La Seine-Saint-Denis, un département engagé pour la protection de la biodiversité

Publié le 29/12/2023

Le département de Seine-Saint-Denis mène de nombreuses actions pour préserver et mettre en valeur la biodiversité de son territoire.

En 2022, la 15e conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15), qui s’est tenue à Montréal, a abouti à un accord ambitieux prévoyant la protection de 30 % des mers et terres d’ici 2030. La biodiversité, ou diversité biologique, qui est composée de l’ensemble du vivant existant à la surface de notre planète, est menacée. Depuis le début du XVIe siècle, plus de 320 espèces se sont éteintes. La population des espèces restantes a diminué de 25 %. C’est la sixième extinction de masse. Les activités humaines entraînent des conséquences dramatiques sur la biodiversité. Et la cartographie de l’état de la biodiversité, réalisée par l’Unesco en août 2023, met en évidence l’impact du réchauffement climatique sur les espèces. Chaque augmentation d’un degré de la température mondiale double le nombre d’espèces menacées.

La Seine-Saint-Denis accueille une grande partie de la biodiversité francilienne

La France héberge environ 10 % de la biodiversité mondiale. La biodiversité en Île-de-France regroupe plus de 1 450 espèces végétales, 17 espèces d’amphibiens, 56 espèces de mammifères, 178 espèces d’oiseaux nicheurs, 14 espèces de reptiles, 41 espèces de poissons, 112 espèces de papillons de jour, 1 500 espèces de papillons de nuit, 62 espèces de libellules, etc. En France, environ 33 % des espèces sont considérées comme menacées par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, 501 espèces pour la flore vasculaire, 161 espèces pour les crustacés d’eau douce, 74 espèces pour les oiseaux et 11 espèces pour les mammifères. Ainsi une espèce de reptiles sur sept et une espèce d’amphibiens sur cinq sont menacées. Le département de la Seine-Saint-Denis accueille une grande partie de la biodiversité régionale. Il abrite plus de 50 % de la flore, des libellules et des oiseaux nicheurs d’Île-de-France et environ 40 % des orthoptères (criquets, sauterelles et grillons) de la région. Depuis 10 ans, 236 espèces protégées (au niveau national ou régional) ont pu être recensées en Seine-Saint-Denis. Cela fait plus de 500 ans que des naturalistes s’intéressent à la biodiversité présente en Seine-Saint-Denis. Ils y ont dénombré près de 4 526 espèces, ce qui correspond à plus de 310 000 observations. Ce n’est cependant que depuis le début du XXIe siècle que le rythme des observations s’est accéléré. Depuis 2014, 2 344 espèces ont été observées dans le département. En moyenne, depuis cette date, l’effort d’observation permet d’acquérir chaque année 13 100 nouvelles observations sur 1 050 espèces. La biodiversité du territoire bénéficie donc d’un suivi important et régulier, grâce à la participation d’un grand nombre de naturalistes.

Le rôle stratégique de l’ODBU

L’Observatoire départemental de la biodiversité urbaine (ODBU) a été créé en 2005. Il est le gestionnaire de la base de données sur le patrimoine naturel de la Seine-Saint-Denis qui comptabilise plus de 310 000 données. De nombreux partenaires participent à son enrichissement dont, en tout premier lieu, les associations naturalistes (Corif, LPO, ONF, OPIE) et les organismes de recherche. Les collectivités territoriales, les bureaux d’études et les citoyens de plus en plus nombreux, grâce au réseau Observ’acteur, sont également d’importants contributeurs. Il s’agit d’un outil de connaissance construit collectivement et qui constitue un support d’analyse et de diagnostic pour de nombreuses études scientifiques, mais également pour des études d’impact, de faisabilité, pour des aménagements futurs… Depuis 13 ans, l’ODBU s’appuie sur son partenariat privilégié avec le Muséum national d’Histoire naturelle et le Conservatoire botanique national du bassin parisien pour développer des études scientifiques sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. Ce partenariat permet à l’ODBU d’améliorer ses connaissances mais aussi de développer de nouveaux outils d’aide à la décision et à la gestion du patrimoine vivant de la Seine-Saint-Denis. C’est une opportunité de penser autrement les projets avec, en amont, un cadrage scientifique et un suivi plus rigoureux. Les travaux réalisés portent principalement sur les sciences de la conservation, afin de pouvoir étudier la dynamique des populations de la faune et de la flore du département. Cependant, d’autres disciplines sont également abordées, notamment en sciences humaines et sociales pour comprendre, par exemple, comment (re)connecter l’humain à la nature, ou encore l’influence de la présence de biodiversité sur le bien-être des habitants.

