Des masculins singuliers : les secrets des intérieurs parisiens

Publié le 13/05/2020

Flammarion

La décoration intérieure est un art. Et les livres qui en parlent et donnent à la voir sont des objets magiques. On pénètre dans les intimités, découvre des styles, des manières d’accrocher des tableaux et des cadres ou de ne pas les accrocher, d’installer, de mélanger des genres (tout un art justement), d’élucubrer, d’ordonner, d’empiler, de colorer, d’illuminer, de tester, de changer…

La décoration comme une aventure, mais une aventure qui ne laisse que peu de place en vérité au désordre et au hasard, sauf dans la quête de l’objet. Elle dit surtout qui on est. D’imprimer sa marque. Et à travers la décoration, laisser sa trace : celle du décorateur et celle de l’occupant des lieux.

Le livre Masculins singuliers porte bien son titre. Ce livre somptueux et magnifiquement illustré par les photographies de Guillaume de Laubier nous ouvre la porte des intérieurs parisiens de plusieurs personnalités masculines souvent célèbres : chef d’orchestre, décorateur, couturier…

Catherine Synave, auteure du livre, au fil de 25 intérieurs, propose « le portrait du Parisien » ; on dira de certains « parisiens », quoique l’usage de la majuscule fonctionne sans doute comme un manifeste esthétique. On découvre des univers inattendus, des plus baroques aux plus ésotériques, voire ascétiques.

Chaque personnalité s’incarne dans le mobilier, une époque, un genre ou dans le mix des genres et des matériaux, pierre, bois, acier, tôle. La décoration est tantôt intuitive, tantôt fonctionne comme un espace de collections ou comme bibliothèque géante. Partout dans ces intérieurs, l’objet est magnifié et fait sens et s’ordonne avec des œuvres d’art, des sièges signés Jean Prouvé, un luminaire Andrea Branzi, un canapé de Jean Royère.

Manière au passage de retrouver les grands courants du style et les signatures d’un Mircea Cantor, de croiser un mouton de Claude Lalanne, et d’envier les tableaux de Jean Lurçat. Mais également de voir que chaque objet, même le plus simple, n’est jamais ordinaire.

Décorer c’est mettre en scène. Ce livre n’est pas qu’une suite d’images. Chaque intérieur est précédé d’un texte de Catherine Synave qui nous en dit plus sur le propriétaire, son histoire.

Ce n’est pas seulement dans une galerie extraordinaire d’art que l’on chemine à travers les pages mais bien et d’abord dans des « intérieurs », ceux de l’âme et du tempérament. Avec ce qui se perçoit partout : le sens aiguisé de l’élégance et du goût.

LPA 13 Mai. 2020, n° 153h3, p.15

Référence : LPA 13 Mai. 2020, n° 153h3, p.15

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