Hauts-de-Seine (92)

Summer Invest 2020 : une deuxième édition sous le sceau du numérique

Publié le 09/10/2020

Pour la deuxième édition du Summer Invest, rendez-vous qui facilite les rencontres entre acteurs de l’économie et investisseurs franciliens, notamment des Hauts-de-Seine (92), c’est une version 100 % digitalisée qui a été organisée par la CCI du 92 et le catalyseur Paris Ouest La Défense (POLD), soutenus par leurs partenaires l’IE Club et le Syntec numérique. Le programme faisait le tour des questions que se posent les acteurs privés du financement, les organismes publics et les dirigeants d’entreprise. En cette période de forte reprise, les enjeux autour du financement des projets entrepreneuriaux sont plus déterminants que jamais. Découvrir la cotation d’entreprise, réussir sa levée de fonds, booster la reprise de son activité ou encore optimiser son plan de financement avec des solutions alternatives, autant de conférences qui ont imposé le Summer Invest comme le rendez-vous essentiel de cette rentrée, placée sous le sceau du renouveau entrepreneurial. Des invités prestigieux comme Éric Larchevêque, serial entrepreneur, étaient également présents, donnant à cette édition entièrement numérique un petit supplément d’âme. Yannick Joncour, conseiller stratégie et financement au sein de la CCI 92, et Valérie Marillat, directrice de la pépinière/hôtel d’activité Villejuif Bio Park et responsable de la filière santé de la CCI Île-de-France, sont revenus sur les particularités de l’édition 2020.

Les Petites Affiches : Quel bilan tirez-vous de cette édition digitalisée ? A-t-elle bien fonctionné par rapport à la première édition de 2019 ?

Valérie Marillat : Cela a été un vrai succès, malgré le recours au digital. Nous ne l’avons pas choisi, mais nous avons réussi à en faire une force. Nous avons réussi à tirer de la situation une véritable opportunité pour toucher davantage de monde et plus d’entreprises franciliennes, peut-être plus que si nous l’avions réalisé de façon physique. Avec plus de 700 participants, nous avons doublé les chiffres de 2019, et les premiers retours sont très positifs.

Yannick Joncour : Nous avons eu 711 inscriptions à l’événement, dont 310 entreprises, 11 établissements de crédit, 47 établissements de capitaux investisseurs (business angels, fonds d’investissement, etc.), 13 organismes de financements alternatifs (crowdfunding, crowdlending, crowdequity, etc.) et des structures de financements comme Initiative France ou le Réseau entreprendre, ainsi que plus de 330 invités, des personnes ou des entreprises qui se sont inscrites pour assister aux différentes interventions. En parallèle des interventions et des tables rondes ont été réalisées ainsi que des entretiens individuels, au nombre de 440, d’une durée de 15 minutes.

LPA : Qu’est-ce qui a le plus intéressé les participants cette année ?

V.M. : Ce qui est notable, c’est que les key notes (conférences) les plus généralistes, comme celles sur le panorama des aides, ont connu le moins de succès, contrairement aux rendez-vous beaucoup plus techniques, comme le sujet sur les levées de fonds, qui ont réuni davantage de participants. En effet, le public de Summer Invest est constitué de personnes assez matures par rapport à leur projet : en résumé, elles connaissent le système et ont besoin de rencontrer les gens, et nous sommes là pour faciliter la rencontre entre les entreprises et les investisseurs. Cependant, nous nous adressons à des entrepreneurs qui ne sont pas nécessairement expérimentés, puisque des start-up participent volontiers au Summer Invest. Mais ce sont des gens qui savent où ils veulent aller, et ne sont pas au tout début de la construction de leur projet. Cela dépend, en somme, du degré de maturité du chef d’entreprise, plus que de l’entreprise elle-même.

Y.J. : Nous essayons d’apporter des informations qualitatives aux participants, en proposant des éclairages souvent méconnus des entrepreneurs mêmes, comme les questions de cooptation ou celles de garantie et sûreté financière. Nous avons essayé de le faire aussi avec la conférence sur les modes alternatifs d’investissement, comme le crowdfunding (don contre don, equity, royalties, crowdlending etc.)

LPA : Comment évaluez-vous le degré de réussite des rencontres entre entrepreneurs et investisseurs ?

