Hommage à Me Loeiz Lemoine

Publié le 03/11/2021

La rédaction d’Actu-Juridique a appris avec une immense tristesse la disparition, survenue le 29 octobre dernier,  de Me Loeiz Lemoine, ancien secrétaire de la Conférence, avocat pénaliste au barreau des Hauts-de-Seine et contributeur de notre site. Nous présentons nos plus sincères condoléances à ses proches. 

 

Me Loeiz Lemoine
Me Loeiz Lemoine © Isabelle Horlans

C’est en lisant Me Loeiz Lemoine sur Twitter et sur son blog que nous avions eu l’idée à la rédaction d’Actu-Juridique de lui proposer de commenter l’actualité sous forme de tribune. Sa plume alerte, son humour, mais aussi sa lucidité dans l’analyse de l’actualité ont immédiatement séduit les lecteurs.

Plus tard, lorsqu’en mars 2020 le confinement a paralysé un pays en état de sidération, il a accepté de se livrer à un exercice inédit dans la presse juridique : tenir un journal de bord dans lequel il raconterait le quotidien d’un avocat dans cette si étrange et difficile épreuve. Face au succès de la rubrique, le Journal d’un pénaliste confiné s’est transformé, à la faveur du déconfinement,  en Journal d’un avocat au temps de la Covid-19. Loeiz Lemoine y parlait de son métier certes, mais il y livrait aussi son regard sur l’actualité. Grâce à lui, les lecteurs voyaient le monde avec des lunettes d’avocat. C’était un formidable exercice de pédagogie sur le trésor que représente l’état de droit et l’impérieuse nécessité de le préserver.

Un esprit cultivé et libre

Au-delà des seules questions de droit et de justice, Loeiz Lemoine était ce que l’on appelait autrefois un honnête homme, posant sur le monde un regard cultivé et bienveillant, mais capable également de se mettre en colère quand il était confronté à la bêtise ou à la mauvaise foi. L’un de ces esprits libres aussi, dont on ne peut jamais prédire ce qu’il pensent d’un sujet car il ne sont l’esclave d’aucun préjugé. Tout ce qu’on savait c’est qu’il parlerait le langage de la raison qui ne se résout pas à ignorer le cœur, et qu’il prendrait toujours le parti du réel contre les théories fumeuses si en vogue dans les médias. Cela nécessitait parfois un grand courage, il ne se dérobait jamais.

De l’affaire des Paillotes à la défense de son « petit bonhomme »…

Pénaliste reconnu, Loeiz Lemoine s’était notamment illustré dans l’affaire dite des Paillotes. « Il y défendait l’un des gendarmes en appel et avait fait un travail incroyable, se souvient son confrère Jean-Philippe Mariani. Il avait réussi à faire juger que la faute reprochée à son client n’était pas détachable du service de l’État et donc que c’était à l’État d’en assumer la responsabilité, y compris au titre des honoraires de défense… Sauf erreur, personne n’avait vu ce point en première instance, et il a été le seul à le soulever, avec succès, en appel… , magistral ! ». Fin 2020, notre chroniqueuse judiciaire Isabelle Horlans avait eu la chance d’assister à un procès d’assises où il intervenait pour les parties civiles. Cette grande spécialiste des prétoires avait tout de suite aperçu sa générosité et avait écrit de lui : « il plaide avec le cœur ».  Il défendait alors Morad, 17 ans, tabassé à coups de barre de fer pour rien. Son « petit bonhomme » comme il l’appelait avec tendresse resterait handicapé à vie, cette idée le révoltait.

Loeiz Lemoine est parti vers le ciel, auquel il croyait. Il nous reste à relire ses écrits, lumineux d’intelligence, pour nous consoler de ne plus pouvoir guetter la nouvelle livraison de son journal et nous régaler de ses si brillantes analyses.

 

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Le barreau des Hauts-de-Seine organisera une cérémonie d’hommage la semaine prochaine. Par ailleurs, le prix des éloquences francophones du barreau des Hauts-de-Seine lui sera dédié.

L’annonce de sa disparition a suscité une grande émotion sur Twitter, nous publions ci-dessous quelques-uns des messages publiés par ses confrères.

 

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