Jubilé impérial pour Rueil-Malmaison
Depuis 5 ans maintenant, Rueil-Malmaison (92) fait revivre la légende de Napoléon et a transformé son patrimoine en atout touristique. Pour son 3e jubilé impérial, la commune a prévu une grande fête de reconstitution historique avec plus de 100 000 visiteurs attendus.
L’empereur est mort, vive l’empereur ! Deux siècles plus tard, on peut dire que la ferveur pour Napoléon 1er, empereur des Français, continue d’animer les passionnés d’histoire et de reconstitution. C’est la raison pour laquelle la ville de Rueil-Malmaison a démarré un véritable effort, il y a six ans, pour valoriser son patrimoine impérial et en faire un véritable atout touristique. Le label « ville impériale » avait été créé pour développer un réseau avec les autres communes partageant l’histoire de Napoléon, il s’agit désormais de l’association « Marque ville impériale », présidée par Patrick Ollier, qui rassemble des villes de toute la France (Saint-Cloud, Ajaccio, Biarritz, Fontainebleau, etc.). Au niveau local, un parcours touristique a été mis en place permettant de visiter une dizaine de bâtiments napoléoniens, tel que le château de Malmaison ou le Temple de l’amour, construit en 1807, avenue Marmontel. Mais ce sont les jubilés, organisés dès 2012, qui ont le plus d’impact sur les plans économique et touristique. Après le succès du premier jubilé consacré à Napoléon et Joséphine, un second est organisé en 2014 qui fera passer le nombre de visiteurs de 30 000 à 70 000.
3e édition du jubilé impérial rueillois
Organisé le week-end du 23 et 24 septembre, ce 3e jubilé impérial sera animé par les reconstitutions historiques, les défilés, fanfares. Trois espaces ont été aménagés : l’espace Bonaparte au centre-ville dédié aux nombreuses animations (plus de 150) qui relatent la vie quotidienne sous l’Empire et à la cour impériale ; l’espace Austerlitz au parc de Bois Préau qui abritera les bivouacs français et russes et les reconstitutions des différentes manœuvres militaires et enfin l’espace Alexandre où sera installée la reconstitution du traité de Tilsit sur l’étang de Saint-Cucufa. Moment incontournable de toute célébration napoléonienne, le jubilé aura également droit à sa parade historique, annoncée comme la plus grande d’Europe. On y retrouvera pas moins de 600 soldats, 400 musiciens et 90 cavaliers. Sans oublier les personnages historiques-clés tels que le tsar Alexandre, la grande-duchesse russe, le roi et la reine de Prusse, le roi de Saxe et, bien évidemment, Napoléon et Joséphine accompagnés de leurs États majors, tous joués par des acteurs passionnés d’histoire. Dernière nouveauté pour cette édition, la Garde républicaine participera elle aussi à la parade impériale. Pendant les deux jours de ce jubilé, c’est près de 100 000 visiteurs venus de toute l’Europe qui sont attendus pour cette célébration du Premier Empire.
Noémie Knafo, responsable de l’événementiel à la mairie de Rueil-Malmaison (92), nous dévoile le programme de ce week-end riche en événements.
Les Petites Affiches – Pour quelles raisons avez-vous choisi pour thème le traité de Tilsit ?
Noémie Knafo – Nous célébrons cette année le 210e anniversaire de la signature du traité des accords de Tilsit, et de la paix en Europe qui a découlé de cet événement. Nous avons souhaité rendre hommage à cet épisode historique particulièrement marquant, ces accords avaient en effet été signés en secret par Napoléon 1er et le tsar Alexandre 1er, le 7 juillet 1807, sur un radeau au beau milieu du Niémen (situé dans ce qui était alors le royaume de Prusse). Ce traité solde une campagne militaire de près d’un an et la fin d’une guerre sanglante entre la coalition européenne et la France. Il permet aussi de définir un nouveau partage du continent. À ce titre, il marque l’apogée de la puissance française et c’est pourquoi nous avons décidé de reconstituer cet épisode historique.
