Le futur écoquartier de Rueil Malmaison (92) se dévoile

Publié le 04/12/2017

La mairie de Rueil-Malmaison a organisé une nouvelle exposition pour présenter à la population les contours du futur écoquartier de l’Arsenal. Le projet, résolument ambitieux, devrait faire sortir de terre un lieu de vie qui se veut exemplaire sur son empreinte écologique.

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Il deviendra le « 13e village de Rueil-Malmaison ». Annoncé en mai 2014 par la municipalité, le projet d’écoquartier de l’Arsenal se veut pour le moins ambitieux : il prévoit la construction de 2 100 logements, 35 000 m² de bureaux et 8 000 m² de commerces, le tout en respectant des normes environnementales particulièrement strictes.

Située sur les hauteurs du Mont-Valérien et du plateau, cette zone de 17 hectares a été occupée pendant de longues années par l’OTAN, puis par un centre de recherche pour Renault qui sera définitivement abandonnée par le constructeur automobile en 2010. Elle n’était désormais plus qu’une friche industrielle laissée à l’abandon.

L’écoquartier témoigne donc aussi d’une volonté de réinvention pour la ville, ce que souligne Patrick Ollier, maire de la ville : « Nous souhaitons que notre ville vive, qu’elle évolue, qu’elle respire… Et qu’à la place d’une friche industrielle de 17 hectares on ait un beau quartier ». Les travaux, qui ont déjà été entamés au niveau des anciens bâtiments de l’OTAN et du groupe scolaire Robespierre, s’échelonneront jusqu’en 2025 pour un coût global qui devrait avoisiner les 200 millions d’euros.

Dès 2020, la première phase du projet sera livrée à la ville et aux futurs habitants. La commercialisation des futurs logements a d’ailleurs été lancée fin septembre avec un vrai succès de participation selon le maire de la ville. Au final, c’est plus de 7 000 habitants qui devraient être attirés par ce quartier qui va dédier 30 % de sa surface totale aux espaces verts, soit 5,4 hectares. La ville de Rueil-Malmaison s’est d’ailleurs engagée auprès de l’État dans un processus de labellisation de son écoquartier qui sera évalué dans toutes les étapes de sa conception à sa réalisation par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Outre les logements, dont 30 % de logements sociaux, et un parc traversant de 600 mètres de long pour 25 mètres de large, le point d’orgue de cet écoquartier sera le complexe sportif dont la construction démarrera en 2018 pour une livraison en 2020. C’est l’architecte Rudy Ricciotti qui a dessiné le futur bâtiment de 15 000 m² venant remplacer l’ancien centre Alain Mimoun, on lui doit notamment le MuCEM de Marseille ou le stade Jean Bouin à Paris.

Le complexe sportif accueillera un grand centre aquatique de 6 400 m² avec deux bassins, un espace bien-être et un solarium, un plateau sportif de 6 500 m², qui comprend une piste d’athlétisme et trois terrains multisports ainsi qu’un gymnase de 7 600 m², abritant dojos et divers terrains pour le handball et le tennis de table.

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Impossible enfin de dissocier le projet de l’Arsenal d’un autre bien plus vaste, celui du Grand Paris Express, puisque la gare Rueil-Suresnes Mont-Valérien sera au cœur du dispositif. Avec sa mise en service prévue pour 2025, elle verra transiter 70 000 personnes par jour et sera le poumon du quartier, mais aussi de la ville, en matière de transports en commun.

Pour Patrick Ollier « la gare permet l’existence de l’écoquartier» et prend d’autant plus de sens grâce à celui-ci. À quai, c’est la ligne 15 Ouest du futur métro automatique qui reliera à terme Boulogne-Billancourt à Saint-Denis-Pleyel. La Défense ne sera ainsi plus qu’à 9 minutes de transports (contre une demi-heure actuellement), le Pont de Sèvres à 5 minutes (contre 35 minutes) et les aéroports d’Orly et Paris-Charles-de-Gaulle à respectivement 29 et 43 minutes (soit une heure de moins qu’aujourd’hui).

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Retour sur ce nouvel écoquartier avec Monique Bouteille, adjointe au maire en charge de l’urbanisme et de l’écoquartier à la mairie de Rueil-Malmaison.

Les Petites Affiches

Vous avez lancé une nouvelle exposition sur le projet d’écoquartier le 4 octobre dernier, est-ce que vous pouvez nous en dire plus  ?

