Tribunal de Pontoise : « Vendredi soir, il m’a envoyé des menaces de mort »

Publié le 14/10/2022

Aux comparutions immédiates de Pontoise vendredi 7 octobre, Nicolas, 37 ans, demande un délai pour préparer sa défense. Faut-il le maintenir en détention ou prendre le risque de le libérer sachant qu’il est accusé de menaces de mort en récidive sur son ex-compagne ?

Tribunal de Pontoise : « Vendredi soir, il m’a envoyé des menaces de mort »
Tribunal de Pontoise (Photo : ©J. Mucchielli)

Lui est tout en os et en nœuds, à se tordre dans son box, les yeux anxieux, presque hallucinés. Assise bras croisés sur un banc de la salle d’audience, elle cache l’expression contrariée de son visage derrière sa frange. La plaignante semble impatiente que les magistrats de la 8e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Pontoise jugent son ex-compagnon pour des menaces de mort proférées à son encontre.

Elle va devoir encore attendre, car Nicolas, 37 ans, a demandé un délai pour préparer sa défense. Alors, la présidente, sans examiner le fond de l’affaire, se penche sur les mesures conservatoires qui doivent être prises : liberté sous contrôle judiciaire ou détention ?

Nicolas est en état de récidive légale, il a déjà été condamné en 2017 pour des faits identiques, sur la même personne. Parmi ses obligations, il ne devait pas entrer en contact avec la victime. « Vous avez eu un enfant, né le 8 octobre 2019 », remarque la juge, qui note qu’il n’a pas respecté cette interdiction. « C’est de notre fait à tous les deux », indique Nicolas. « C’est sur vous et seulement sur vous que pèse l’obligation », répond la juge.

En l’espèce, Nicolas a été interpellé le 5 octobre 2022 pour avoir proféré des menaces de mort, barre de fer à la main, « je vais te briser les os », ce qui a provoqué l’intervention de la police et cette comparution immédiate.

Tout de même, le tribunal entend les deux parties sur leur relation. Lui d’abord sur son parcours judiciaire : « L’obligation de soin ? Je vais pas vous mentir, ça ne m’a pas apporté grand-chose. Je me sentais mieux car j’étais avec la femme que j’aime. » Elle, ensuite : « Je lui ai dit que je stoppais la relation en janvier 2021 ». Il est amer et parfois s’enflamme, elle est froide et semble agacée par son « numéro ».

« Vous avez peur de lui ? »

Nicolas a continué à vivre dans leur appartement de Franconville, en attendant de finir la rénovation de sa maison. La cohabitation s’est mal passée. Cet été, le juge aux affaires familiales a ordonné à Nicolas de ne plus approcher son ex-compagne. C’est elle qui a quitté l’appartement. La présidente demande au prévenu : « M., aujourd’hui vous êtes séparé, quel est votre souhait ?
– Finir les travaux dans ma maison. J’étais sur le point de quitter Franconville, quand on m’a cueilli.

– Et pour les enfants ?

– Le juge aux affaires familiales m’a retiré provisoirement l’exercice de l’autorité parentale. À ma demande, car je ne me sentais pas dans les dispositions requises pour m’occuper d’un enfant. Pas assez stable. »

Il n’a plus le droit de contacter son ex-compagne, mais il l’a fait une fois. Les deux sont toujours associés d’une entreprise de moto taxi. Il conduit, elle gère. Il ne travaille pas beaucoup ces temps-ci, rapporte-t-elle, mais il l’a contactée il y a une semaine. « Juste pour récupérer les clefs de la voiture, ça s’est fait sans problème », jure-t-il. La plaignante penche sa tête vers le micro et, calmement, explique : « Vendredi soir, il m’a envoyé des menaces de mort » pour récupérer ce véhicule.

« – Vous avez peur de lui ?

– Quand il est en crise, oui. »

La présidente se tourne alors vers le prévenu : « Est-ce que vous êtes malade, Monsieur ? – Non, Madame. »

Fin des débats.

Le procureur requiert le placement de Nicolas en détention provisoire, tandis que son avocat demande un contrôle judiciaire. La sœur de Nicolas, qui est aussi son avocate, peut le loger en Guadeloupe d’où l’éloignement sera maximal, tente son confrère qui la remplace uniquement pour cette audience. En vain : Nicolas sera jugé le 4 novembre prochain, et attendra son procès en détention.

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