LPA – L’une des spécificités de ce jubilé est de traiter à la fois de Napoléon et de Joséphine.
N. K. – Oui et c’est un point important. Nous avons axé ce jubilé autant sur Napoléon que sur Joséphine, car c’est elle qui a habité à Rueil, au château de Malmaison. C’est d’ailleurs elle qui l’a trouvé et acheté avec Napoléon, en 1799, alors qu’ils recherchaient une terre aux environs de Paris. À la suite du divorce, elle y restera et y passera la fin de sa vie. Les liens de Joséphine avec Rueil sont donc très forts et l’on notera d’ailleurs que sa fille, Hortense de Beauharnais, sera enterrée dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul. Rueil est résolument une ville impériale et l’empereur y a laissé de nombreuses traces tout autour de la ville : le château de la petite Malmaison ou le mausolée du prince impérial en sont deux autres exemples.
LPA – Quels seront les moments forts de ce jubilé ?
N. K. – Le jubilé se déroule le week-end du 23 et 24 septembre ; le moment fort sera évidemment la reconstitution des accords de Tilsit sur l’étang de Saint-Cucufa, une représentation qui sera gratuite, répétée samedi et dimanche, et qui accueillera 900 personnes par représentation. Vous retrouverez également de nombreuses animations tout au long de la semaine du jubilé impérial, avec l’exposition-phare : celle de « L’empire des jouets ». Présentée du 4 septembre au 30 octobre à l’atelier Grognard, elle retrace le patrimoine historique de l’époque du Premier Empire à travers des jouets actuels remis au goût de l’Époque. On aura par exemple un Cluedo avec des personnages historiques, des Kappla® et LEGO® aux couleurs napoléoniennes, il y aura même des jeux vidéo tels que Pac Man® spécialement adapté pour l’événement. Cette exposition a été organisée en partenariat avec Épicure Studio et je pense qu’elle sera un vrai succès pour les enfants comme pour les plus grands.
LPA – Respecter la réalité historique des événements a-t-il fait partie de vos priorités ?
N. K. – Oui, c’est la raison pour laquelle nous avons un comité scientifique qui est là pour valider l’exactitude de toutes nos démarches. Il est composé d’historiens, de rédacteurs du magazine Napoléon, de présidents de différentes fédérations européennes et instituts consacrés à Napoléon, du conservateur du musée de Malmaison ou encore de collectionneurs et de journalistes. Ils sont là pour veiller avec rigueur et exigence intellectuelle au contour de cette manifestation. Nous travaillons avec eux depuis le début et ils nous ont permis de nous aiguiller lorsque nous avions des incertitudes sur certains points.
LPA – Cela fait cinq années que la ville s’engage pour faire revivre l’histoire de Napoléon, comment les Rueillois ont-ils accueilli l’initiative ? Sont-ils partie prenante de l’événement ?
N. K. – Complètement, il s’agit d’une manifestation grand public et c’était une volonté que chacun s’approprie cette manifestation. Nous avons mis en place un système de bénévolat avec les services de la vie associative de la ville où l’on propose à tous les Rueillois souhaitant s’impliquer dans le jubilé de se manifester. Nous travaillons également avec tous les restaurateurs et les commerçants qui sont très satisfaits de l’événement. En 2014, nous avions eu 70 000 visiteurs au cours d’un week-end, c’est un vrai atout pour l’économie locale tout en représentant une vitrine pour la ville.
LPA – La commune de Rueil a également pour ambition de développer le réseau autour d’un label « ville impériale ». De quelle manière cela va-t-il être fait ?
N. K. – Le réseau « ville impériale » concerne les villes avec un patrimoine napoléonien du Premier Empire, elles sont aujourd’hui une quinzaine. Ce réseau a vocation à se développer et nous organisons régulièrement des réunions et assemblées générales pour promouvoir ce patrimoine lié à Napoléon et créer de nouveaux parcours. De nombreux projets sont en préparation pour dynamiser ce réseau.