Monique Bouteille

En effet, la maison de l’écoquartier avait été ouverte en avril et une première exposition avait été mise en place avec une salle où l’on a installé des panneaux informatifs. L’idée était de retrouver en un seul lieu toutes les informations liées à l’écoquartier. Le 4 octobre nous avons renouvelé et complété cette installation à travers des maquettes volumes. Elles permettent de visualiser tous les bâtiments de la première phase : c’est-à-dire les logements et aménagements environnants. Une deuxième maquette plus grande a également été réalisée qui représente un tiers de la longueur totale du parc traversant. Enfin, on retrouve une maquette virtuelle en 3D de la première phase qui permet de visualiser l’ensemble du projet sur une table numérique. Dans le même temps, nous nous sommes associés avec la Société du Grand Paris à qui nous avons dédié une salle abritant la maquette 3D du projet de la ligne 15 sur toute l’Île-de-France. La SGP a aussi édité un document pour l’occasion sur le démarrage des travaux pour le futur métro à Rueil.

LPA

Avez-vous été impliqué dans la conception de la future gare Rueil-Malmaison – Suresnes – Mont-Valérien  ?

M. B.

Oui c’était important pour nous de participer activement à la réflexion sur les aménagements puisque cette gare sera au cœur du dispositif de l’écoquartier. Pour cela nous pouvons nous inspirer de l’expérience que nous avons acquise sur le Mobipôle : la gare du RER A qui avait été l’objet d’importants travaux de réaménagements, aboutit en 2016. Nous avions notamment reçu deux prix pour ce projet, l’un sur la mobilité de par le caractère multimodal de cette gare, et l’autre sur le cadre de vie. L’idée était de transformer la gare en lieu de vie en y incluant un jardin et des espaces verts. Les aménagements autour de la gare du Grand Paris Express devront donc évidemment s’inspirer de ce qui est aujourd’hui une référence sur l’Île-de-France : notre gare du Mobipôle.

LPA

Ce nouvel écoquartier se veut-il un modèle en la matière  ?

M. B.

Nous avons mis en place des axes forts pour l’écoquartier autour du renforcement des offres de qualité pour la population, que ce soit au niveau des commerces de proximité ou des équipements publics qui trouveront place dans la modernité. Tous les équipements publics devront respecter des objectifs environnementaux d’une extrême rigueur. À l’échelle de l’écoquartier, nous avons un objectif de 60 % d’énergie renouvelable avec la prise en compte de la géothermie, des panneaux solaires, etc. Le premier équipement qui verra le jour sera le complexe sportif qui regroupera cinq disciplines et qui accueillera un bassin sportif de natation. Il sera réalisé avec un opérateur engagé dans une gestion des résultats et de l’ensemble de l’équipement, nous souhaitons avoir l’assurance que l’équipement répond aux besoins d’économie de gestion d’eau, de consommation énergétique modérée et de récupération. Cela comptait d’ailleurs parmi les points-clés de l’appel à candidatures. On trouvera également un équipement culturel, l’Avant-Scène, dont le cahier de charges reste à définir. Enfin, nous avons la requalification de l’école Robespierre : elle sera complètement réorganisée et va s’agrandir pour être en capacité d’accueillir de nouvelles classes.

Sur les parties privées, c’est-à-dire les logements et bureaux, les bâtiments devront déjà respecter les socles fixés dans la réglementation thermique 2012 (RT 2012). Nous avons cependant demandé aux opérateurs de dépasser ces socles d’au moins 20 % et d’inclure la biomasse dans leur projet, mais nous les encourageons aussi à y aller chercher d’autres labels ou retours d’expériences qui seraient pertinents (récupération des eaux de pluie pour les arrosages, etc.). L’objectif est de pouvoir inscrire tous ces dispositifs dans le smart grid (réseau électrique intelligent) qui sera mis en place. Enfin, nous avons l’ambition d’imposer un réseau de chaleur qui aura deux utilités : d’une part, permettre de responsabiliser les futurs habitants qui pourraient être appelés à réduire leur consommation aux heures de température excessivement basse, d’autre part mettre en place une solidarité énergétique en raccordant des résidences sociales qui sont autour de l’écoquartier pour faire profiter leurs locataires de réductions de charges.

LPA

Avez-vous intégré la population au projet  ? De quelle manière  ?

