Pour 2018, le Conseil national des barreaux fait le vœu de l’unité des avocats

Publié le 09/03/2018

Le 18 janvier dernier, la présidente du Conseil national des barreaux, Christiane Feral-Schuhl, a présenté ses vœux pour l’année 2018. Accompagnée de Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris, et Jérôme Gavaudan, président de la Conférence des bâtonniers, elle a formulé les engagements de la profession qu’ils souhaitent placer sous le signe de l’unité.

Fin 2017, le Conseil national des barreaux (CNB) a inauguré leur nouveau siège, la maison des avocats de France, à Paris. Beaucoup plus grands, ces locaux pourront accueillir les 82 membres de l’institution. Leur nouvelle présidente, Christiane Feral-Schuhl y a présenté ses vœux à la presse pour l’année 2018. À ses côtés, Jérôme Gavaudan, président de la Conférence des bâtonniers, et Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris, ont insisté sur leur volonté de travailler ensemble. Avec d’autres membres du bureau, ils ont signé le manifeste de la mandature : pour l’unité des avocats de France. « Je souhaite que ce mandat s’ouvre sur le signe de l’unité, c’est l’urgence et notre objectif », affirme la présidente.

« L’assemblée générale du CNB s’engage à faire plus de propositions et à moins commenter. Pour ma part, je serai le porte-parole de ses décisions », a ajouté cette dernière. Cette année, le CNB compte bien défendre les intérêts de la profession et lutter pour les libertés publiques dans le cadre de la réforme de la justice, annoncée par le président de la République au début de l’année. « Les pouvoirs publics vont devoir compter sur les avocats », déclare Christiane Feral-Schuhl. Pour leur prochaine assemblée générale, en février, ils étudieront les propositions formulées concernant les procédures civiles et pénales. « Après une première lecture, les impressions sont plutôt positives sur la procédure civile. Sur la procédure pénale, quelques points m’ont interpellé comme la forfaitisation des peines », a ajouté la présidente de l’institution.

Des engagements forts

Lors de sa première assemblée générale, le CNB a dénoncé la circulaire Collomb sur l’hébergement d’urgence. La motion qu’ils ont signée condamne l’atteinte aux droits fondamentaux des personnes présentes sur le territoire français. L’institution a également rejoint le Syndicat des avocats de France concernant le retrait des box en verre dans les salles d’audience pénales. « Ces cages de verres portent atteinte à la présomption d’innocence et à la libre communication des avocats avec leurs clients », explique Christiane Feral-Schuhl. « Il faut un rééquilibrage fort des libertés. Depuis 2015, les dispositifs pour l’état d’urgence refrènent les libertés des citoyens », insiste-t-elle.

Pour les justiciables, l’engagement du CNB se tournera vers l’accès au droit et l’accès à l’avocat. Cela passera par la réforme de la carte judiciaire de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. « Il est nécessaire de bien comprendre le dispositif qui se met en place, car nous voulons une réelle politique d’aménagement du territoire. Le numérique ne doit pas nuire à la relation humaine de la justice », a conclu Christiane Feral-Schuhl à ce propos. Les vœux de cette année sont donc également ceux d’une justice plus « humaine » et plus « à l’écoute ». Christiane Feral-Schuhl présente aux Petites Affiches ses objectifs pour 2018.

LPA

Quelles sont les libertés qui sont menacées et pour lesquelles s’engage le CNB en 2018 ?

Christiane Feral-Schuhl

La défense des libertés publiques est inhérente à la profession d’avocat et nous nous engagerons cette année encore dans cette voie. D’abord, pour défendre les libertés individuelles et droits fondamentaux des étrangers menacés par la circulaire Collomb. Je le redis, il faut un rééquilibrage de la politique du gouvernement en faveur des libertés et de l’humanité dans notre pays. Ensuite, pour défendre les droits de la défense qui ont été bafoués par l’installation de cages de verre dans les salles d’audience de trop de tribunaux. Le Conseil national des barreaux s’est joint à la procédure initiée par le SAF pour réclamer leur retrait immédiat.

LPA

Quelles solutions envisagez-vous pour un meilleur accès au droit ?

C. F.-S.

Afin d’améliorer l’accès au droit, il est nécessaire de penser une nouvelle politique nationale d’aménagement du territoire qui prenne en compte ce besoin. Nous serons très vigilants à ce que la réforme de l’organisation judiciaire ne soit pas conduite sur la base de critères exclusivement budgétaires mais prenne en compte les attentes des justiciables partout en France.

LPA

Concernant la formation de la profession, y aura-t-il des changements ?

C. F.-S.

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire de repenser la formation de nos élèves-avocats. Cela ne vous a pas échappé, la révolution numérique a considérablement transformé la société et avec elle le métier d’avocat. On n’exerce plus aujourd’hui comme on le faisait il y a 30 ans. On ne peut donc plus former nos élèves de la même manière. Plus que jamais, notre devoir est de fournir aux futurs avocats les outils dont ils ont besoin pour faire face aux nouveaux besoins de leurs clients. Pour ce faire, il faut tout d’abord enrichir le tronc commun des enseignements dispensés. Beaucoup de matières sont désormais transversales et doivent être enseignées comme telles. C’est le cas du droit des technologies ou encore du droit européen. Il faut également repenser nos programmes. Nous devons faire en sorte que nos élèves-avocats soient opérationnels en leur apprenant un métier et non en les formant au droit. Il me semble nécessaire de les former aux outils numériques qui investissent peu à peu les cabinets d’avocat, sans pour autant perdre de vue la dimension humaine. Ces nouveaux outils numériques doivent également permettre d’améliorer la formation. Je pense qu’il est urgent de développer l’e-learning qui a l’avantage de permettre un apprentissage plus souple et individualisé.

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