Paris (75)

Île-de-France : les annulations de salons s’accumulent

Publié le 11/05/2021
Salon, hall d'expo
kwanchaift/AdobeStock

Si 2020 pouvait être considérée comme une annus horribilis pour l’économie des salons professionnels ou grand public, le début de l’année 2021 s’inscrit dans la même lignée. Aucun salon en présentiel n’a pu se tenir en Île-de-France en ce début d’année selon la Chambre de commerce et d’industrie régionale. Et rien n’indique que cela changera rapidement.

D’ordinaire, il est préférable de prendre du recul quand des chiffres sont communiqués et lâchés sur la place publique. Selon le contexte dans lequel ils émergent et leur base de référence, une forte augmentation ou une spectaculaire diminution peuvent avoir différentes significations. Ces chiffres peuvent tout dire et ne rien dire à la fois. Ceux de l’activité salon et congrès en Île-de-France, révélés en mars dernier par la Chambre de commerce et d’industrie de la région capitale (CCI Paris Île-de-France), ne peuvent souffrir d’aucune contestation. Du fait des restrictions imposées pour lutter contre le Covid-19, aucun salon n’a pu être organisé depuis le début de l’année 2021. Ce zéro pointé entraîne logiquement une chute d’activité sans égal : – 100 %.

Des pertes par milliards

Jusqu’à présent, ce sont 100 salons, prévus initialement en présentiel, qui ont dû être annulés en Île-de-France. La liste devrait rapidement s’allonger dans les prochaines semaines. Si la réouverture des bars et des restaurants représente un défi logistique important à l’échelle de quelques salariés, l’organisation d’un salon ou d’un congrès nécessite elle d’être pensée et planifiée plusieurs mois à l’avance. Ce secteur d’activité a besoin de visibilité, un concept oublié en temps de coronavirus. Ainsi, le salon international de l’aéronautique et de l’espace du Paris, organisé tous les deux ans au Bourget, ne se tiendra pas en juin prochain. Les amateurs et professionnels de l’aéronautique devront patienter jusqu’en juin 2023 pour se réunir. Dans le détail, entre avril et décembre prochain, 15 organisateurs de salons ont annoncé renoncer à une tenue en physique de leur événement.

Une partie d’entre eux (plus de la moitié) font dès lors le pari du numérique, pour se rappeler aux bons souvenirs de leurs visiteurs habituels et rester en contact avec leurs exposants et leurs clients. Mais comme l’indique la CCI Paris Île-de-France dans sa note, « Le salon digital génère infiniment moins de retombées économiques. En effet, les dépenses liées aux séjours des exposants et visiteurs sont nulles (transports, hôtels, restaurants, shopping, sorties culturelles…). Celles liées à l’organisation du salon sont quant à elles bien moindres dans la version digitale ». Les chiffres sont là aussi sans appel : d’après la CCI, le manque à gagner pour le territoire francilien s’élève pour l’instant à 1,6 Md€. Pour les entreprises, c’est 5,7 Md€ de ventes qui sont rendues impossibles par le Covid. Et l’addition pourrait s’avérer encore plus salée à la fin de l’exercice 2021 puisque l’ensemble de ces estimations ont été réalisées en amont des annonces relatives au troisième confinement.

Horizon rentrée 2021

Comme annoncé le 31 mars dernier par le président de la République pour les commerces et les lieux fermés, la mi-mai marquera-t-elle également une reprise d’activité pour les salons en Île-de-France ? Difficile à croire aujourd’hui. Si Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État chargé du Tourisme, avait plaidé, fin février dernier, pour la mise en place d’expérimentations dans le secteur en mai ou en juin prochain, avec un nombre restreint de visiteurs et des protocoles stricts à respecter, rien n’a été confirmé à ce propos depuis. Ces bonnes intentions pourraient être repoussées à la rentrée. Le « retour à la normale » quant à lui ne pourra pas s’inscrire en 2021, c’est certain. Dans ce contexte inédit, la note la plus positive semble relever des intentions des professionnels du secteur. D’après une enquête menée par l’association LEADS « Les Agences Design & Stand », qui regroupe des professionnels du stand, du design événementiel et commercial, et repris par la CCI Paris Île-de-France, 75 % des entreprises exposantes interrogées ont l’intention de participer à un salon en France au second semestre 2021. Elles sont aussi, pour 55 % d’entre elles, prêtes à allouer un budget stable pour l’agencement de leur stand. Pour que ces désirs et cet optimisme se confirment, encore faut-il que l’épidémie recule vraiment, et pour longtemps.

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