Le site Natura 2000 de Seine-Saint-Denis

Quinze parcs et forêts du département ont été intégrés dans le réseau européen Natura 2000 en 2006, pour la préservation de 12 oiseaux protégés en Europe. Créé dès 1992, Natura 2000 est un réseau de sites écologiques qui s’étend sur l’ensemble de l’Union européenne. Ce réseau a pour principal objectif de protéger et valoriser la diversité biologique des 25 000 sites qui lui sont rattachés. Il joue ainsi un rôle important de préservation des habitats naturels et des espèces au sein de l’Europe des 25. La France regroupe 1 700 sites répertoriés, ce qui représente plus de 12 % de la superficie du territoire national. Le site Natura 2000 de Seine-Saint-Denis, qui s’étend sur 1 157 ha, est composé d’une quinzaine d’entités indépendantes parmi lesquelles les parcs de la Courneuve et du Sausset, la forêt de Bondy, parc Fosse-Maussoin, ou encore le parc de la Poudrerie. Le site de Seine-Saint-Denis est le seul multi-sites Natura 2000 de l’Union européenne situé intégralement en zone urbaine dense et en petite couronne parisienne.

La protection des oiseaux sauvages

Les multiples sites du département sont ZPS, c’est-à-dire en Zone de protection spéciale – site directive Oiseaux. Cette création de site Natura 2000 vise à protéger les oiseaux sauvages qui se reproduisent (comme la bondrée apivore), résident (le martin-pêcheur d’Europe), ou font étape sur ces territoires lors de leur migration (le busard cendré). Elle récompense également la gestion de la biodiversité adoptée par le conseil général de Seine-Saint-Denis, qui vise à concilier préservation de l’environnement et sensibilisation auprès du grand public. Douze espèces d’oiseaux rares à préserver ont été identifiées en Seine-Saint-Denis : le butor étoilé, le blongios nain, la bondrée apivore, le busard cendré, le busard saint-martin, le pic noir, le hibou des marais, le martin-pêcheur d’Europe, le gorge-bleue à miroir, la pie-grièche écorcheur, le héron pourpré, la bernache nonnette. Un suivi régulier des populations de ces espèces permet au département d’évaluer leur état de santé. Ainsi, le blongios nain – le plus petit héron d’Europe –, dont le nombre de couples nicheurs se situe entre 500 et 800 à l’échelle nationale (15 à 30 en Île-de-France), est extrêmement menacé. En Seine-Saint-Denis, on compte en moyenne trois couples et six jeunes par an, soit de 10 à 20 % des effectifs régionaux. Le département joue un rôle majeur dans la préservation de cette espèce, qui niche de façon régulière dans deux parcs du département : au parc Georges-Valbon depuis 1992 et au parc du Sausset depuis 2011. Au parc de la Haute-Île, on observe en outre depuis trois à quatre ans des jeunes en recherche de territoire.

Priorité aux trames vertes et bleues

Les trames vertes et bleues sont des voies de circulation entre grands espaces verts, dédiées aux espèces de la faune et de la flore. Depuis plusieurs années, afin de préserver la biodiversité urbaine du département et d’assurer le bien-être de ses habitants, le conseil départemental a fait une priorité de la mise en place de ces trames. En 2011, le projet départemental « La trame verte et bleue en Seine-Saint-Denis : de la réalité scientifique aux déclinaisons opérationnelles » mené en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle a été lauréat de l’appel à projets de la stratégie nationale pour la biodiversité, lancé par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, sur l’élaboration des trames vertes et bleues urbaines et la valorisation des friches. Ce programme a été déployé pendant deux années et approfondi pendant deux autres années. Il a permis de dresser une carte des connectivités du paysage, réalisée à partir de la modélisation des déplacements des végétaux entre les espaces herbacés du territoire. Cette cartographie a permis de comprendre les itinéraires préférentiels de dispersion des plantes et donc connaître les sites déterminants pour ces voies de circulation des espèces et d’identifier les acteurs du territoire jouant un rôle important sur ces sites. Ce programme a également permis de développer des outils pour sensibiliser, aider, accompagner les acteurs du territoire, dont les habitants de la Seine-Saint-Denis, afin de leur faire jouer un rôle dans le maintien et le développement des continuités écologiques.

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