L’année Francis Bacon

Publié le 05/06/2019

L’Atelier contemporain

« Vous savez, l’art est un artifice. Pour faire de l’art, il faut être artificiel ».

La formule, a priori mystérieuse, est de Francis Bacon, peintre des fameux triptyques, les Crucifixions.

On la comprend mieux en se plongeant dans l’univers de cet artiste à part et en découvrant les Conversations, un ouvrage qui recense toute une série d’interviews et entretiens qu’accorda le peintre, parus dans divers journaux et gazettes pendant presque trente ans, de 1964 à 1992.

On savoure l’interrogation (et la réponse), signées d’un « Inconnu », dans un texte paru en 1971 et intitulé : « Était-il méchant » ?

Conversations avec Francis Bacon

La peinture pourrait être d’abord une affaire d’accident. L’accident c’est la tâche, dit Bacon.

Imagination technique et imagination imaginaire, violence, art du portrait, déformation ou réalité, traits et formes, théorie de l’émanation, Bacon évoque à travers ces discussions son approche de l’art, du réel, de la toile et des formes.

Il dit au passage son admiration pour Giacometti, pour lui le plus grand « dessinateur », mais également pour Velasquez et Eisenstein.

Aux questions qu’appelle sa peinture destructrice, déformatrice, cruelle, Bacon explique et commente. Il aime l’exercice de l’entretien pour notre plus grand plaisir ! Il reconnaît et parle de ses changements d’avis, ses évolutions, comme au sujet de ses modèles ou tableaux qu’il n’aime pas. Bacon et l’hostilité vis-à-vis de lui-même… Bacon a détruit, on le sait, plusieurs de ses tableaux.

L’écrivain Yannick Haenel, grand amateur du peintre dit de la violence (et du Caravage), signe une préface autour de « La parole de Bacon ». Il écrit : « Les déclarations de Francis Bacon sont toujours radicales. Lorsqu’il parle, il ne se situe pas à côté de sa peinture, ni même face à elle : il est à l’intérieur de la peinture, il continue de la vivre – il peint ».

Cet ouvrage précieux s’ajoute désormais à d’autres classiques.

Alors que la chronique judiciaire de ce début d’année évoque la contrefaçon punie de deux toiles de Bacon (Portrait d’un personnage portant des lunettes et Portrait d’un personnage sur fond rouge), la rumeur évoque une prochaine grande exposition autour du peintre anglais à Paris.

On n’en sait pas plus : à suivre…

LPA 05 Juin. 2019, n° 143y4, p.23

Référence : LPA 05 Juin. 2019, n° 143y4, p.23

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