Explosion rue de Trévise : La mairie de Paris a enfin finalisé l’accord-cadre

Publié le 11/01/2022

Comme nous l’annoncions dès le 6 janvier, la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a entériné hier soir l’accord-cadre permettant l’indemnisation des victimes de l’explosion survenue il y a trois ans rue de Trévise, dans le IXe arrondissement. Néanmoins, les règlements n’interviendront pas avant plusieurs semaines.

explosion rue de Trévise
Explosion rue de Trévise (Crédits : DR)

 Linda Zaourar, la présidente de l’association VRET* qui représente quatre familles endeuillées et 66 blessés, dont certains grièvement, se dit « un peu soulagée. C’est une étape importante. Je ne serai vraiment apaisée qu’une fois l’accord-cadre mis en œuvre, c’est-à-dire après qu’il sera validé par le Conseil de Paris, réuni exceptionnellement le 17 janvier, puis quand il sera signé et que les fonds seront enfin débloqués ». La représentante bénévole des victimes, qui était directrice des hôtels Ibis et Mercure dévastés par la déflagration, est surtout « heureuse que l’accord ait inclus les orphelins », écartés des négociations jusqu’en fin d’année 2021, et que les blessés, dont certains demeurent en phase de reconstruction, « soient prioritaires dans la prise en charge de leurs préjudices » (notre article du 6 janvier ici). « Ce point était essentiel à mes yeux. Cela les aidera à se soigner et à s’équiper, à supporter les frais qui ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale et les mutuelles », indique-t-elle.

Si elle se félicite que le dossier aboutisse, Linda Zaourar, dont quatre des employés sont toujours dans un état grave, déplore qu’il ait fallu attendre trois ans pour qu’il soit validé, le 10 janvier en soirée : « Il est regrettable que nous ayons dû dépendre du calendrier électoral », réagit-elle.

L’émotion de Delphine Bürkli, maire du IXe arrondissement

 Le calendrier auquel il est fait référence est celui d’Anne Hidalgo, la maire de Paris et candidate du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Il était devenu urgent, pour l’édile dont la campagne stagne dangereusement, de clôturer au mieux le dossier de la rue de Trévise avant que ne soit célébrée demain matin la 3e commémoration de la tragédie, et avant la présentation à la presse de son programme électoral, jeudi 13.

D’où le choix opportun de la date du 10 pour finaliser l’accord, en espérant mettre les critiques en veilleuse. Celles-ci sont devenues très virulentes sur les réseaux sociaux.

Ce matin, Delphine Bürkli, la maire (DVD) du IXe arrondissement qui s’est battue aux côtés des victimes chaque jour depuis l’explosion du 12 janvier 2019 a, elle aussi, exprimé son soulagement, rappelant avec émotion « les difficultés auxquelles furent confrontées les victimes et les présidentes des deux associations, Linda et Dominique, qui n’ont jamais rien lâché ». Elle a évoqué le parcours de combattant des 66 blessés, des 400 sinistrés, et le sentiment d’abandon qu’ont ressenti les proches des deux pompiers, de l’infirmière et de la touriste espagnole tués.

S’il reste des étapes à surmonter avant que l’argent leur soit versé – dans deux mois maximum, selon la promesse de la Ville –, l’accord-cadre leur apparaît « satisfaisant ».

Validation définitive par un juge et par le Premier ministre

Il prévoit le versement de 20 millions d’euros par la mairie parisienne mise en examen pour« homicides et blessures involontaires, destruction, dégradation ou détérioration par l’effet d’une explosion ou d’un incendie ». Cela ne présume en rien de sa culpabilité, que seul déterminera le procès pénal.

Quatre autres parties, désignées sous l’intitulé « payeurs », abonderont le fonds : GRDF, la filiale d’Engie pas mise en cause mais distributeur du gaz à Paris, le syndic du 6, rue de Trévise où l’accident s’est produit, la société de BTP Fayolle qui y avait effectué des travaux, les assureurs. Le montant des sommes qu’ils ont accepté d’allouer reste confidentiel.

Une fois ratifié par le conseil municipal, l’accord devra encore être soumis au tribunal judiciaire de Paris, puis recevoir l’approbation de Jean Castex. Le Premier ministre a repris la main en septembre dernier afin d’accélérer le processus. Il a même dû désigner deux fonctionnaires pour débloquer le dossier, dans l’impasse depuis février 2021. Ces deux « coordinateurs » instruiront cas par cas les demandes d’indemnisation (nos articles des 14 et 23 décembre ). A partir du moment où les préjudices seront fixés, les indemnités seront réglées par la Direction des Finances publiques.

L’attente est devenue insoutenable pour Inès, qui a subi sa 42e opération chirurgicale le 5 janvier. Les deux prochaines sont déjà programmées. La jeune étudiante en droit, âgée de 25 ans, n’a pas la force de se réjouir. Elle est épuisée par les épreuves et rappelle « qu’en l’état, il ne s’agit que d’un accord de principe ».

 

* Victimes et rescapés de l’explosion de la rue de Trévise.

Explosion rue de Trévise : La mairie de Paris a enfin finalisé l’accord-cadre
Delphine Bürkli (à droite) et Linda Zaourar, présidente de Vret, à la mairie du IXe arrondissement jeudi 18 en soirée (Photo I. Horlans)