Paris se dote d’une école internationale des artisans
Inaugurée le 20 septembre 2021, l’École internationale des artisans de Paris a été impulsée par la Chambre des métiers et d’artisanat (CMA) d’Île-de-France. L’idée a été transformée en projet en quelques mois à peine. Aujourd’hui, les artisans franciliens se félicitent de ce nouvel outil pour faire rayonner leur savoir-faire et leurs produits en Île-de-France et ailleurs.
« Notre vocation est de renforcer le maillage de l’artisanat dans toute la région », explique le secrétaire général de la CMA, Jean-Yves Bourgois. « Nous cherchons des solutions pour les jeunes. » Premier centre de formation d’Île-de-France, la CMA complète ainsi son catalogue de plus de 80 formations du CAP à la licence.
« Paris est une marque »
Le choix s’est porté sur Paris, ville capitale, pour jouer sur son nom et sa renommée. Mais aussi parce que Paris n’avait pas encore de centre de formation d’apprentis (CFA). « Nous avions neuf sites CFA en Île-de-France, il nous manquait une pépite à Paris », rappelait la présidente Élisabeth Detry dans son discours de bienvenue. L’idée, émise par le président de la CMA Paris, Pascal Barillon, est devenue réalité en une petite année. Aucune construction supplémentaire n’a été nécessaire, c’est directement dans les locaux de la CMA à Paris, rue de Reuilly, que l’école a pris forme.
Patrick Toulmet, délégué interministériel au ministère du Travail, n’a pas caché son enthousiasme : « Je rêvais de le faire, vous l’avez fait ». Il a également noté l’importance de reconnaître Paris comme une marque, véritable gage de qualité.
La vente, un secteur négligé de l’artisanat
La vente est souvent le parent pauvre des artisans. Lors de la soirée d’inauguration, l’ensemble des intervenants étaient unanimes : cette école manquait à la France et à Paris. « Nous avons la matière première, le savoir, mais il manque la vente et le conseil en magasin », ajoute Pascal Barillon. « Les artisans sont en demande d’un très bon niveau de vente pour un respect du produit », insiste Jean-Yves Bourgois. « On sait que l’apprentissage est une voie d’excellence. Il était temps qu’on s’intéresse à ces métiers », renchérit le parrain de cette première promotion, Guillaume Gomez, meilleur ouvrier de France et ancien chef cuisinier du palais de l’Élysée.
L’école propose donc trois nouveaux métiers de vente avec un titre professionnel de niveau 4 (équivalent bac) en un an et par apprentissage : celui de caviste, celui de vente des produits du terroir et de la mer et enfin celui de conseiller en vente en biens précieux (bijoux, parfum, couteaux, objets d’art, etc.).
Dans ce parcours pédagogique inédit, une formation numérique a été pensée afin de savoir aussi bien vendre en magasin que sur internet.
« La qualité intégrale »
« Notre approche est celle de la qualité intégrale sur l’ensemble du processus de création », poursuit Jean-Yves Bourgois. « Notre ambition est de faire en sorte que les personnes formées deviennent des prescripteurs, pour connaître, aimer et prescrire le bon produit. »
Comme l’indique le communiqué, « la vente est un métier noble qui ne s’improvise pas et s’apprend », « vendre c’est écouter et comprendre les besoins de la clientèle dans le but de la satisfaire ». Parmi les ambitions de la formation se trouve également l’objectif d’« incarner le rôle social et sociétal des artisans, très impliqués dans le service, l’authenticité des produits et l’engagement durable ».
Ces enjeux se traduisent dans le choix d’un positionnement haut de gamme pour les formateurs. À l’image des soutiens obtenus pour l’inauguration de cette école : le chef Eric Duquenne, Stanislas Leblanc (The Fork), le chef Guy Savoy, le chef pâtissier Pierre Hermé, Gilles Vérot (meilleur artisan-charcutier) pour ne citer qu’eux. Les élèves assisteront à des interventions des meilleurs ouvriers de France, d’experts et d’expertes et grands noms français. Ils seront également immergés dans les lieux de création et de production.
Dynamiser le territoire
La première promotion compte trois groupes de 12 élèves mais pourrait en compter une vingtaine à terme. Pour être éligible, il faut avoir entre 16 et 29 ans. École internationale, elle a aussi vocation à s’ouvrir au monde entier.
Surtout, comme l’a mentionné Élisabeth Detry, cette école apporte « un diplôme et un emploi ». Avec 85 % de taux d’embauche après diplôme, la CMA est confiante des retombées économiques. Une position partagée par la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Élisabeth Borne, venue faire le déplacement. « La meilleure garantie d’avoir un job à la clé, c’est l’apprentissage », a-t-elle déclaré lors de la visite des locaux. « On a perdu l’image de ces métiers valorisants au profit de formations théoriques. Il faut donner leur chance aux jeunes sur des métiers différents. Ces voies de succès ne sont pas assez mises en lumière. »
Invitée à s’exprimer, Lucille Hergat est l’une des premières inscrites dans le cursus pour devenir « conseillère vente de produits précieux ». Elle a été orientée par Pôle Emploi et considère cette opportunité comme « un cadeau ». Employée chez Bijoux Monic, elle espère pérenniser son poste et le faire évoluer grâce à sa nouvelle formation.
L’École international des artisans de Paris souhaite ainsi faciliter le recrutement de conseillers et conseillères de vente pour les entreprises françaises. « On travaille sur un écosystème global », précise Jean-Yves Bourgois. « En répondant aux besoins des artisans, ça dynamise l’ensemble du territoire »
Référence : AJU001z7