondation BTP + et développé avec le Campus des entrepreneurs, le programme « BTP solidaire ». « Nous avions fait le constat que ce secteur est fluctuant avec des gens peu qualifiés qui se retrouvent au chômage ou au RSA. C’est aussi un secteur encore peu tourné vers sa propre révolution écologique. On souhaite donc proposer un parcours à des gens intéressés, ressortissants du BTP ou non, pour les accompagner vers de nouveaux métiers dans le département des Hauts-de-Seine ».

La démarche, très concrète, vise un accompagnement individuel pour trouver sa vocation et pourquoi pas créer ses propres opportunités avec son entreprise. « Cette partie-là ne sera pas forcément génératrice de beaucoup d’emplois mais les personnes intéressées peuvent être pionnières et contribuer à faire évoluer les métiers », conclut Catherine Decaux. « Nous pouvons évoquer les éco-ressourceurs, un métier d’avenir puisque les villes auront l’obligation de collecter les déchets organiques pour les valoriser. Nos modes de vie produisent beaucoup de déchets, l’objectif est d’en faire des ressources et non plus des éléments en fin de vie ».

X