Lanceur d’alerte
Seuil
David John Moore Cornwell, dit John le Carré, ne cache pas ses opinions ni ses inimitiés pour le monde politique qui l’entoure. Brexit, Trump président des États-Unis, autant de sujets qui le font réagir sur le monde d’aujourd’hui. Et quoi de mieux pour les dénoncer que d’utiliser son arme préférée, sa plume…
On sait que John le Carré a fait ses armes durant la guerre froide en tant qu’agent des services de renseignements britanniques avant de se consacrer à l’écriture et notamment au roman d’espionnage. Connaisseur du monde politique et géopolitique, il ne cesse de critiquer la politique britannique, inféodée selon lui à celle des États-Unis. Et c’est justement le sujet de son dernier roman, Retour de service, paru aux éditions du Seuil.
Nat, 47 ans, est un agent des services de renseignements britanniques.
Après une longue carrière à l’international, le voilà obligé, aux vues de son âge, de quitter le terrain et de revenir à Londres où son épouse Prue, avocate brillante et militante, l’attend.
Ce retour au bercail va prendre une tournure inattendue quand le poste qu’on lui propose dans une entité secrète, dénommée « le Refuge », qui s’avère être une sous-station du département « Russie », dans laquelle végète des espions qui ont fait leur temps eux-aussi, va le mener à démasquer des espions dormants à la solde de la Russie.
Entre les beaux quartiers de Londres et ses agences d’espionnage dirigées par de sombres personnages politiques, la République Tchèque où sévit d’anciens espions reconvertis à la solde du plus offrant et son club de badminton, Nat est un homme occupé… à cacher son jeu.
C’est justement à son club de badminton qu’il va faire la connaissance d’Ed, jeune homme dégingandé et lunaire, qui a des idées bien arrêtées sur l’état du monde. Cette bouffée d’air pur va se transformer en étaux près à se resserrer sur lui.
Mais Prue, en fine avocate et en dépit des risques encourus, va aider Nat bien plus qu’il ne l’aurait espéré et le jeu des faux-semblants va en étonner plus d’un…
Entre crise du monde moderne et crise des vocations, John le Carré se joue lanceur d’alerte et met en perspective ce que la real politique a de plus de perverse. De quoi faire bien des dégâts dans le monde merveilleux de l’espionnage britannique.
John le Carré reprend des thèmes qui lui sont chers, et révèle les petits arrangements entre « amis » qui dirigent ce monde ; entre portrait cynique de ceux qui nous dirigent et regard désabusé sur les événements, qui sait lire entre les lignes y verra simplement un guide de reconversion pour espion en mal de missions…