Le vrai visage de Richelieu
Cette édition originale de l’éloge de Richelieu, avec son portrait authentique, a été adjugé 1 137 €.
Binoche & Giquello/Drouot
Théophraste Renaudot (1586-1653) était médecin et originaire de Loudun dans la province du Poitou. Ce n’est pas tant grâce à ça qu’il est passé à la postérité comme l’ancêtre du journalisme français. L’homme était en réalité davantage un philanthrope. Et Charles Ledré, auteur de L’Histoire de la presse, ajoutait : « Un esprit large aussi que les haines religieuses, si ardentes alors, ne détourneront pas de son but ». De confession protestante avant de se convertir au catholicisme, il savait ce que ces haines avaient engendrées dans le royaume. Aurait-il pu lancer le 30 mai 1631, alors qu’il était âgé de 45 ans, sa Gazette, s’il n’avait pas été proche de François Leclerc du Tremblay, plus connu sous le nom de Père Joseph, le conseiller du cardinal de Richelieu ?
Le ministre de Louis XIII le fit admettre en 1624, au Conseil du roi en tant que « Médecin du Roi et Commissaire Général des Pauvres de ce Royaume ». C’est ainsi qu’il signa l’Éloge d’Armand Jean du Plessis cardinal de Richelieu (54,3 x 40 cm). Un exemplaire de l’édition originale de ce placard imprimé a été adjugé 1 137 €, à Drouot, le 19 novembre 2021 par la maison Binoche & Giquello. Cette feuille est illustrée d’un portrait gravé sur cuivre par Melchior Tavernier (1594-1665), d’après Michel Lasne (1595-1667). On reconnaît cet exemplaire comme étant du premier tirage, car n’y figure pas encore l’ajout sous le portrait de la mention gravée : Melchior Tavernier fecit et ex. ; il existe en effet une seconde édition en 1628, publiée sous la forme d’une plaquette in-4 de 7 pages. « Le portrait par Lasne, qui est le premier portrait authentique de Richelieu, sera, jusqu’aux portraits peints par Philippe de Champaigne à partir de 1633, le modèle transmettant l’effigie du cardinal », indique Maxime Préaud, conservateur et historien de l’estampe français.
Renaudot fut toujours un des fidèles de Richelieu, même au temps de la disgrâce. Fort de sa protection cardinalice, il put lancer en 1631 la Gazette. Cet hebdomadaire, le premier organe de presse français, le rendit célèbre. Quelques temps plus tard, sans doute en 1632, il ouvrit un « bureau d’adresses », et permettait, par un jeu d’annonces, d’offrir aux indigents de l’aide et de l’emploi. La publication des petites annonces d’emplois et autres avis publics fut une nouveauté, d’autant plus qu’il faudra attendre encore 20 ans avant que le premier journal n’apparaisse. La très grande majorité de la population ne sachant pas lire, le contenu des avis que l’on appela rapidement les Affiches était relayé par les crieurs de rue. Ces « petites affiches », nous les connaissons bien, elles ont traversé le temps et se retrouvent aujourd’hui sous le nom d’Actu-Juridique.fr.
Référence : AJU003d8