V.M. : Derrière l’événement, les entreprises qui avaient calé des rendez-vous sans que cela donne suite – faute de temps ou en ayant mal ciblé les « bons » investisseurs – ne sont pas laissées sur le bord de la route. Si le teasing de leur projet n’a pas séduit, nous rappelons les gens pour travailler leurs besoins, afin qu’ils soient prêts à discuter à nouveau avec des investisseurs.

Y.J. : Si les rendez-vous ont été refusés, c’est souvent parce que les entreprises se sont adressées aux « mauvais » interlocuteurs. Par exemple, si une start-up a pris contact avec un fonds d’investissement, ce n’est pas adéquat, car les fonds d’investissement n’investissent pas dans les entreprises en création.

LPA : Sentez-vous une sorte de frilosité des investisseurs, alors que la période semble si incertaine ?

V.M. : Je ne pense pas qu’il y ait une sorte de frilosité, malgré cette période certes particulière. Il s’agit en revanche pour chacun d’investir au bon endroit. Pas de frilosité, donc, mais les investisseurs cherchent à creuser un peu les projets, car il ne sert à rien de dire « Je vais vous donner de l’argent » si le projet n’est pas arrivé à maturité suffisante. L’argent n’a jamais empêché qui que ce soit de se « planter ». Ce n’est pas que l’argent n’est pas important, mais il n’est pas seul en jeu…

Y.J. : Certes, avec le confinement, tout le volet soutien aux projets en création et développement a été stoppé. Mais les entreprises ont vu tout ce que le gouvernement a mis en place, soutenu par les organismes de financement, comme les banques. Aujourd’hui, les investisseurs viennent vers nous et ils cherchent activement de nouveaux projets à accompagner.

LPA : Lors de cette édition, vous avez proposé une conférence sur les modes d’investissement alternatifs. Si les banques ont répondu présentes pendant la crise, des entreprises, notamment des PME, ont aussi parfois souffert d’un manque de soutien… Cela a-t-il donné un coup de fouet à ces méthodes ?

Y.J. : Ces nouveaux types de financement sont là pour aider les entreprises à passer cette crise. Mais c’était déjà le cas avant. Pendant la crise, les entreprises ont commencé à davantage regarder toutes les typologies de financeurs, qui apportent une solution alternative par rapport aux banques en général, notamment les crowdfunding en equity ou en royalties, le dernier arrivé dans le monde du crowdfunding.

LPA : Dans ces cas de figure, les avantages et les inconvénients sont assez clairs : les entreprises peuvent obtenir de l’argent plus rapidement qu’avec une banque, avec moins de contraintes mais à des taux supérieurs. Sont-elles de plus en plus prêtes à faire ce choix ?

Y.J. : Oui, clairement, elles sont de plus en plus prêtes à faire ce choix, surtout dans cette période où tout doit aller plus vite.

LPA : Avez-vous senti des réticences à une édition 100 % digitale ?

V.M. : Honnêtement, après la période de confinement puis de déconfinement, de nouvelles habitudes de travail et d’organisation se sont mises en place. Nous avons longtemps hésité avec une édition mixte (digitale et physique), mais au niveau sanitaire, cela ne nous a pas semblé raisonnable. Et au final, cette édition entièrement digitale a peut-être davantage mobilisé de personnes, car elles n’ont pas eu à se rendre à La Défense. Elles ont pu caler leurs rendez-vous, les assurer en ligne au moment opportun et se sont connectées en fonction de leur agenda. Nous avons tiré profit de la situation : de la peur du début n’est restée que l’évidence du digital.

LPA : Comment se sont passés les rendez-vous individualisés ? La distance numérique a-t-elle été un frein quelconque ?

V.M. : Lors des entretiens individualisés, je peux dire que l’enthousiasme était mutuel, de la part de tous les acteurs. Certes, la communication était un peu différente et il était plus difficile de rebondir, car le langage du corps est coupé en vidéo, mais cela n’a pas empêché que tous les sujets soient abordés.

Y.J. : J’ai reçu des messages des partenaires qui m’ont affirmé que ce Summer Invest était l’un des événements les plus efficaces auquel ils avaient participé, événements physiques compris. Le signe d’une claire réussite.

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