Paris (75)

Le télétravail devrait faire baisser la demande de l’immobilier de bureaux

Publié le 11/03/2021
Télétravail
AR/AdobeStock

Selon une étude de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière, la place prise par le télétravail devrait inciter les entreprises à réduire leurs surfaces immobilières de bureaux, de 2 % à 12 % selon les scénarios projetés.

Le télétravail est une tendance de fond. Si la pratique s’est installée depuis une décennie au sein des entreprises françaises, elle ne s’est imposée qu’à la faveur de la crise sanitaire débutée en mars dernier. Réussira-t-elle dès lors à s’inscrire dans le temps comme un nouveau mode d’organisation du travail ? Et à transformer ainsi le paysage de l’immobilier de bureaux en région parisienne ? C’est pour tenter de répondre à ces questions que l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF) vient de publier les résultats d’une étude portant sur l’impact potentiel du télétravail sur le parc et la demande de bureaux en Île-de-France à moyen terme.

Pour cet exercice de simulation, l’IEIF s’est basée sur trois scénarios issus de récentes études menées par l’institut lui-même et des partenaires : « Si la crise n’avait pas eu lieu », « Accélération de la transformation des modes de travail », et « Le monde d’après en rupture ». Ces scénarios reposent eux-mêmes sur 4 critères principaux : la part des entreprises décidant de mettre en œuvre une politique de télétravail, le nombre de jour télétravaillé, la part des emplois qui pourraient être soumis au télétravail, et enfin, le gain de surface immobilière envisageable.

Trois scénarios à la baisse

Ainsi selon le premier scénario, dans lequel 24 % des entreprises instaureraient 1 jour de télétravail par semaine pour les 60 % des emplois qui le permettent, le parc de bureaux franciliens se réduirait de presque 900 000 m², soit 1,7 % de son total actuel.

Dans le deuxième, avec 2 jours télétravaillés pour 41 % des entreprises, beaucoup plus envisageable si l’on se réfère à son titre, le même parc baisserait de 6,5 % (3,3 millions de m²).

Enfin, d’après l’ultime scénario retenu, reflet d’une évolution possible mais plus radicale, l’ensemble de la surface occupée par les bureaux en Île-de-France, chuterait de presque 12 % (6 millions de m²). Une telle transformation nécessiterait selon les projections de l’IEIF que la moitié des entreprises du territoire mettent en place, en moyenne, 2,2 jours de télétravail par semaine pour les 60 % de salariés qui pourraient en profiter.

Pour l’Institut, peu importe le scénario qui se révélera être juste finalement, « si le télétravail permet d’envisager une réduction potentielle du nombre de postes de travail, celle-ci ne se répercute pas de manière symétrique sur les surfaces occupées par les entreprises ».

En clair, la baisse du parc de bureaux sera moins rapide que la hausse envisagée du télétravail. D’après l’IEIF l’« impact déflationniste sur le parc de bureaux franciliens prendra du temps. Les entreprises doivent d’abord définir, puis implémenter une nouvelle organisation du travail ». Et la diminution de la surface dédiée aux bureaux n’est que la dernière étape d’un long processus.

L’IEIF relève enfin un problème culturel et note que « La proportion de personnes en télétravail a chuté beaucoup plus fortement en France après la fin du premier confinement que dans les pays où le recours à cette modalité de travail est culturellement plus développé et mieux accepté ». Les dirigeants français conservent de nombreux a priori sur le travail à distance.

Un avenir flou

Aussi, les suppositions d’aujourd’hui peuvent-elles être transposées dans un avenir incertain ? Une nouvelle pandémie mondiale aurait des conséquences encore plus lourdes sur l’immobilier de bureaux. A contrario, un rebond économique vigoureux et une confiance retrouvée, pourraient amoindrir la tendance « télétravail ». « Cet impact déflationniste sur le parc de bureaux franciliens prendra du temps », explique ainsi l’IEF, et de conclure que « Les différents scénarios étudiés devront être affinés dans les prochains mois, notamment au regard des orientations qui seront finalement retenues par les entreprises, une fois le contexte très spécifique lié à la crise sanitaire moins présent, mais également sur le plan géographique ».

Pour l’Île-de-France, où se concentrent les principaux pôles tertiaires nationaux et un tiers de la production de richesse nationale, l’enjeu est de taille.

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