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Le futur du football s’écrit à Clairefontaine

Publié le 25/10/2022
Football
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Le célèbre Centre national du football a ouvert en septembre un laboratoire dédié à l’avenir du ballon rond, et au bien-être des joueurs. Quand la haute technologie peut changer le sport.

En 1985, Fernand Sastre, président de la Fédération française de football, lance les travaux de ce qui deviendra le Centre national du football de Clairefontaine au milieu de la forêt de Rambouillet. Le château de Montjoye construit au XIXe siècle, est le cadre idéal : il est posé sur 56 hectares de terrain, à l’abri des regards et des tentations de la ville. Mais près de Paris, tout de même. Les 130 millions de francs (l’équivalent de 19 millions d’euros) investis pour transformer le lieu ouvre une nouvelle page au football français. Cela changera de l’INF de Vichy, dont les premiers élèves étaient entrés en 1972 et qui devenait trop étroit pour les ambitions nationales en matière de ballon rond. Le président de la Fédération nationale décide, pour marquer le coup, de planter un jeune chêne, symbole de « force et de longue vie ».

Le jour de l’inauguration du Centre, le 11 juin 1988, Fernand Sastre lance au président de la République, François Mitterrand, et à João Havelange, président de la FIFA : « Nous savions que le Centre grandirait plus rapidement que le chêne ». Il n’avait pas tort, au propre comme au figuré : entre 1988 et 2022, le Centre de formation qui héberge l’équipe de France aura vécu l’épopée d’Aimé Jacquet et la victoire de la France en 1998, et connaît bien des révolutions. Entre 2004 et 2008, la FFF consacre d’importants investissements financiers (9 millions d’euros) à la rénovation de l’ensemble des bâtiments, des installations sportives, un centre médical de haut niveau, labellisé « FIFA Excellence Center » depuis 2013.

Un pôle de recherche inédit

En septembre, Clairefontaine s’est doté d’un nouveau pôle de recherche dédié au football et à son futur, afin de mieux anticiper l’évolution du jeu pratiqué par plus de 300 millions de joueurs à travers le monde. Un groupe composé de spécialistes du milieu, de chercheurs et des start-up technologiques a été monté. L’université Rennes II, spécialiste de la réalité virtuelle à l’échelle européenne, a également mis son grain de sel. « Les datas, les technologies, les nouveaux processus d’apprentissage, à chaque fois au service de la performance » : voici les piliers de recherche du centre. « On n’a pas envie de faire de l’existant. On veut voir ce qui se joue à dix ans », a expliqué à L’Équipe Franck Thivilier, adjoint du directeur technique national, Hubert Fournier.

Grâce à cet outil, la Direction nationale du football ambitionne de se retrouver à la pointe des nouvelles tendances du ballon rond. Les nouvelles technologies ont gagné le sport, et cela ne date pas d’hier : l’appui de la vidéo pour l’arbitrage est devenu un recours acceptable. Depuis quelques années, les joueurs sont également équipés de brassières GPS. Les données collectées, une fois analysées, peuvent permettre de personnaliser et d’adapter les séances d’entraînement en fonction des niveaux de performance des joueurs.

C’est sur la statistique, un outil utilisé depuis les années 1950, que le laboratoire va se concentrer pour améliorer les performances et anticiper les matchs au mieux. La technologie permettra d’appréhender certaines évolutions du jeu, mieux lire certaines données comme les expected goals (buts attendus selon la position des joueurs). Selon L’Équipe, le laboratoire n’a pas que des ambitions de performance : le bien-être et la santé mentale et physique des athlètes, la gestion du stress ou les problématiques de concentration, seraient des sujets centraux pour ce nouvel outil. Un argument important, à un moment où le sport de haut niveau se remet en question sur les problèmes de santé des joueurs (entre 2020 et aujourd’hui, huit joueurs français sont morts sur le terrain, victimes d’arrêts cardiaques et d’AVC). C’est sûr, cet outil ne sera pas bénéficiaire qu’aux seuls Bleus : d’autres centres de formations et clubs pourront en bénéficier, ainsi que tout un sport.

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