M. B.

Depuis le lancement de ce projet en 2014, nous avons organisé de nombreuses réunions publiques qui ont pu attirer jusqu’à 400 ou 500 personnes. En parallèle, nous avons mis en place une concertation à l’échelle du quartier, dans le cadre de l’étude d’impacts. Cela a pris la forme d’ateliers composés de volontaires, et si nous avons commencé avec une quarantaine de personnes, nous avons désormais plus de 800 personnes actives inscrites avec lesquelles nous échangeons régulièrement. Nous avons donc organisé 45 réunions thématiques qui ont été faites, soit au niveau des riverains immédiats et des Rueillois désireux de participer, soit auprès de cibles très spécifiques telles que des copropriétés, bailleurs, écoles, collèges et lycées… Ces réunions ont, je le crois, incité la population à s’impliquer en leur expliquant ce qu’était un écoquartier et comment cela pouvait avoir un impact positif sur le cadre de vie. Certains partenariats ont été très intéressants, nous nous sommes notamment associés à des écoles d’ingénieurs pour effectuer des recherches de technologie applicable à la requalification de l’école Robespierre par exemple. Nous continuons encore aujourd’hui ce type d’exercice : récemment nous en avons organisé un sur les types de commerce à envisager pour répondre aux attentes de proximité des riverains, un atelier de réflexion sur la circulation aura aussi lieu avant la fin de l’année. Enfin, il faut noter que l’évolution du projet est régulièrement relatée au sein des 12 conseils de village de la ville.

LPA

Ce projet est aussi possible grâce à l’arrivée du Grand Paris express et de la nouvelle gare, comment va-t-elle impacter le quotidien des Rueillois  ?

M. B.

L’arrivée de la gare du Grand Paris Express va être très positive pour un grand nombre de personnes. Ce quartier est actuellement très mal desservi puisque la gare de Rueil RER A est complètement excentré. Pour descendre du plateau du Coteaux, il faut bien 35 à 45 minutes pour arriver à la gare RER, cela génère des attentes en matière de transport en commun qui ne sont pas remplies et donc un flux de voitures important, que cela soit vers le RER ou entre banlieues. L’ouverture de cette gare va permettre à 20 000 habitants d’habiter à moins de 800 m de la ligne 15 et donc de diminuer drastiquement le flux de voitures. Dans ses projections, la société du Grand Paris anticipe que l’ouverture des gares fera baisser de 10 à 15 % la circulation routière dans les zones où elles sont installées. Cependant, il est vrai que le Grand Paris Express ne sera complété dans son tracé Sud qu’en 2025 alors que les premières livraisons d’écoquartier sont fixées à 2020. Nous travaillons donc avec le STIF pour que la RATP et d’autres transporteurs puissent déjà nous proposer une solution temporaire pour soutenir l’arrivée de la population. Nous avions déjà travaillé à la création d’une navette intercommunale entre Suresnes, Rueil et Nanterre, avec la ligne 563. C’est une première étape pour désenclaver ce secteur qui devrait être suivi par d’autres.

LPA

Comptez-vous continuer de favoriser la circulation à vélo  ?

M. B.

C’est un de nos objectifs. Nous sommes actuellement en pleine réflexion pour mettre en place les cheminements piétons et circuits de vélo, des repérages ont été réalisés à travers les onze communes du territoire du pôle pour identifier les axes verts majeurs. Cela permettra d’envisager la circulation à vélo dans une continuité, que cela soit à travers les parcs ou les axes partagés avec les voitures. Nous aurons aussi l’arrivée des Vélib’Métropolitain en 2018. Tout cela doit être développé avec la sécurité comme priorité et dans la communication avec la population.

LPA

Quelles seront les prochaines étapes  ?

M. B.

Cette maison d’écoquartier est vraiment le lieu où la population peut venir se renseigner. Nous allons continuer ce travail d’information via deux axes : des visites guidées pour les populations concernées, que ce soit des écoles, des entreprises ou des riverains. L’autre étape importante est la création d’un écolab, pour le début 2018, en partenariat avec les entreprises (majoritairement rueilloises) qui mettront en pédagogie les technologies utilisées sur l’écoquartier. Je pense par exemple à Lucibel, la société rueilloise qui a développé le Lifi (Wifi par la lumière). Nous allons travailler avec Suez et Sagemcom qui travaillent dans le domaine des capteurs intelligents, première brique d’un futur smart grid. Chacun pourra exposer son domaine de métier et montrer comment il peut s’appliquer dans le quartier.

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